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NIFFF #7 et fin : Chuck Norris vs Communism, Lifeforce, Nowhere Girl…

Le NIFFF a fermé ses portes ce dimanche, couronnant l’excellent Green Room du Prix H.R Giger du Meilleur Film, mais aussi du Prix de la Jeunesse et du Prix du Public. Ont également été récompensé : Full Strike, Prix du Meilleur Film Asiatique, et Crumbs, Prix Imaging the Future.

Pour terminer ce cycle de mini-critiques dont celle de Nowhere Girl de Mamoru Oshii présenté en avant-première mondiale et avant de revenir sur Self/Less de Tarsem Singh présenté en clôture, remercions chaleureusement les équipes de festival qui organisent un évènement absolument nickel et parfois dans des conditions particulières (la chaleur cette année). Des bises en particulier à Mylène et Loïc.

A l’année prochaine en Suisse !

 

Chuck Norris Vs Communism
Réalisé par Ilinca Calugareanu

Documentaire sur l’introduction illégale de films américains dans la Roumanie du bloc de l’Est, le film de Calugareanu adopte une approche mêlant reconstitutions historiques et témoignages. Si la présence de certains intervenants demeure un mystère (les simples consommateurs de films bootlegs sont trop nombreux), d’autres enrichissent agréablement le contenu, et notamment la traductrice des films elle-même, ou l’homme politique à l’origine du trafic de VHS. Malgré les nombreuses anecdotes qui ponctuent le film, celui-ci tente d’atteindre une portée nationale peut-être un peu trop appuyée, faisant passer les films d’action de Chuck Norris pour l’élément déclencheur de la révolution menant à la chute du système communiste. Globalement intéressant, mais peut-être un peu trop subjectif pour un documentaire.

 

Flesh Gordon
Réalisé par Howard Ziehm

Les réinterprétations érotiques au cinéma ont touché tous les genres, et ce Flesh Gordon se pose en puissant représentant des comédies érotico-SF. Bénéficiant d’un production design pas si ridicule et surtout d’un script multipliant les péripéties pulp dignes des plus mémorables sagas de Flash Gordon, cette aventure voit sa noble protubérance trouducultée de Wang tenter de transformer les terriens en animaux ne pensant qu’à s’accoupler. Heureusement, Flesh Gordon et ses amis sont là pour s’opposer aux divers périples (dont les vers aliens en forme de pénis) et empêcher le cataclysme. Cette parodie assez softcore se révèle être un film hilarant de bout en bout, multipliant les idées et dialogues insensés.

 

Der Bunker
Réalisé par Nikias Chryssos

Un étudiant souhaitant trouver le calme pour concevoir un nouveau système mathématique loue une chambre dans un bunker isolé au cœur de la forêt. La famille qui y habite est un peu étrange, dont la mère porte une blessure à la jambe, s’ouvrant sur une faille spatiale permettant à Heinrich, le leader d’une civilisation extra-terrestre, de s’exprimer. Son fils (la trentaine, prétendant avoir 8 ans) est toujours allaité et est un cancre dont les parents souhaitent qu’il devienne président. Avec un pitch pareil, on s’attendait à rire sans fin, mais le rythme du film est en dents de scie, et les bonnes idées valsent avec les moments barbants. Techniquement, le film est cependant de haute tenue, notamment au niveau des couleurs et de la cohérence graphique de l’ensemble. Une curiosité prometteuse pour ce cinéaste qui explore certaines forces sociétales avec beaucoup de second degré

 

Ava’s Possessions (2015)
de Jordan Galland

Être possédé par un démon, ça craint. Vous tordez votre corps dans tous les sens, vous insultez tout le monde, menacer leur intégrité physique et en prime, vous avez tendance à distribuer vos fluides corporels généreusement. Non, sérieux, être possédé ça craint, mais ce qu’on ne savait pas jusqu’alors, c’est que l’après exorcisme n’est pas forcément de tout repos, comme nous le montre Ava’s Possessions. L’héroïne du film, qui intègre un groupe d’exorcisés anonymes, va devoir faire face à tous les gens qu’elle a blessé durant sa triste période pour comprendre ce qui s’est réellement passé et se débarrasser une bonne fois pour toute du démon ! Parce que selon Jordan Galland, c’est un peu comme l’alcool ou la drogue : on peut facilement arrêter, mais c’est jamais bien long…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce film possède quelques idées à même d’apporter une fraîcheur bienvenue dans le genre, avec une structure sous forme d’enquête délirante à la Very Bad Trip, où le personnage principal remonte le fil de ses horreurs.
Ça ne suffit malheureusement pas pour mener le long métrage vers des sommets car celui-ci se repose un peu trop sur son enquête et peine sérieusement à vouloir donner dans l’humour franc alors même que son concept aurait exiger un peu plus de fantaisie et de délire.
Du coup, le rythme n’est pas toujours au beau fixe, mais avec une certaine envie, une interprète attachante et de bonnes idées par-ci par-là, Ava’s Possessions s’en sort tout de même avec les honneurs.

