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Critique : The Hole 3D, de Joe Dante

Avoir un rédacteur qui déménage outre-Manche est un avantage non-négligeable quand on publie des critiques de films avant leurs sorties françaises. Arkaron, fraichement installé à Dublin, s’est donc jeté dans la salle de cinéma la plus proche pour voir un film pas sorti en France et pourtant incroyablement attendu par les fans de son réalisateur. Je vous parle ici de The Hole 3D, le nouveau film de Joe Dante. Oui, le papa des Gremlins, de l’Aventure Intérieure et de Small Soldiers a un film dans ses cartons, déjà sorti en Italie et, donc, en Irlande.
En voici la critique en espérant y avoir droit sur grand écran un jour.

The Hole – pas de date de sortie en France
Réalisé par Joe Dante
Avec Chris Massoglia, Nathan Gamble, Haley Bennett, Teri Polo
Susan et ses deux fils, Dane et Lucas, emménagent dans une petite ville de campagne, loin des tourments de la ville et de leur passé. Un jour, les deux frères et leur nouvelle voisine Julie découvrent un mystérieux trou au milieu de leur cave. Semblant d’abord sans conséquence, cet événement va très vite les obliger à affronter leurs peurs les plus enfouies…

La simple lecture du synopsis donne une bonne idée du type de film qu’a choisi Joe Dante pour son grand retour: un film d’horreur old-school comme à la bonne vieille époque.

Ainsi, autant dire tout de suite que le script ne recèle ni surprise ni prise de risque quant au déroulement de l’histoire: The Hole est un conte horrifique des plus classiques dans sa structure, qui tire ses forces du savoir-faire de son équipe, et notamment de la mise en scène de Dante. Alternant dans un premier tiers expositions et installation d’une atmosphère, le réalisateur nous prouve dans un deuxième tiers qu’il maîtrise parfaitement son sujet dans un enchainement de scènes anxiogènes des plus efficaces (le passage dans les toilettes publiques est une perle d’angoisse). L’efficacité de la mise en scène s’explique surtout par le fait que la peur prend son temps pour s’installer, et que Dante n’utilise le procédé trop souvent maltraité du jumpscare que « pour de faux » (vous savez, ces moments où on sait que le jumpscare va arriver, mais que finalement, c’est pas le monstre derrière le héros, c’est juste son frère). Les personnages, assez peu intéressants en eux-même, donnent avant tout l’impression de servir de support à l’histoire, mais les approximations dans leur caractérisation sont compensées par une direction d’acteurs plutôt efficace qui parvient à les rendre crédibles.

Cette talentueuse mise en scène atteint par ailleurs son point d’orgue en fin de film dans un affrontement entre le héros et un autre personnage, dans un monde qui ne répond pas des mêmes lois physiques que le nôtre. En résulte un jeu de positionnement et d’interactivité entre les protagonistes et l’univers qui les entoure tout à fait intéressant, en plus d’être très dynamique. Cette scène recèle probablement les éléments les plus riches du film, notamment grâce à un traitement esthétique qui prend ses libertés vis-à-vis de l’univers représenté dans le reste du métrage.

Cependant, la précision formelle de l’ensemble ne parvient pas à faire oublier les faiblesses de l’écriture. Trop classique, trop peu audacieux, le script se contente de remâcher sans plaisir des arômes qui ont presque perdu leur saveur. Ainsi, les tourments les plus habituels servent de prétexte aux mésaventures des personnages: la peur du noir (au traitement anecdotique), la peur des clowns (bien plus intéressante dans le récent Dead Silence de James Wan), ou les vieux fantômes du passé fatigués. À cette relative déception s’ajoute une étrange césure aux deux-tiers du récit, qui opère un glissement brusque du film d’horreur au thriller fantastique, laissant de fait tomber toute considération horrifique pour mieux s’attarder sur la rédemption de chaque protagoniste. Cette rupture s’opère au moment où les personnages comprennent le principal mécanisme narratif, et mettent tout en œuvre pour l’enrayer. Si ce choix est légitime, son exécution peut laisser perplexe sur la forme (trop brutale), comme sur le possible fond: à partir du moment où les personnages ont tous les outils en main pour déjouer les pièges de leur narrateur, le spectateur n’a plus de réelle raison de suspendre son incrédulité, et il sort par conséquent du trou dans lequel il s’était vu sombrer jusque là.

Enfin, dernier point qu’il semblait important d’évoquer: la 3D, relativement inutile, et qui n’essaye d’ailleurs même pas de nous faire croire le contraire. Si la profondeur de champ peut être appréciable, seule la fameuse scène d’affrontement final en tire réellement parti. Il n’y pas d’exploitation notable du procédé, pas même en tant que gadget (c’est simple, enlevez les lunettes, et c’est la même chose… enfin non, vous n’y verrez rien, mais si par miracle votre cinéma passe un jour le film en 2D, privilégiez ce format très amplement suffisant).

En conclusion, The Hole a tout l’air d’un film transitoire: prise de risque nulle, utilisation efficace de codes vendeurs, et 3D pas vraiment indispensable. Tout porte à croire que si The Hole marche, Joe Dante se verra probablement rouvrir quelques portes. Marchera-t-il? Difficile à dire tant le résultat est correct, sans plus.

-Arkaron

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