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Critique : Homefront

Si vous avez lu la première partie de notre gros dossier consacré à Sylvester Stallone et à Rambo, vous savez que nous avons vu le film qui a bien failli être le cinquième volet d’une saga commencée en 1982.

Mais Homefront, ce n’est pas seulement un film écrit par Sylvester Stallone, c’est aussi le Jason Statham de la rentrée. Le comédien sort toujours deux films par an. Alors, après Crazy Joe en juillet dernier et en attendant Expendables 3 en août, le voici devant la caméra de Gary Fleder, (Le Collectionneur, le Maitre du Jeu et un paquet de séries télés).

Avec aussi Kate Bosworth, James Franco et Winona Ryder.

 

Il y a des films dont la nature change tellement en cours de route qu’on se demande réellement quel était le projet initial. Initialement adapté d’un roman sur le trafic de méthamphétamines, HomeFront a failli être le dernier chapitre de la saga Rambo, au fur et à mesure que Stallone s’occupait d’écrire le scénario. Sauf que Rocky Balboa est passé par là, la franchise du militaire a eu une autre fin et c’est sur le tournage d’Expendables 2 que Sly a fait lire le scénario à Jason Statham. Vous remarquerez des trous dans l’histoire, mais c’est là la version officielle, et il ne fait aucun doute que les faits doivent être plus complexes que ça. Toujours est-il que notre cher Jason a adoré le scénario, à tel point que le film sort sur nos écrans…

Au-delà de ses gestations d’écriture et de production, Homefront n’a rien de compliqué.
C’est l’inverse même, puisqu’il raconte le parcours d’un ancien agent des stups qui s’est rangé après une mission mal goupillée. Souhaitant démarrer un nouveau chapitre de sa vie en Louisiane dans un ranch avec sa fille, le bougre va voir son plan dérailler de plus belle quand sa progéniture va cogner un garçon de sa classe, au détail près que les parents du bouseux sont familiers du dealer local…
Quand la petite revanche personnelle prend des proportions monstres, ça finit par faire des dégâts, surtout avec Jason en face. Ce qui est drôle, c’est de voir le temps qu’il aura fallu pour écrire Homefront, les options qui se sont offertes au film, et le résultat auquel tout cela mène.
Un résultat dont la dimension première, à savoir une plongée dans le monde terrible des méthamphétamines, est réduite à sa plus simple expression. Ça pourrait être de la cocaïne, du trafic d’enfants, de téléviseurs ou bien de la prostitution, on s’en cognerait de la même manière tant ça n’est qu’un prétexte pour donner un background au héros tourmenté qui a vu trop de sang durant son existence. Le cœur du film, c’est l’histoire d’une petite querelle qui va exploser à cause de la dignité faussée de couillons vivants au fin fond du colon américain, tout ça parce qu’un petit gros tape une fille.
Si le sale garnement avait reçu une éducation digne de ce nom, il se serait retenu pour trois raisons.
La première est bien évidemment qu’on ne tape pas les filles. Non mais.
La deuxième est qu’on NE TAPE PAS les filles. On insiste, ça pourrait éduquer nos jeunes lecteurs.
Et la troisième, la plus évidente, c’est qu’on ne cherche pas des crosses à Statham. Oh que non.

Il est vrai que dans l’univers du film, les personnages ne sont pas forcément au courant vu qu’a priori, ils n’ont pas vu le Transporteur et les autres bêtises en tout genre. C’est dommage pour eux, et c’est bien pour nous. Pour ne rien cacher, Homefront est une peloche d’exploitation comme toutes celles que le héros a faites précédemment, dans ce que ça a de plus drôle.
On sait s’indigner chez CloneWeb quand ça tourne au grand n’importe quoi alors qu’il y avait du potentiel. Par exemple, Parker ne méritait pas d’être une Stathamerie, surtout torchée aussi mollement. Homefront en revanche, on s’en fout un peu, parce qu’il n’y a pas vraiment de matière familière de base. Le film aurait pu aller plus loin dans l’idée que les forces de l’ordre sont débordées, que la nation ne suffit plus pour protéger ses citoyens et que même entre eux, ils sont assez stupides pour se bouffer le nez. Finalement, tout ça est vite dérisoire, et reste une tâche de fond au service d’un projet plus futile. Ce n’est pas ce que pense le casting assez dingue du film visiblement, puisque non content d’avoir James Franco en bad guy pas très convaincant (Franco face à un Expendable, vous y croyez, vous ?), le film ressort Winona Ryder du placard en lui donnant un rôle de prostituée. Tiens donc.
Plus étrange encore, Kate Bosworth nous sort la carte de la performance physique en jouant une redneck camée jusqu’aux os, avec la peau sur ces derniers. On n’est pas devant une prestation façon The Machinist, mais la belle est suffisamment rachitique pour faire de la peine en révélant une réelle implication dans son rôle. C’est beau de se donner à fond pour un personnage fonction, mais au fond, elle comme les autres ne sont là que pour une seule chose : mettre en valeur Jason.

Qu’on s’entende bien : Homefront n’est pas ce qu’on peut appeler un bon film. Le scénario est là pour combler les trous entre deux scènes de baston, le passé des personnages est inintéressant, le beau décorum de la Louisiane n’est pas mis en valeur, c’est filmé de la façon la plus générique qui soit et ça a tendance à se compliquer la vie avec des sous intrigues farfelues pour pas grand-chose. Mais si vous allez voir Homefront en espérant une petite série B bas du front qui donne une fois de plus l’occasion à Statham de tout casser, vous pourrez trouver votre bonheur çà et là. Le comédien joue de la même façon depuis le Transporteur, mais il y met du cœur et s’éclate littéralement lorsqu’il est question de déboiter la tronche de son adversaire et d’encastrer son prochain dans la vitre la plus proche. En ça, le film de Gary Fleder propose son lot de petites scènes rigolotes, et on ne rechigne pas notre plaisir devant cette masse de muscles qui se la joue bucheron du dimanche (une casquette, une veste à carreaux, et une nouvelle vie commence) avant de tabasser du redneck à tour de bras, et de se la jouer MacGyver du pauvre. Sur toute la durée du film, le plaisir se fait disparate c’est sûr, mais notre chauve préféré a le mérite de taper suffisamment fort quand il faut pour en tirer un plaisir coupable.

Homefront était parti pour être un thriller, un drame ou que sais-je. Toujours est-il que le résultat cache mal son jeu, et tente tant bien que mal de masquer sa nature de petit actionner bourrin et décérébré. À croire que Statham influence chacun des films dans lesquels il joue pour les faire entrer dans une formule unilatérale, à la manière d’un Besson. Ça ne marche pas toujours, mais sur ce coup-là, l’entreprise finit par assumer tant bien que mal sa connerie, et à défaut d’être mémorable, elle sait se faire rigolote.

 

Homefront – Sortie le 8 janvier 2014
Réalisé par Gary Fleder
Avec Jason Statham, James Franco, Winona Ryder
Ancien agent de la DEA (Brigade américaine des stupéfiants), Phil Broker se retire dans un coin tranquille de la Louisiane avec sa fille pour fuir un lourd passé… Mais Broker ne tarde pas à découvrir qu’un dealer de méthamphétamines, Gator Bodine, sévit dans la petite ville et met en danger sa vie et celle de sa fille. Face à la menace et à la violence croissantes, Broker n’a d’autre choix que de reprendre les armes…

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