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Journal de Cannes : Jour #6
6e jour pour Alexandre et Jean-Victor au Festival de de Cannes.
Le programme de ce lundi 20 mai est toujours aussi diversifié que celui des jours précédents : Takashii Mike, James Franco et le Blood Ties de Guillaume Canet sont notamment au menu.
Comme à chaque fois, ce journal est clôturé par la quotidienne d’Après la Séance, émission montée par Jean-Victor et qui revient tous les jours sur le festival à travers différents modules. L’émission du jour (ou plutôt de dimanche 19) met face à face deux journalistes évoquant Blood Ties, recueille des avis à la sortie des projections et s’offre le luxe de passer du temps avec le comédien belge François Damiens.
Cannes, 6e jour. C’est parti.
Fin de soirée au bateau @ArteFR http://t.co/2y5n9YMCCj
— Alexandre Loos (@AlexLoos) May 20, 2013
Avant-dernier jour pour moi à Cannes aujourd’hui, j’avais à la base prévu de faire le James Franco et le Canet. La journée ne s’est pas vraiment passé comme voulu.
Réveil à 8h pour un film indépendant canadien : Picture Day. On y suit Claire, une étudiante ayant redoublé sa dernière année de lycée et dont la réputation laisse à désirer. Elle rencontre Henry, en première année du lycée, qu’elle baby-sittait plus jeune. Il n’a aucune confiance en lui et Claire décide de l’aider. Parallèlement à ça, elle tombe sous le charme de Jim, un chanteur. Premier film de Kate Melville, scénariste de beaucoup d’épisodes de Degrassi (oui oui), Picture Day est une vraie réussite. Clairement, on est devant une comédie romantique indépendante assez classique, estampillée Sundance (on parie que si le film sort un jour en France, l’affiche sera jaune, les acteurs seront en bas de l’affiche en train de courir et il y aura des carrés). Mais les acteurs sont tellement excellents, Tatiana Maslany en tête. Mignon et touchant, on vous encourage à voir le film dispo sur iTunes à partir … d’aujourd’hui.
PICTURE DAY – Official Trailer from Picture Day on Vimeo.
Ensuite ont commencé les complications. J’avais prévu d’aller voir le film de James Franco, As I lay dying. Je me dirige donc, après un arrêt à la plage Magnum pour une petite glace (mon seul repas du midi), vers la salle Debussy. Blindée, et sachant que la presse est prioritaire, je décide, un peu à l’arrache, d’aller à la séance du lendemain pour le Inside Llewyn Davis. Encore pire, puisqu’il y avait 800 personnes en train de faire la queue pour une salle de 100 places. Un peu désespéré, je sors le calendrier des projections du jour au marché du film, et ô miracle, il repasse dans une petite salle pour les accrédités du marché. J’y fonce et je me retrouve donc devant le nouveau film des frères Coen. Jean-Victor en a parlé beaucoup mieux que moi. Le film est simplement magique. Imaginez une mélodie de Bob Dylan, des paroles de Bruce Springsteen et faites-en un film. Vous avez le résultat. Foncez le voir.
Enfin, grosse avant-première sur le marché du film avec Greetings from Tim Buckley, film racontant les 2 jours précédents un concert hommage à Tim Buckley donné notamment par son fils, Jeff. Il y a beaucoup de choses à dire et j’y reviendrai un peu plus longtemps. Le film est vraiment bon mais a de nombreux défauts.
Puis, il était l’heure de sortir un peu, après une bonne assiette de pâte, direction le bateau Arte, tranquillement, entre coupes de champagne sur le toit du bateau, et quand même un peu de clubbing.
Encore 2 films demain matin, et c’est fini.
