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Etrange Festival : Project Wolf Hunting

Au début de la séance, L’Étrange Festival a passé un message vidéo du réalisateur Kim Hong-sun. Celui-ci nous dit qu’il est possible que Project Wolf Hunting nous apparaisse comme un coffre aux trésors enfoui dans les profondeurs de l’océan cinématographique depuis de nombreuses années : un plaisir que l’on savait réel mais que l’on n’avait pas encore retrouvé.

L’histoire est simple : un navire de transport de marchandises est utilisé par la police sud-coréenne pour transporter 47 criminels sud-coréens des Philippines jusqu’à Seoul. Pendant le trajet, les prisonniers, bien décidés à prendre le contrôle du navire, s’échappent. Peu après, une force maléfique est elle aussi relâchée sur le bateau…

Si l’on devait grossir le trait (ou concevoir la jaquette du blu-ray), on écrirait sûrement qu’il s’agit d’un croisement entre Les Ailes de L’Enfer et Vendredi 13. Il y a un autre film d’action culte qui conviendrait mieux pour la comparaison, mais le citer tiendrait du spoiler. Quoi qu’il en soit, le réalisateur tenait ici un concept merveilleux, au potentiel parfait pour proposer un film d’action ultra-gore et épuré. Et ultra-gore, le film l’est. Des centaines de litres d’hémoglobine jaillissent des gorges tranchées, des crânes fêlés, des bras cassés ou des cages thoraciques transpercées. Project Wolf Hunting est-il parmi les films les plus gores produits en Corée du Sud ? Probablement.

Le film commence plutôt bien et parvient à installer son intrigue efficacement, en particulier grâce à quelques acteurs charismatiques qui établissent avec aisance des personnages immédiatement identifiables. Seo In-guk, notamment, casse son image de beau gosse pour K-Drama à l’eau de rose avec un personnage sadique et vulgaire. Tout se déroule relativement bien pour la croisière qui s’amuse à s’entre-tuer joyeusement, jusqu’au moment où le film bascule.

Ce basculement est certes annoncé, mais le changement de ton soudain crée une sorte de vertige, une sensation que tout est possible au bord du gouffre des possibilités cinématographiques. C’est un moment rare au cinéma, cet instant éphémère où le film semble s’élever vers des horizons infinis. Ce moment où on croit avoir, effectivement, trouvé le coffre aux trésors. Et puis il disparaît.

L’introduction de cet élément perturbateur, qui transforme le film en une sorte de slasher ultra-bourrin (par opposition à l’actioner ultra-bourrin) aurait dû s’accompagner d’une hausse significative de la créativité en termes de violence. C’est malheureusement tout le contraire qui arrive, chaque exécution (et il y en vraiment, vraiment beaucoup) finissant par se ressembler. Combien de crânes peut-on briser, et combien de bras peut-on retourner avant que cela devienne redondant ? Kim Hong-sun semble vouloir trouver la réponse.

L’autre limite du film est narrative, Kim insérant plusieurs flashbacks à des moments fort peu opportuns, qui ralentissent le rythme en multipliant les moments d’exposition finalement pas si utiles. Le film semble obséder par le développement de sa machination d’arrière-plan, ne cessant d’y revenir encore et encore pour servir clichés sur clichés alors qu’une approche épurée aurait fait le plus grand bien au film.

Mais n’exagérons rien : si Project Wolf Hunting n’est pas un renouveau du film d’action gorasse, il demeure fort plaisant à regarder, notamment dans son traitement désinhibé de la violence et son imagerie d’action ambitieuse. S’il y a bien une chose que Kim a compris, c’est que le public se délecte aisément de voir des brutes se faire brutaliser. Et ces plus grandes brutes se faire brutaliser à leur tour. Pas de commentaire éthique sur la violence ici : le film est là pour se baigner sous des torrents de sang, et va jusqu’à réduire le pauvre humain à ses plus bas instincts primaux pour lui faire miroiter la possibilité de se défendre.

Project Wolf Hunting tient-il du coffre aux trésors ? D’apparence, sans doute. Son contenu pourra toutefois laisser le spectateur sur sa faim. Un film parfait pour les séances de minuit en festival ou entre amis. À voir s’il passe le test du temps.

Project Wolf Hunting, de Kim Hong-Sun – Sortie prochaine

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