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Critique : Beasts of No Nation

Ce week-end, la plate-forme de vidéos à la demande Netflix faisait son festival à Paris, organisant des projections de films et séries de son catalogue dans des lieux insolites. Il était par exemple possible de voir The Dark Knight dans les égouts de Paris histoire de simuler une Batcave ou des films romantiques au premier étage de la Tour Eiffel (cherchez le hashtag #NetflixFest sur les réseaux sociaux pour voir le résultat en images).

La conclusion de ces quelques jours de réjouissance était la projection, dans un studio de cinéma remplis de fauteuils de tournage, de Beasts of No Nation de Cary Fukunaga avec Idris Elba.

 

LA CRITIQUE

Pour son premier long-métrage inédit et que la plate-forme a produit elle-même, Netflix a frappé en fort en allant chercher un projet sur lequel le réalisateur Cary Fukunaga, connu pour avoir mis en scène la première saison de True Detective dont son incroyable plan-séquence, a en chantier depuis de nombreuses années. Histoire d’en rajouter une couche, l’un des rôles principaux a été confié à Idris Elba.

Adapté du bouquin du même nom de l’auteur nigérian Uzodinma Iweala, Beasts of No Nation raconte l’histoire d’un enfant-soldat dans un pays africain -jamais nommé- depuis son recrutement par le chef d’une milice (Elba). Fuyant son village suite au massacre de sa famille, il va laisser son enfance de coté et affronter contre son gré les atrocités d’une guerre qui le dépasse.

L’intérêt du film repose évidemment sur le fait que ça pourrait se dérouler n’importe où. L’Afrique centrale est régulièrement en proie à des conflits, continent découpé en pays par les colons sans tenir compte des factions, populations et tribus. Ici, on ne sait pas vraiment où on est et le début du film montre divers opposants s’affrontant, entre armée officielle, miliciens prêts à en découdre, assassins de tout bord tirant sur tout ce qui bouge sans raison et casques bleus qui n’ont pas l’air de servir à grand chose de prime abord. Les atrocités de la guerre.

Mais peu importe qu’on ne sache pas qui affronte qui, qui est le gentil et qui est le méchant. Ce qui nous intéresse, c’est Agu, le petit héros de l’histoire qui voit sa vie bouleversée quand son père et son frère se fait abattre sous ses yeux. Brillamment incarné par l’incroyable Abraham Attah à qui on souhaite une immense carrière tant il est impressionnant, c’est à sa hauteur que le film est tourné. Fukunaga pose sa caméra à sa hauteur, montrant les horreurs du conflit par ses yeux. Et le réalisateur ne nous épargne rien, filmant un petit gamin de huit ans prêt à décapiter un homme, tirant à l’arme automatique et prenant de la drogue, de son innocence perdue à une fin qu’on ne dévoilera pas en passant par le moment où, après avoir pris des stupéfiants, il switche et devient une machine de guerre.

Beasts of No Nation est un film froid, sombre, qui n’esquive aucun sujet et délivre un portrait glaçant des enfants soldats dans une région en guerre. Mais c’est aussi un film techniquement très beau, le réalisateur profitant des décors et de la lumière naturelle que le Ghana (où a eu lieu tout le tournage) peut offrir. On retiendra aussi la prestation d’Idris Elba, comme d’habitude au dessus de la mêlée quand il s’agit de camper un personnage bien différent de ses précédents rôles.

De fait, Beast of No Nation est un film dur mais c’est aussi un film important.

 

Beasts of No Nation – disponible sur Netflix
Réalisé par Cary Fukunaga
Avec Idris Elba, Abraham Attah, Kurt Egyiawan
Alors qu’il n’est encore qu’un jeune garçon, Agu devient un enfant soldat, embrigadé de force dans l’armée du sanguinaire « Commandant ».

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