– Alexandre
James est dans la place #CannesMSN pic.twitter.com/0oGkLhQTxi
— Xidius (@foxhouet) May 20, 2013
Lundi, 8H30, et on attaque cette deuxième semaine cannoise avec la promesse d’un film un peu moins intellectuel que les précédents puisqu’il s’agit de Shield of Straw du boulimique Takashi Miike, présent à peu près tous les ans à plusieurs festivals en même temps. Et dans sa fureur créatrice, le bonhomme s’attaque à un script dont le point de départ est pour le moins réjouissant : un millionnaire japonais balance une pub dans les médias promettant 1 milliards de yens au premier qui tuera l’homme ayant assassiné sa fille. On pouvait donc attendre un film ultra bourrin, et pourtant Miike se joue de nous.
Certes, le film débute réellement comme un film d’action avec notamment une poursuite sur l’autoroute un tantinet explosive, mais très vite, les personnages principaux s’écartent de la folie ambiante et vont finir par voyager discrètement dans leur coin pour donner lieu à un western contemporain un rien mou du genou, tirant aussi fort que possible sur la corde et dont le discours sur la justice expéditive est trop mis en avant pour être pris au sérieux. Ce n’est pas ce que veut Miike, on est d’accord, mais le tout s’avère au final bien trop mollasson et con pour qu’on adhère complètement. Et avec un synopsis vendant autant de rêve, on ne peut qu’être déçus.
Suite des opérations en passant par le hors compétition avec la présentation soit disant événementielle du nouveau film de Guillaume Canet : Blood Ties.
Remake des Liens du Sang avec François Cluzet et déjà Canet à l’époque, cette version américaine peut se targuer d’afficher James Gray à la production et au scénario, vu que le réalisateur dont on va découvrir son nouveau film dans les jours à venir aidé Canet pour l’adaptation au pays de l’Oncle Sam. Un rêve de gosse s’il en est pour Canet, qui reste malheureusement dans ses souliers de fanboy marchant dans les traces des géants ayant réinventé le genre à plusieurs reprises sans jamais arriver au quart de leur talent.
Alors oui, Blood Ties possède une bonne reconstitution et s’avère filmé de manière plutôt classieuse, mais l’histoire reste archétypale et le long métrage s’offre une heure et demi d’exposition sur ses 2H30.
Du coup, jamais le scénario ne décolle, et si on ne peut que saluer l’ambition de la chose, on s’ennuie pas mal même si le final rattrape un tout petit peu la chose. Il faut dire que le montage bizarre n’aide pas, deux scènes semblant carrément inversées involontairement (!!!) et certaines chansons bien mises en avant façon Scorsese renvoyant à d’autres longs passages où c’est le calme plat pendant 30 bonnes minutes sans que rien ne transparaisse de l’écran, que ce soit émotion ou tension.
Un travail appliqué donc mais qui survole totalement son sujet et en reste au manuel du film de gangster, échouant là où un Ben Affleck avait réussi par exemple avec son The Town.
Sur cette projection embarrassante, l’après midi passa calmement jusqu’à ce que votre serviteur s’en alla faire un tour dans la catégorie Un Certain Regard pour découvrir As I Lay Dying de James Franco. Acteur mais aussi réalisateur et pas pour la première fois, le bougre se fit acclamer par une salle vouée d’entrée à sa cause, avant de découvrir son adaptation d’un roman culte de William Faulkner contant comment une famille un rien redneck aux Etats-Unis accompagne le corps de la mère jusqu’à sa dernière demeure.
Il semblerait que Faulkner soit un auteur des plus complexes dans son écriture. Cela explique donc pourquoi le film veut lui aussi adopter un dispositif de mise en scène un tantinet bizarre, puisque plus de la moitié de la chose se déroule en split screen, chaque partie de l’image montrant parfois la même scène sous un angle différent ou des éléments autres des deux côtés. De plus, certaines scènes montrent les personnages nous parler en face caméra. La voix off de la mère défunte parcourt le film telle un fantôme. Le résultat peut agacer par la narration assez abstraite par instant et l’omniprésence d’un James Franco il est vrai pas peu fier de son bébé. Mais cette chronique d’une famille qui se redécouvre pour mieux se déchirer présente une atmosphère au cordeau, une photographie des plus travaillés, et un tempérament affirmé derrière. En résulte un film bien curieux, mais par instant captivant.
– Jean-Victor
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