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NIFFF #1: White Bird in a Blizzard, The Mole Song…

Le Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel édition 2014, c’est parti !

Pour la 5e année consécutive, CloneWeb est au NIFFF en la présence de Jean-Victor. Cette année, la ville suisse accueille au bord de son lac rien de moins que le papa de la saga Game of Thrones, George R.R. Martin ainsi que le légendaire Kevin Smith dont nous aurons l’occasion de reparler bientôt.

Pour ce premier article d’une longue série consacrée à l’un des meilleurs festivals fantastique d’Europe, Jean-Victor vous invite notamment à découvrir le nouveau film de Gregg Araki, White Bird in a Blizzard, avec Shailene Woodley ainsi que le dernier Takashi Miike, The Mole Song : Undercover Agent Reiji.

 

Patch Town (2013) de Craig Goodwill
Ouvrier à la chaîne dans une société dictatoriale, Jon décide de s’affranchir de ce sombre univers. Malgré lui débute alors une rocambolesque aventure à base de choux, de bébés et de kidnappeur d’enfants… Développant l’intrigue de son précédant court métrage, Craig Goodwill met en image le folklore russe et livre un conte de fée d’une extrême noirceur, porté par un sens de l’absurde rappelant Terry Gilliam. Et tout ça en chansons, s’il-vous plaît !

Commencer le NIFFF avec des choux à bébés, des cigognes voyageuses, des kidnappeurs d’enfants et un esprit bonne vieille Russie despotique, c’est limite le minimum pour se mettre dans le bain. Craig Goodwill faisait donc office d’introduction rigolote avec cette comédie musicale dans laquelle la plus grosse société de jouets au monde se révèle être une cité tyrannique parquée dans le fin fond dont les poupées sont en fait des enfants congelés ! Le héros est une ancienne poupée revenue à la vie pour travailler dans l’usine, qui va s’échapper de la funeste cité avec sa femme et partir à la recherche de sa maman, la femme qui l’avait pour poupée petite. Pas besoin d’en dire plus pour comprendre combien le film, qui donne dans la comédie musicale légère et joue avec un casting bien en chair, est barré dans son univers, même si sa fabrication souffre d’un budget léger et de petits souçis de synchros labiales durant les passages chantés, ce qui casse un peu le truc vous en conviendrez. Mais Patch Town est foufou à sa manière, plein de bonne humeur et d’allégresse, use avec intelligence de l’absurdité de cet homme qui se présente à une femme comme son ancienne poupée, et montre même des pères Noël bagarreurs, alors que demande le peuple ?

 

iNumber Number (2013) de Donovan Marsh
Révolté contre ses supérieurs corrompus, un policier décide de récupérer l’équivalent d’une récompense qui lui était due en infiltrant un gang de braqueurs. Tout se complique lorsque son coéquipier se retrouve impliqué dans ses magouilles… D’une main de fer, Donovan Marsh dresse un portrait de l’avidité humaine estomaquant et sans concession. Une mise en scène ultra efficace et une tension constante font de iNumber Number un thriller immanquable.

Un flic infiltré et son collègue tentent de joindre les deux bouts en intégrant un gang préparant un casse. Evidemment, ça ne va pas se passer comme prévu pour notre plus grand plaisir. Polar ultra musclé situé en Afrique du Sud, iNumber Number ne présente pas une extrême originalité dans son scénario ou son déroulement, mais profite de la rareté à l’écran du pays et du folklore africain pour tirer son épingle du jeu.
Entre des poursuites musclées filmées avec une caméra à l’épaule nerveuse en grand angle et des passages en huit clos bien tendus, Donovan Marsh livre là un film par moment un peu trop grandiloquent mais toujours généreux et très dynamique.

 

Jossy’s (2014) de Fukuda Yuichi

Sur le papier, Jossy’s était la promesse d’une séance absolument épique.
Nouvelle réalisation du taré qui nous avait régalé l’an dernier avec son stratosphérique HK : Forbidden Super Hero (HEEENNNNNTTAAAAIIIII KAMMMEEENNNNNN !), il met ici en scène une parodie de Super Sentai, ces super héros colorés japonais qui ont notamment inspirés les Power Rangers. Tout était propice à passer un bon moment, surtout que les Jossy’s s’avèrent être des héroïnes et pourtant, dès la première qui montre un affrontement rapidement coupé par un interminable coup de fil durant lequel les méchants attendent que ces mesdames repassent à l’action, on comprend vite que cette parodie va jouer sur la carte d’un humour de répétition continu.
Et c’est ce qu’elle fait malheureusement, avec des gags ressassés plus de 10 fois pour certains. A vrai dire, on a la sensation qu’il y a seulement 2 idées de sketches tant Jossy’s tourne en rond au bout de 10 minutes, revenant encore et toujours aux mêmes situations en boucle. L’ennui est donc maximal malgré quelques bonnes idées gobées au vol ça et là, et autant dire que le public de la salle, pourtant prêt à s’éclater, est ressorti froid comme l’hiver. Une bonne grosse déception des familles donc.

