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Critique : Ted
Seth MacFarlane. Si le nom ne vous dit rien, ses travaux vous parleront forcément.
Il est le créateur des séries d’animation American Dad!, Les Griffin et The Cleveland Show et a prêté sa voix à Johann Krauss, « l’homme-gaz » du Hellboy 2 de Guillermo del Toro.
Et pour son passage derrière une vraie caméra, il a choisi de mettre en scène Mark Walhberg et Mila Kunis.
Et un ours en peluche auquel il prête sa voix : Ted.
Dans les objets incontournables d’un enfant, l’ours en peluche figure en bonne place. Véritable icône de cette période bénie, il est en quelque sorte le gardien de l’innocence, l’être imaginaire doux qui protège ces chers bambins la nuit et leur apporte la douceur et le réconfort. Imaginez donc le compte de fée pour un garçon sans ami lorsqu’au lendemain de Noël, son nouveau nounours vit tout à coup et lui promet d’être son meilleur ami pour toujours. On aurait de quoi faire un film Disney avec une telle idée, mais Seth MacFarlane, humoriste américaine ayant explosé le paysage comique télévisuel avec Family Guy & American Dad, s’est demandé ce qui se passerait des dizaines d’années plus tard, si le nounours devenait le meilleur pote avec qui on fume des pétards en parlant de nanas. Ce nounours foufou, c’est Ted.
Déjà habitué à investir le cocon familial américain et les mœurs aux apparences idéales pour mieux les exploser de l’intérieur, MacFarlane trouve ici pour son premier long métrage un terrain de jeu particulièrement réjouissant. Pour quelqu’un qui aime s’en prendre aux objets apriori intouchables, le personnage de Ted est un cadeau qu’il prend à bras le corps puisqu’il en fait la voix. Et avant même de voir tout ce qui tourne autour de cet ours en peluche, il faut déjà voir combien la composition de celui-ci est irrésistible pour quiconque aime l’humour un peu gras mais pas trop. Personnage ronchon qui fusille à peu près tout ce qui bouge avec une gouague qui n’est pas sans rappeler celle d’un Robert Downey Jr encore plus blasé qu’à l’accoutumée, l’ours assure déjà le show à lui seul par son caractère atypique et les situations dans lesquelles ils se trouvent, que la promotion étaye plutôt bien. Entre des entretiens d’embauche calamiteux et des éléments du quotidien anodins pour n’importe quel humain, MacFarlane s’éclate comme un gosse qui en ferait voir de toutes les couleurs à son jouet. Sauf qu’ici, l’univers est adulte, et la seule vision de ce nounours confronté à des problèmes divers (sièges de voiture pas assez hauts pour conduire, anatomie non pensée pour des rapports sexuels) s’avère déjà des plus savoureuses. Sauf qu’au delà de son apparence de comédie en dessous de la ceinture, Ted touche à bien plus.

Sous ses airs de clown adepte du second degré, Seth MacFarlane ne manque pas de croire en la force d’une histoire et en l’adhésion du spectateur à celle-ci. Et même si Ted est une comédie, cela n’est pas une raison pour bâcler les détails. Du coup, le film prend le soin d’installer son contexte en jouant avec les genres et en travaillant l’environnement de ses personnages pour qu’on évite de se poser trop de questions sur la douce folie de son pitch. Un nounours vivant, ça attire la curiosité, et l’exposition qui a tout du conte de fée s’en amuse sans manquer de taper dans le milieu de la célébrité express et des peoples d’un jour, avec la malice que l’on connaît à Seth MacFarlane.
Plus malin encore, le film ne cesse de diversifier ses scènes sans manquer d’humour et prend à cœur tout ce qu’il aborde, l’histoire d’amour entre Mila Kunis & Mark Walhberg n’étant pas un simple prétexte pour livrer une confrontation avec Ted.
Concerné par les angoisses de ces personnages, traitant les thématiques qui accompagnent son sujet sur le passage à l’âge adulte et le degré d’enfance que nous devons garder sans faire bassement la morale pour autant sans oublier pour autant de purs instants de comédie loufoque avec des clins d’œil et des caméos hilarants, Seth MacFarlane démontre tout son amour de la comédie et du cinéma. D’ailleurs, pour une première réalisation, le film affiche fière allure et on ne peut que saluer le travail opéré sur cette peluche vivante irrésistible, criante de réalisme.
On s’amusera d’ailleurs de voir le film un peu tirer en longueur et ne voulant pas se finir tant MacFarlane prend du plaisir à l’ouvrage, mais quand c’est bon, mieux vaut trop que pas assez non ?

Ne se limitant pas à amuser la galerie et jonglant avec les différents domaines qu’il investit, Seth MacFarlane livre une œuvre à son image, irrévérencieuse et jubilatoire sans pour autant oublier de raconter une vraie histoire. Une comédie 4 étoiles, qui donne enfin une réelle alternative à un Judd Apatow peut-être trop omniprésent ces derniers temps dans le domaine. Et on ne vous dit même pas ça parce qu’on adore les nounours.
Ted – Sortie le 10 octobre 2012
Réalisé par Seth MacFarlane
Avec Mark Wahlberg, Mila Kunis, Seth MacFarlane
La relation amoureuse d’un homme est menacée par l’ours en peluche de son enfance, qui prend vie par magie.
1 commentaire
par broack dincht
Ma crainte est que le perso ne semble pas si original que ça. Il arrive tout de même bien après Bender de Futurama et Paul de Paul