 

Some Kind of Hate (2015)
de Adam Egypt Mortimer

Vous avez tous déjà vu un adolescent un peu gothique sur les bords tout de noir vêtu qui écoute du metal dans son coin. Les générations précédentes les craignent et les imaginent violents et asociaux, alors que les metalleux sont souvent doux comme des agneaux ! Mais bon, la différence ça agace, et à force d’être persécuté par le beau gosse sportif de son lycée, le héros de Some kind of hate s’est défendu en lui collant une fourchette dans la tronche, pour mieux se retrouver dans un camp pour ados perturbés. L’occasion de trouver enfin la sérénité ? Et bien non ! Un nouveau bourreau sera dans la place, avant que notre héros n’invoque malgré lui l’esprit d’une tueuse revancharde !
Adam Egypt Mortimer voulait de son propre aveu faire un slasher qui renouvellerait tant que possible les codes inhérents et poussiéreux du genre. Il y arrive par certains aspects, puisque son film ne manque pas d’idées et outre une horreur filmée en plein jour, avec une jeune fille qui dézingue principalement des mecs, l’intrigue creuse une certaine insécurité adolescente non sans pertinence.
Là où ça coince, c’est dans une exécution périlleuse qui se mange parfois en pleine poire l’audace de certaines idées dont le traitement n’est pas assez poussé pour que celles-ci s’affirment à l’écran.
Entre des scènes de meurtre répétitives et anti-spectaculaire, et une volonté à la sur-explication alors même que la nature maléfique de la boogeyman mériterait un certain mystère, le film se prend les pieds dans le tapis et tombe la tête la première dans le grand n’importe quoi par moment, pour ne pas dire le ridicule.
Alors c’est raté, sans aucun doute, mais voilà un ratage qui partait avec une ambition certaine, ce qui le rend intéressant par bien des points.

 

Men & Chicken (2015)
de Anders Thomas Jensen

Le réalisateur d’Adam’s Apple revenait cette année au NIFFF pour le plus grand plaisir des amateurs de comédies grinçantes à la noirceur prononcée. On n’a pas été déçu du voyage pour cette nouvelle cuvée, qui voit deux frères découvrir que leur père tout juste décédé n’était pas leur géniteur biologique. Partant sur une île paumée, ils vont rencontrer leurs 3 autres frères de sang et faire face à un microcosme bien atteint au cerveau. Pour bien comprendre le joyeux programme dans lequel on nage ici, il suffit de voir la première scène avec Mads Mikkelsen, avec cheveux bouclés, moustache crépue et regard de coq hystérique, pour saisir combien le film est bien jeté.
Dans la découverte de cet univers qui sent bon la paille et la consanguinité, le film enchaine les situations gênantes pour mieux montrer combien ses personnages repoussants vivent simplement sur une autre planète, ou du moins pas à la bonne époque. C’est bien cocasse, jouant constamment sur des limites morales pour produire un résultat assez jouissif et malgré un ventre mou, le film s’offre une fin étonnante tout en étant totalement cohérente. Aussi classe que borderline, Men & Chicken s’impose donc comme une nouvelle réussite de son réalisateur, qui vous fera rire jaune avec grand plaisir.

 

We Are Still Here (2015)
de Ted Gheoghegan

Un couple à la cinquantaine déménage dans un trou enneigé pour faire le deuil de leur fils et tourner la page. Hasard ou coïncidence, la mère va sentir la présence du fils dans la maison, ou serait-ce une âme plus maléfique encore ?
Pas besoin de vous faire un dessin, We Are Still Here est un énième thriller psychologique et fantastique qui vire progressivement dans l’horreur. Et si la psychologique n’est pas ce qu’on retiendra ici, il faut saluer avec une première heure pas des plus passionnantes une dernière partie résolument débile, puisque la maison se fait assiéger par les habitants du coin alors même que les esprits pas recommandables des lieux sont en train d’y massacrer tout le monde.
Finissant par quelques morts ragoutantes, We Are Still Here semble alors avoir fait son job, même si celui-ci n’était pas bien compliqué et loin d’être mémorable.