 

Dead Snow 2 – Red VS Dead (2014) de Tommy Wirkola
Vous pensiez Martin sorti d’affaire à la fin du premier Dead Snow ? Détrompez-vous ! C’est affublé d’un bras de nazi zombie, greffé par des médecins bienveillants, qu’il poursuit l’extermination des sbires faisandés du Führer. Heureusement, il peut compter sur l’aide de quelques Soviétiques revanchards enfouis six pieds sous terre… Gore, drôle, irrévérencieux : de la démesure sur mesure pour tous les amateurs de carnages intestinaux.

Le premier Dead Snow vendait autant de rêve sur le papier (des zombies nazis) qu’il s’avérait être peu inspiré, mou du genou et incapable de vraiment traiter le caractère allemand de ses monstres. Pour cette suite directe qui reprend là où se terminait son prédécesseur, le réalisateur Tommy Wirkola montre qu’il a bénéficié de l’expérience acquise sur une production plus grosse comme Hansel & Gretel Witch Hunters et donne dans le bigger and louder gonzo et décomplexé, qui aligne à toute vitesse les morts gores à souhait, les gags lourdingues et les situations absurdes. Plombé par des références geeks martelées à l’enclume, certains gags à l’ouest et des personnages insupportables, Dead Snow 2 parvient tout de même à mieux digérer le paramètre nazi, et possède un rythme assez soutenu pour tout spectateur en manque de comédie graveleuse aussi crétine que bourrine.

 

Blind (2014) de Eskil Vogt
Depuis peu, Ingrid est atteinte de cécité. Refusant d’affronter ce nouveau handicap, elle se terre chez elle et refuse de quitter le seul lieu où elle se sent en sécurité. Dès que son mari Morten part au travail, Ingrid s’assied à la fenêtre, une tasse de thé à la main et la radio allumée. Progressivement, elle se laisse absorber par les sons et les univers qui l’entourent et ne parvient bientôt plus à distinguer le réel de ses projections fantasmées.

Une jeune femme suédoise devient aveugle du jour au lendemain et s’enferme peu à peu dans son appartement en essayant de ré-apprendre à vivre. Perte de repères, doutes sur tout ce qu’il entoure, le film joue à fond la carte des sensations mises à l’épreuve et de l’incapacité à accorder un crédit total dans tout ce qu’on peut voir. Jamais putassier dans son procédé, le film nous perd avec son héroïne et nous emmène dans son univers intime avec une subtilité incroyable, nous faisant passer par chacun de ses états d’âme dans sa quête pour reconquérir son humanité. Un film délicat et étonnant, fort d’une mise en scène plus immersive qu’elle ne le laisse penser.

 

White God (2014) de Kornél Mundruczo
L’homme est-il le meilleur ami du chien ? Suite à une taxe sur les races croisées, le père de Lili décide de relâcher leur fidèle compagnon dans les rues. La jeune fille de 13 ans va alors tout faire pour tenter de le retrouver. Les chiens errants, quant à eux, décident de se rebeller contre une humanité qui les a délaissés. Si la trame peut paraître naïve, elle prend rapidement des dimensions mythologiques et fait montre d’une violence viscérale.

White God est un film de chiens. Littéralement !
Arrivant à Neuchatel avec une réputation élogieuse suite à son passage par le Festival de Cannes, ce conte étonnant voit une jeune fille séparée de son chien, ce dernier cherchant à la retrouver en soulevant une rébellion chez tous ses confrères de la ville.
Certaines personnes n’arrivent pas à raconter des histoires avec des humains quand d’autres le font parfaitement avec des chiens… C’est un peu le constat étonnant qui ressort de cet OVNI, durant lequel on ne cesse de se demander comment telle ou telle séquence a pu être réalisé tant on suit l’animal dans sa quête à la fois désespérée et sublime. Quelques scènes très fortes font passer un tas d’émotion précises par la bouille du héros canin, et le scénario ne recule devant rien pour mener à terme un programme assez ambitieux narrativement, avec notamment un climax des plus fous, et sûrement le plus beau dernier plan de ce festival. Le chien est soit disant le meilleur ami de l’homme, et White God rappelle de très belle manière que la frontière entre ami et ennemi est très fine.

 

The Mole Song : Undercover Agent Reiji (2013) de Takashi Miike
Peu après avoir obtenu son diplôme de l’académie de police avec le plus mauvais résultat possible, Reiji se fait soudainement virer. Motif ? Problèmes de discipline. Il découvre rapidement que tout ceci fait partie d’une mascarade visant à l’infiltrer comme taupe dans l’un des gangs de yakuzas le plus extrême : les Sukiyakai. Devant faire preuve de son intégrité auprès des mafieux tout en gardant en tête son sens de la justice, Reiji gagne peu à peu la confiance de sa cible finale : Boss Todoroki.

