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Critique : Happiness Therapy

Silver Linings Playbook, ou plutôt Happiness Therapy puisqu’en France on aime traduire des titres d’anglais à anglais, a de quoi surprendre.

En effet, quand on découvre la bande annonce, le film a tout de la comédie romantique lambda dans laquelle deux personnes se trouvent, s’entraident et finissent ensemble. Alors pourquoi tant de nominations aux Oscars ? Qu’est ce qui motive les critiques à tant se mobiliser. Est-ce le casting ou la présence de David O Russell (réalisateur de Fighter et des Rois du Désert, deux films très éloignés de celui-ci) ?

Décryptage.

 

Tous les ans, c’est la même rengaine : le festival de Toronto lance la course aux Oscars et les films qui y participeront. Si certains poids lourds attendus d’avance en profitent pour assurer leur statut, des œuvres inexistantes médiatiquement jusqu’alors fleurissent au même moment et prennent le pas aussitôt. Cette année, le prix du public a été remis à Silver Linings Playbook, a.k.a Happiness Therapy en français, et alors même que personne n’attendait vraiment ce nouveau David O. Russell, il est désormais sur toutes les lèvres. Il faut dire que les rois du lobbying, j’ai nommé les frères Weinstein, sont derrière pour pousser le bébé, et alors même que Jennifer Lawrence vient de récolter un Golden Globe pour son rôle dans le film, une question se pose : cette thérapie en vaut-elle réellement la peine ?

David O. Russell fait partie de ces réalisateurs revenant de loin. Lorsque nous découvrions Fighter en 2010, cela faisait 6 ans qu’il n’avait pas été derrière la caméra. Devant le succès critique et public, il n’est pas étonnant de le voir rempiler aussi vite pour une histoire qui trouve bien des similitudes avec la précédente.
En effet, le couple star de Happiness Therapy peut se targuer d’avoir plusieurs points en commun avec les deux frères de Fighter, campés par Mark Walhberg et Christian Bale.
Le réalisateur et scénariste de la chose place ses personnages et leurs angoisses dans une Amérique moyenne, voir profonde, qui lutte comme elle peut pour se voiler la face et se lever le matin. Le personnage de Bradley Cooper, névrotique à souhait et vivant mal la séparation avec son ex-femme, va sonner le glas dans un quartier résidentiel comme tant d’autres aux Etats-Unis tout en faisant tomber les masques sur son passage.
D’une honnêteté maladive, ce héros décrit et perçu par son entourage comme le détraqué du coin va par son attitude révéler petit à petit le mal être de chacun, que ce soit dans sa famille, ses amis, ou les gens qu’il rencontre sur son chemin.
Crachant à la gueule de la bien-pensance ou de la pression sociale, cet homme brisé qui ne demande qu’à retrouver un bonheur disparu va faire la rencontre d’une jeune femme elle aussi en manque affectif et en pleine période de handicap social. Une rencontre qui va bien évidemment faire des étincelles, poussant les deux personnages à s’aider mutuellement pour sortir la tête de l’eau.

Prenant des airs de feel good movie social, Happiness Therapy va puiser sa force dans celle de ces comédiens. Capable d’écrire des personnages hauts en couleurs et de trouver des acteurs dignes de les incarner, David O. Russell renouvelle l’une des plus grandes forces de Fighter en offrant là à Bradley Cooper et Jennifer Lawrence des rôles à contre-emplois. Et ils s’avèrent tout deux excellents en âmes déchues à la langue bien pendue tant leur caractère bien trempé et légèrement à côté de la plaque transpire le naturel, avec des seconds rôles là encore tout trouvés, tels qu’un De Niro tout en tocs ou une Jacki Weaver qui tente de raccommoder les choses comme elle peut. Comme un poisson dans l’eau quand il s’agit de mettre en scène des joutes verbales aussi tendues que jouissives et des gueules pas possibles, O. Russell offre un terrain de comédie assez jubilatoire par instant à son duo principal, qui bénéficie d’une vraie alchimie à l’image et porte pour ainsi dire grandement le film sur ses épaules tant ils sont criants de vérité.
Semblant vouloir briser les faux-semblants pour ne garder rien d’autre que franchise et compréhension, les héros de Happiness Therapy finissent par révéler le malaise ambiant et rappellent qu’en grattant un peu, l’herbe n’est pas plus verte chez le voisin.
En ces temps de crise et de morosité, c’est finalement dans le caractère complètement schtarbé de ces deux là que l’on trouve la plus vive, mais aussi la plus belle trace d’humanité. C’est tout à l’honneur de O. Russell de porter son film par cette même énergie bordélique et à fleur de peau, qui se retrouve dans des choix de mise en scène assez cash, avec une caméra portée qui n’hésite pas à s’embarquer dans de grands mouvements brusques pour mieux capter la fièvre de l’instant.
On ne pourra s’empêcher en revanche de lui reprocher le 3ème et dernier acte du film, qui lâche complètement le folklore psychotique qui le caractérisait jusqu’alors pour tomber dans une comédie romantique beaucoup plus conventionnelle et presque « académique » dans son côté film indé à récompenses. D’autant que pour le coup, c’est principalement ce ton désinvolte qui faisait mouche jusque là, et qui permettait au film de tirer son épingle du jeu avec notamment dans ses meilleures scènes une Jennifer Lawrence déchainée qui ni une ni deux remet à sa place De Niro. Il faut le voir pour le croire…

Sans pour autant coller une patate d’enfer à cause de son dénouement bateau et ultra attendu, Happiness Therapy s’avère globalement réjouissant tant les acteurs s’en collent plein la poire avec une ferveur et un tempérament assez survolté.
Certes, le film ne mérite pas pour autant toutes les louanges et nominations auxquels il est sujet, et on aurait aimer le voir rentrer encore plus dans le tas, mais ne boudons pas notre plaisir car cette sympathique comédie a le mérite d’être tout à fait honnête.

 

Hapinness Therapy – Sortie le 30 janvier 2013
Réalisé par David O. Russell
Avec Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Robert De Niro
La vie réserve parfois quelques surprises…
Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents.
Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme.
Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives.

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