 

Lifeforce (1985)
de Tobe Hooper

La Cannon a connu bien des succès dans les années 70 et 80, ce qui lui a fait pousser des ailes pour se lancer dans des projets d’envergure, comme ce Lifeforce au budget de 25 millions de dollars environ, ce qui était bien plus que Retour vers le futur la même année !
Et il faut saluer le courage d’une telle entreprise quand on voit le résultat bigarré, imprévisible et fou qu’est cette perle de SF totalement schtarbée, dans laquelle une expédition spatiale ramène une extraterrestre qui va faire un sacré bordel sur Terre. L’alien en question n’est autre que Mathilda May, qui se trimballe nue tel un Terminator féminin, l’occasion de se rincer l’œil à moult reprises devant un film qui ne cache rien, et qui passe par une enquête terrestre en seconde partie pour mieux finir les hostilités dans un grand final dont on ne révèlera pas la teneur mais qui s’avère particulièrement généreux. Avec un script de Dan O’Bannon (Alien !), cette adaptation des Vampires de l’Espace proposait à la fois une envergure de blockbuster massif, avec de très belles scènes spatiales d’intro dont les effets spéciaux étaient de John Dykstra (Star Wars !), couplé à une liberté, une frontalité et un caractère décomplexé propre à de l’exploitation pure et dure.
Le meilleur des deux mondes en quelque sorte, avec un magnifique score de Henry Mancini en guise de cerise sur le gâteau, même si le rythme bat méchamment de l’aile à mi-parcours, ce qui n’empêche pas de s’amuser réellement devant une œuvre aussi libre et dingue, s’inscrivant dans ces merveilleuses anomalies qu’Hollywood chasse de plus en plus.

 

Le couvent de la bête sacrée (1974)
de Suzuki Norifumi

The Devils de Ken Russell a provoqué un tel choc de par le monde, qu’il a engendré un genre à lui tout seul : le « Nonesploitation ». Le film de Nonnes religieuses !
Son penchant japonais s’appelle Le Couvent de la Bête Sacrée (ça envoi comme titre hein ?) et suit une jeune femme qui s’engage dans les ordres pour enquêter sur la mort mystérieuse de sa mère.
Comme le veut le genre, ce lieu saint va être un nid de frustrations et de fantasmes non assouvis qui s’accompliront devant la caméra pour notre plus grand plaisir déviant.
A ce petit jeu, la première partie y va à fond les ballons et s’amuse à casser les tabous de ces prétendues vierges effarouchées, qui s’en donneront à cœur joie dans une scène lesbienne, dans de la flagellation divine ou dans des punitions faites de roses et d’épines. D’ailleurs, le tout profite d’une l’esthétique assez léchée ayant des petits attraits de giallo par moment, le tout superbement retranscrit par une très belle copie 35mm (chapeau le festival !).
C’est fort dommage par la suite que l’intrigue devienne beaucoup plus sérieuse en s’engouffrant définitivement dans l’enquête de l’héroïne, marquant un sérieux coup de frein sur la déviance générale, mais marquant l’intégrité d’une production qui prend son histoire à cœur avant tout.

 

Nowhere Girl (2015)
de Mamoru Oshii

Première mondiale et pas des moindres pour le NIFFF, puisque Nowhere Girl est la nouvelle réalisation de Mamoru Oshii, le papa de Ghost in the Shell ou Avalon. Il nous conte l’histoire d’une jeune étudiante japonaise qui vit dans son coin, coupée de ses camarades, abandonné par un système scolaire qui lui cède tout, et qui fabrique une étrange machine dans une salle prévue à cet effet. Avec la même musique classique en boucle pendant TOUT le film ( !), une photographie un peu cheap et un scénario qui s’étire en longueur, Nowhere Girl avait tôt fait de perdre bien des spectateurs fatigués dans la salle, et pour ceux qui résistaient, il n’y avait pas de quoi se mettre sous la dent tant on a compris l’idée rapidement (l’errance et le mal être pendant une heure, voilà voilà.)
C’était sans compter sur une révélation sortie de nulle part, qui offre une dernière partie beaucoup plus rythmée et plaisante, offrant une perspective nouvelle et salvatrice pour le film qui gagne en densité au passage. Seulement l’exécution de la première heure est bien là, et Nowhere Girl aurait tout aussi bien pu tenir en un court métrage deux fois moins long pour gagner en efficacité.

 

Gaz de France (2015)
de Benoît Forgeard

2020, la France va mal. Après avoir élu un Président qui a fédéré le peuple grâce à une chanson, le pays continue sa chute et après une intervention télévisée calamiteuse, l’Elysée rassemble un groupe hétéroclite pour écrire le discours du soir qui pourrait sauver le président…
Un film français qui fonce dans le lard de la politique, sur le papier ça nous plaît !
Et dans les faits, ça nous plait aussi, mais un peu moins.
Gaz de France possède bien des charmes, entre un humour pince sans rire assez juste, Philippe Katherine en président loser, et une série d’allégories qui mettent le doigt là où ça fait mal.
Le seul souci, c’est la forme ultra emphatique de la chose, par soucis de coller à l’atmosphère studieuse des instances du pouvoir. Une certaine mollesse s’empare du récit, que bien des blagues ont du mal à faire décoller tant certains dialogues enlevés et pompeux empêche le film de péter un câble. La démarche n’en reste pas moins honorable, avec de bons moments et une métaphore cinglante, mais avec l’impression que le réalisateur n’a pas usé le plein potentiel de son scénario.

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