Sans doute l’un des cinéastes les plus prolifiques au monde, Mr. Takashi Miike, est sorti de sa période plus calme pour revenir à un rythme ultra soutenu avec 3 films par an, excusez du peu. La dernière œuvre du monsieur est donc l’adaptation d’un manga dans lequel l’élève diplômé de l’académie de police avec le plus bas résultat de l’histoire se retrouve mandaté pour une mission spéciale, en devant infiltrer les familles Yakuza de Tokyo pour faire tomber un parrain. The Mole Song commence avec une demi heure de comédie folle, qui fourmille d’idées à la con et de gags absurdes, le tout enveloppé avec une énergie salvatrice. Quand soudain, c’est le drame.
Devenant d’un seul coup hyper premier degré alors même qu’il vient de se foutre ouvertement de la tronche de son héros pendant 30 minutes, Miike se perd dans un récit interminable d’agent infiltré devant gérer avec son sens de l’honneur et son affection pour ses nouveaux collègues. Les pointes d’humour ça et là semblent désormais tellement hors sujet qu’elles tombent à plat et surtout, on a bien du mal à s’intéresser à tous ces personnages dont on riait tant au début, surtout que Miike perd le dynamisme de sa mise en scène qui devient assez plan-plan. Quand la farce prend soudain des grands airs, le résultat est moins surprenant que totalement plombant.

 

White Bird in a Blizzard (2014) de Gregg Araki
Un jour d’hiver, au beau milieu des années 80, la mère d’une adolescente disparaît mystérieusement. La vie de cette dernière prend alors une nouvelle tournure.

Adapté d’un roman de Laura Kasischke, le nouveau Gregg Araki voit une jeune adolescente à la vie un rien chamboulée le jour où sa mère disparaît sans laisser de trace. Moins un thriller à suspense que l’introspection d’une adolescente, le film explore la psyché de cette adulte en devenir, qui perd son modèle féminin lors d’une période cruciale de sa vie, et qui vogue entre ses états d’âme, sa découverte de la vie sexuelle et les questionnements fondamentales par lequel on passe tous à cet âge là. Si White Bird in a Blizzard s’avère assez grossier par moment dans sa photographie, Gregg Araki n’en reste pas moins toujours aussi fort pour retranscrire le spleen de l’adolescence et les errances de l’âge. Il en profite également pour nous replonger sans détour dans les années 80, avec une bande son géniale qui passe de Depeche Mode à Tears for Fears ou The Cure. Surtout, le film repose intégralement sur les épaules de la fantastique Shailene Woodley, qui est en train d’amorcer un virage étonnant dans sa carrière avec des films risqués comme celui-ci. Prouvant qu’elle n’a pas froid aux yeux et ne reculant devant rien sans pour autant tomber dans la performance outrancière, la star montante montre une profondeur de jeu saisissante. Si elle continue dans cette voie, elle risque de ne faire qu’une bouchée de son équivalente actuelle Jennifer Lawrence. En tout cas, on ne doute pas que vous tomberez en extase devant elle en train de se trémousser sur Behind The Wheel en boite de nuit, au cœur d’un film aussi nébuleux que juste.

 

Late Phases (2014) de Adrian Garcia Bogliano
Ambrose McKinley, un vétéran de la guerre du Viêt Nam ayant perdu la vue, est contraint de déménager en maison de repos avec son chien d’aveugle pour seule compagnie. Contrairement aux espoirs de son fils, il s’avère toutefois que ce n’est pas le meilleur endroit pour couler paisiblement ses vieux jours : la communauté est la proie d’une série d’attaques meurtrières. Ambrose prend les choses en main et devient bientôt persuadé qu’il a affaire à des loups-garous. Prenez garde à la prochaine pleine lune !

Un vétéran du Vietnam aveugle s’installe dans un lotissement dédié aux personnes âgées pour sa fin de vie. Manque de pot, celle-çi va se trouver chamboulée quand un loup-garou commence à prendre les résidents pour des casse-croutes.
Etonnant film que ce Late Phases, qui suit l’horrible Here Comes the Devil dans la carrière étonnante de Adrian Garcia Bogliano. Première œuvre en anglais pour cet homme, Late Phases se concentre plus sur la psyché de cet homme ravagé dont la vie le confronte à une ultime épreuve qui sera l’occasion pour lui de faire le bilan et de se focaliser sur ce qui était le plus important pour lui. Late Phases ne manque pas pour autant de délivrer son taux de grosse bête poilu sanglante, mais son atmosphère assez calme sert un propos assez touchant sur la place des personnes âgées dans la société, et parvient efficacement à faire la balance entre introspection et film de genre.

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