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Critique : Parasite

Après quatre long métrages coréens, Bong Joon Ho tournait sa première production internationale en 2013 en adaptant la bande dessinée le Transperceneige. Puis il faisait un détour par Netflix avec le sympathique Okja.

Le voici de retour avec rien de moins que la Palme d’Or 2019 : Parasite.

 

LA CRITIQUE

Ça s’appelle avoir le nez creux. Le distributeur français de Gisaengchung (기생충 – Parasite) avait calé des avant-premières du film de Bong Joon Ho sans savoir qu’il repartirait du Festival de Cannes avec rien de moins que la Palme d’Or. Si le film avait déjà une petite hype du coté du petit cercle de des cinéphiles parisiens, l’effet palmesque a été immédiat. Les salles proposant le film plus d’une semaine avant sa sortie étaient pleines à craquer. Et le public en est ressorti soufflé.

Difficile de parler de Parasite sans spoiler. Le réalisateur, comme c’est à la mode en ce moment, s’est même fendu d’une lettre pour que rien ne soit raconté. Nous sommes quand même obligés d’évoquer quelques points d’intrigue, à commencer par le fait que le film raconte la rencontre entre deux familles. L’une est très riche et emploie du personnel dans une maison signée par un grand architecte. L’autre est très pauvre et vit dans un sous-sol d’une ruelle. Pourtant elles vont se croiser quand le « fils pauvre » va se faire embaucher comme prof d’anglais par la « maman riche ». Il n’est évidemment pas tout apte à enseigner la langue et va fournir un faux diplôme pour empocher l’argent des cours particuliers. Et il va pousser le vice à faire embaucher sa sœur, qui va mythonner la famille en se faisant passer pour une prof de dessin.

Les choses ne vont pas se passer comme prévu, vraiment pas. On en dira pas d’avantage si ce n’est que Parasite est un concentré de cinéma. La Palme d’Or remise à l’unanimité ne peut faire aucun doute tant Bong Joon Ho livre un film qui contient tout ce qu’on aime, passant d’un genre à l’autre avec une facilité déconcertante et sans jamais tomber dans les clichés des genres qu’il évoque. Parasite est donc une comédie franchement drôle, un vaudeville, un drame, un thriller hitchcockien, avec des personnages habités et prêts à péter un câble comme ne le renierait pas un Alex de la Iglesia. On passe du rire à des scènes de pure tension en un clin d’oeil, le tout porté par des plans sublimes et une musique qui donne à certaines séquences des airs d’opéra. Oui, il y  a tout ça dans le dernier film du réalisateur du Transperceneige dont certaines séquences (celles sous une pluie torrentielle) reste encore dans l’esprit bien après que les lumières de la salle se soient rallumées.

Mais Parasite ce n’est pas seulement ça. C’est un film résolument politique, qui met en lumière l’opposition de classes en Corée (mais avec un traitement qui s’avère être universel). La famille riche, même si elle se montre humaine et bienveillante, est vite rattrapée par les démons de l’argent, ceux qui les font haïr naturellement les pauvres. Une scène de dialogue où l’un d’eux évoque « l’odeur des gens dans le métro » (qu’il ne prend pourtant jamais) est aussi révélatrice que la ville dans laquelle se passe le film, où les riches vivent tout un haut d’une colline quand leurs opposés sont littéralement tout en bas de l’échelle, voire sous terre.

Qu’on connaisse ou pas le cinéma coréen, qu’on aime ou pas Bong Joon Ho, difficile de ressortir indemne de Parasite, bombe atomique qui mérite tous les éloges que vous pourrez lire ailleurs. Mais en réalité, ne lisez rien. Ne regardez aucune promo. Foncez juste en salles à sa sortie en juin prochain parce que, si le terme est souvent galvaudé, Parasite est bien un chef d’œuvre.

Parasite, de Bong Joon Ho – Sortie le 5 juin 2019

 

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