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Critique : The Raid
The Raid est sans doute le film d’action le plus attendu de l’année 2012 si on en croit le buzz qu’il fait sur Internet à chaque fois qu’on a de nouvelles images à se mettre sous la dent.
Tourné par le réalisateur gallois Gareth Evans en Indonésie avec la star des arts martiaux Iko Uwais (ils avaient déjà tourné Merantau sorti en DVD en 2012 ensemble), il raconte l’histoire d’un groupe de flics se retrouvent pris au piège dans un immeuble.
Le film sort fin mars aux USA et n’a pas encore de date de sortie en France. SND a acheté les droits et compte sans doute prendre la température des spectateurs de festivals avant de faire une annonce en bonne et due forme.
Nous avons vu le film au Jameson Film Festival de Dublin où il a remporté le Prix du Public. Espérons que l’engouement de ceux qui l’ont vu et les papiers positifs (dont celui-ci) fassent pencher vite et bien la balance.
Mise à jour : le film sort le 20 juin 2012

The Raid – Sortie le 20 juin 2012
Réalisé par Gareth Evans
Avec Iko Uwais, Yayan Ruhian, Doni Alamsyah
Un commando des forces de police prend d’assaut le quartier général d’un important criminel. Très vite pris au piège dans un immeuble sans issue, les policiers vont devoir trouver un moyen de s’échapper coûte que coûte…
Le concept de The Raid est extrêmement simple. Il ne s’agit, après tout, que d’une façon honnête d’annoncer au public qu’il est ici pour s’en prendre plein la tête. Rien d’autre. Passé un très court prologue qui permet de clairement définir une distribution de personnages-fonction monolithiques, le réalisateur Gareth Evans nous emmène dans le vif du sujet.
C’est donc 1h30 d’action quasiment continue qui nous est gracieusement offerte. Sans surprise, l’escouade de police est rapidement réduite à moins d’un dizaine d’hommes séparés en petits groupes et se débattant plus férocement que jamais pour leur survie. Le premier tiers du film se concentre sur des fusillades électrisantes, rappelant bien sûr les meilleures œuvres d’heroic bloodshed majoritairement asiatiques (on pense surtout à Hard Boiled et A Better Tomorrow). Cependant, la comparaison de genre ne dépasse pas la similarité dans l’utilisation des gunfights en tant que seul moyen d’expression significatif d’individus définis uniquement par leurs actes. En effet, la mise en scène d’Evans, tout à fait efficace la plupart du temps, ne s’attarde guère sur la mise en avant des acteurs et snobe toute tentative d’iconisation que beaucoup de cinéastes auraient probablement pensée incontournable. Ce qui intéresse le jeune gallois n’est donc pas qui laisse son empreinte sur l’écran, mais bien ce qui se passe devant sa caméra.
Le lieu unique de l’action étant un immeuble, impossible de ne pas penser immédiatement (presque machinalement) au Piège de Cristal dans lequel John McClane se retrouve prisonnier. Là encore cependant, entre John, le flic américain, et Rama, le flic indonésien, l’analogie se limite à la survie en milieu fermé hostile. Suivant une évolution narrative similaire dans les grandes lignes, The Raid fait subir à son héros une conquête niveau par niveau de son univers, jusqu’à l’antichambre de la mort dans laquelle il devra renoncer à sa rivalité fraternelle et s’opposer à un être dont la brutalité se situe à la lisière de l’humain.

On notera toutefois que ces combats militaires sont ensuite abandonnés au profit d’affrontements rapprochés juteux et culottés, qui n’ont pas peur d’aller dans l’extrême pour offrir du spectacle de très haute volée à un public qui en redemande. Cette fois, c’est la nouvelle vague de films Thaï menée par Tony Jaa et Yanin Vismitananda qui doit subir le poids de la comparaison. En effet, si ces derniers jouissent d’acteurs offrant des prouesses physiques phénoménales, leurs faiblesses structurelles et la piètre qualité de fabrication dont ils font preuve les desservent bien trop pour qu’ils prétendent tenir le bras de fer avec The Raid. Evans insuffle ainsi à son métrage une énergie se révélant dévastatrice, et ce grâce à l’alliance parfaitement dosée entre maintient de la suspension d’incrédulité (ses situations ne contredisent jamais les limites humaines) et pur divertissement graphique dont les chorégraphies se révèlent nerveuses et créatives.
Au centre de cette magistrale boucherie, Iko Uwais, qui tenait le rôle-titre de Merantau, précédent film de Gareth Evans, nous fait profiter de ses nombreuses années de Silat au cours de combats plus vrais que nature qui raviront tous les fans d’action décomplexée cherchant désespérément quelque chose à se mettre sous la dent dans le climat actuel des films d’action.
Si le réalisateur nous fait autant plaisir qu’à lui en filmant ses joutes plus exaltantes les unes que les autres, ses quelques tentatives d’approfondissement du récit ou de mise en place d’enjeux annexes manquent quelque peu le coche, celles-ci étant paradoxalement étouffées par un univers tellement envahi par l’énergie physique dégagée par ses personnages qu’il ne laisse pas assez de place aux quelques dialogues censés rendre les protagonistes attachants ou méprisables. Heureusement, ses touches d’humour éparses sont bienvenues et permettent de rendre le récit encore plus plaisant qu’il ne l’est déjà.

Au final, The Raid tient sans faillir sa promesse de nous en mettre plein la tête. Ses scènes d’action lisibles et jouissives (n’ayons pas peur des mots) vous laisseront redevenir l’adolescent enivré qui vivait un des plus grands moments de sa culture cinématographique face à Un Seul Bras les Tua Tous, La 36e Chambre de Shaolin, Commando, Dans les Griffes du Dragon Rouge ou encore À Toute Épreuve. En fait, regarder The Raid est un peu comme regarder tous ces films à la fois : un fantasme rendu possible, un rêve devenu réalité bénéficiant de toutes les qualités et des quelques défauts que l’on pouvait lui imaginer.
Cependant, ce qui est encore plus excitant, c’est qu’Evans prévoit de faire de The Raid le premier volet d’une trilogie. Gareth, donne-nous vite de tes nouvelles, on attend la suite des festivités avec impatience.
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