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Critique : Tolkien

L’heure est aux biopics. Après les chanteurs célèbres, les écrivains cultes. Pour son premier long métrage anglais saxon, le réalisateur Dome Karukoski s’attaque à Tolkien, avec Nicholas Hoult dans le rôle de l’auteur du Seigneur des Anneaux. Sortie le 19 juin.

 

LA CRITIQUE

Tout le monde connait Tolkien, au moins de nom ou sinon aux génériques des films de Peter Jackson. Mais l’auteur du Hobbit puis du cultissime Seigneur des Anneaux n’est pas un simple romancier comme les autres. L’ancien étudiant à Oxford était passionné de langues, de philologie et de savoir en général, ce qui l’a conduit à la création d’un univers avant d’y implanter des histoires.

Raconter son histoire n’est donc pas aussi simple qu’il n’y parait, surtout dans un film de deux heures. Le réalisateur Dome Karukoski s’en tire donc avec les honneurs.

Si la vie de l’écrivain derrière le Silmarillion vous intéresse beaucoup, elle est parfaitement résumée dans « Tolkien, Une Biographie » d’Humphrey Carpenter paru en France chez Christian Bourgois. Sinon, sachez qu’il est né en Afrique du Sud en 1892 et qu’il retourne vivre en Angleterre avec sa mère et son frère trois ans plus tard, après le décès de son père. C’est là que le film commence, par une scène où sa mère lui lit des histoires aidée par une lanterne magique qui projette des images de chevaliers. Malheureusement pour lui lui, elle décédera et il sera pris en charge par une obscure tante par alliance. Et c’est chez elle qu’il fera la rencontre d’Edith…

Un montage alterné va alors nous montrer Tolkien dans les tranchées françaises, victime de la « fièvre des tranchées » et en quête de l’un de ses amis mais aussi ses jeunes années à Birmingham puis à Oxford.
Aidé par Lasse Frank Johannessen à la photo et le toujours impeccable Thomas Newman à la musique, Dome Karukoski livre un film très propre, une reconstitution soignée aussi bien de l’époque que de la Première Guerre Mondiale avec un coté très british parfaitement maitrisé. Nicholas Hoult est très bien dans le rôle principal et Lily Collins est éblouissante en Edith.

Difficile de savoir si tout est fidèle (Edith et Ronald ont-ils vraiment été dans les coulisses d’un opéra ? La rencontre entre Tolkien et le professeur Wright s’est-elle vraiment déroulée comme dans le film ?) mais on prend un certain plaisir à suivre ce qui est à la fois un drame (par la guerre) et une belle romance. Karukoski évite par ailleurs les références en mode gros sabots au Seigneur des Anneaux, comme le laisse entendre la promo. Certes, JRR a beaucoup d’imagination et passe une partie du film à être malade et donc à avoir des visions mais on est beaucoup moins dans la caricature qu’on pouvait craindre.

Difficile aussi de savoir ce qui est fidèle parce que, finalement, les choix scénaristes se révèlent assez anecdotique. La vie de Tolkien avant la Guerre ressemble à celle de beaucoup d’autres. Le garçon est passionné, passe du temps à refaire le monde et à boire du thé mais il n’y a pas ou peu d’évènements majeurs qui mériteraient d’être contés dans un long métrage. Alors on se complait à suivre son petit quotidien mais il manque quelque chose. On aurait aimé voir le personnage réfléchir à la construction de son univers, à la conception de langues imaginaires ou même à l’écriture. Il n’y a rien de tout ça dans « Tolkien le film », dont la vie se révèle être beaucoup plus romanesque quand il revient du front. Sa relation avec Edith devient tumultueuse, il découvre le monde l’édition et écrit beaucoup. Rien de tout cela n’est dans le film Karukoski, ou alors à peine survolé dans un montage rapide en fin de métrage parce qu’il fallait bien conclure.

On ne s’ennuie donc jamais mais on s’interroge. Pourquoi ces choix ?

 

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