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Cannes, Jour 8 : Youth, Love, The Assassin

Au huitième jour, le Festival de Cannes continue de créer l’événement en proposant à son public des long-métrages aux genres aussi divers que les personnalités de leurs metteurs en scène.

Trois habitués de Cannes avec le Youth de Paolo Sorrentino, The Assassin du chinois Hou Hsiao-Hsien (récompensé depuis du Prix de la Mise en Scène, nous reviendrons plus tard sur le détail des résultats) et le chaud bouillant Love de Gaspar Noé.

 

Youth de Paolo Sorrentino
Sortie en septembre 2015

Revenant pour une sixième fois consécutive en compétition de la sélection officielle du Festival de Cannes, le réalisateur italien Paolo Sorrentino nous fait un compte rendu de la vie avec deux papys du show business en retraite dans une résidence en Suisse.

Après La Grande Bellezza qui avait récupéré l’Oscar du Meilleur film étranger, Sorrentino filme ce petit monde apaisé en vase clos, perdu au milieu des Alpes, loin des problèmes extérieurs. Harvey Keitel est un réalisateur has been qui rédige un scénario comme son grand chef d’œuvre définitif et Michael Caine un compositeur de musique classique rangé des baguettes et des orchestres après la mort de sa femme. Les deux compères, meilleurs amis, refont le monde avec d’autres résidents. Les deux acteurs sont très touchants et Rachel Weisz, qui incarne la fille du musicien, est extraordinaire à chacune de ses apparitions. Sorrentino aime tous ses personnages et cela s’en ressent à l’écran. Cependant, l’analyse développée dans Youth reste enfermée dans ce microcosme culturel.

Si les critiques aigries et caricaturales à destination des artistes, critiques ou spectateurs ont pu faire rire à Cannes, elles ne sont pas contrebalancées par un regard bienveillant envers ceux qui ne sont pas du monde du spectacle, contrairement au Birdman d’Iñarritu. Paolo Sorrentino perd un peu de sa folie qu’il avait sur son précédent long-métrage. Pour le reste du casting, Paul Dano plus supportable que d’habitude même s’il y incarne encore Paul Dano et on est en droit de se demander si la présence de Maradonna est un défi de direction d’acteur ou juste un guest vendeur. On remarquera aussi la trop brève intervention de Jane Fonda. On pourra louer à Sorrentino d’avoir éloigné Michael Caine de l’image de vieux pleurnichard dont Christopher Nolan l’a affublé au fil de ses films.

Sympathique long-métrage mais au cycle redondant par ses intermèdes musicaux entre chaque séquences, Youth devient au final la victime malencontreuse d’une suffisance que Paolo Sorrentino semblait chercher à éviter.

 

The Assassin de Hou Hsiao-Hsien
Sortie le 6 janvier 2016

Hou Hsiao-Hsien qui réalise un film de Wu Xia ? Voilà une perspective à laquelle on ne s’attendait pas et qui nous emplissait d’espoir pour la compétition. L’attente laissera place à une étrange déception, car le réalisateur chinois n’a rien délaissé de son style de mise en scène très particulier.

Lenteur, longueur, beauté. Ces trois mots résument à eux-seuls l’expérience The Assassin. Lorsque l’on pense au Wu Xia, ces films d’arts martiaux chinois se déroulant à la période médiévale, on pense à Il était une fois en Chine ou aux films de Zhang Yimou. Ici, c’est l’histoire d’une femme entraînée à tuer dont la mission sera de donner la mort au chef d’une province dissidente du royaume pour lequel elle avait des sentiments amoureux. La Chine du IXème siècle est un contexte idéal à des combats fantasmagoriques avec des héros luttant contre une vingtaine de figurants. Il y a des combats, certes. Néanmoins, une fois sur deux, ceux-là sont filmés de loin ou ellipsés. Ce n’est pas ce qui intéressera Hou Hsiao-Hsien qui ne trahira pas le style pour lequel on le connaît.

Vis-à-vis du genre de films auquel il s’applique, The Assassin est un film très lent. Vingt à trente secondes peuvent s’écouler entre deux répliques que l’on en oublierait le fil de la conversation. Pis encore, on ne comprend pas forcément ce qu’il se déroule à l’image. L’explication des enjeux arrive systématiquement après les événements et l’on se retrouve avec des scènes où les motivations des personnages ne sont pas explicites. Cette construction à rebours accentue d’autant plus l’impression de longueur du film qui ne fait qu’1h44. Il n’empêche que l’on ne pourra pas lui enlever les plans magnifiques dont il se compose, notamment un long plan extraordinaire sur la crête d’une montagne avec les personnages et le relief disparaissant totalement dans la brume.

The Assassin n’était pas la claque escomptée. On n’en ressort pas d’un film à la beauté folle, mais aussi à la terrible lenteur (surtout en plein festival où les films et la fatigue s’accumulent).

 

Love de Gaspar Noé
Sortie le 15 juillet 2015

En voilà un projet que l’on nous vend depuis quelques années comme le plus sulfureux ou provocateur jamais fait. Derrière cette annonce choc, on retrouve Gaspar Noé et Vincent Maraval, respectivement réalisateur et producteur trublions du cinéma français, connus pour leurs frasques et leurs déclarations choc sur leur métier.

“Un film qui fera pleurer les filles et bander les mecs”, rien que ça ! C’est comme cela que Love était présenté par le réalisateur polémique d’Irréversible ou d’Enter the Void. Avec des scènes de sexe non simulé et des images de pénis en érection en 3D qui terminaient d’alimenter la rumeur, le film provoqua immanquablement la cohue sur les célèbres marches rouges pour sa projection de minuit. Cruelle et implacable sera la découverte de cette triste histoire d’un queutard lâche et possessif, accusant le monde pour ses fautes et chouinant que personne ne l’aime. Si Love est inspiré de la vie tumultueuse de Gaspar Noé, ce dernier n’aura pas donné envie de l’aimer à travers ce héros apathique, violent et assez sexiste voire homophobe sur les bords.

Faut-il lui pardonner cette vision étant donné que beaucoup le considèrent comme un auteur ? Il reste que Love pue la prétention. Ce qui est dommage, car Noé est un réalisateur nécessaire au cinéma français, car il est l’un des rares qui propose des tentatives visuelles inédites sur le grand écran. Le côté provoc’ fait vite pschitt. L’expérience rassemble tous les mauvais aspects d’Enter The Void qui était plus réussit dans l’immersion du spectateur dans les sensations. Le travail de chef opérateur stéréoscopique de Benoît Debie est accomplit bien que sans cesse restreint par des cadres qui ne font que se répéter entre un lit vu du dessus ou le héros dans un encadrement de porte. Dommage pour l’exploit, mais les longues scènes de sexe seront, en fin de compte, plus soporifiques qu’autre chose.

Love est une histoire d’amour à sens unique écrite par un gamin de 15 ans. Un ego trip en solo qui oublie qu’il faut parler à un spectateur et les cameos lourdingues de Noé et de Maraval en restent la meilleure preuve de cet autisme général.

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1 commentaire

  • par Petaire
    Posté lundi 25 mai 2015 9 h 54 min 0Likes

    tes sur que c’est le « vrai » Maradona? Il me semblait que non

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