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Critique : Robin des Bois
Robin des Bois est un héros légendaire qui a eu droit à de nombreuses versions. La première date de 1377 et est signée William Langland. On a eu droit ensuite, bien plus tard et au cinéma, au bondissant et pénible Eroll Flynn (1938), à un renard malin dans la version de Walt Disney (1973) à Sean Connery en Robin vieillissant dans La Rose et la Flèche (1976) puis à Kevin Costner dans Prince des Voleurs en 1991.
La nouvelle version du plus célèbre des archers revient donc à Ridley Scott pour la mise en scène et Russel Crowe pour l’incarnation. Critique d’un film… laborieux.
Attention, la critique qui suit contient quelques spoilers quand à l’intrigue du film.
Robin des Bois – Sortie le 12 mai 2010
Réalisé par Ridley Scott
Avec Russell Crowe, Cate Blanchett, Max von Sydow
À l’aube du treizième siècle, Robin Longstride, humble archer au service de la Couronne d’Angleterre, assiste, en Normandie, à la mort de son monarque, Richard Coeur de Lion, tout juste rentré de la Troisième Croisade et venu défendre son royaume contre les Français.
De retour en Angleterre et alors que le prince Jean, frère cadet de Richard et aussi inepte à gouverner qu’obnubilé par son enrichissement personnel, prend possession du trône, Robin se rend à Nottingham où il découvre l’étendue de la corruption qui ronge son pays. Il se heurte au despotique shérif du comté, mais trouve une alliée et une amante en la personne de la belle et impétueuse Lady Marianne, qui avait quelques raisons de douter des motifs et de l’identité de ce croisé venu des bois.
Robin entre en résistance et rallie à sa cause une petite bande de maraudeurs dont les prouesses de combat n’ont d’égal que le goût pour les plaisirs de la vie. Ensemble, ils vont s’efforcer de soulager un peuple opprimé et pressuré sans merci, de ramener la justice en Angleterre et de restaurer la gloire d’un royaume menacé par la guerre civile. Brigand pour les uns, héros pour les autres, la légende de « Robin des bois » est née.
Robin des Bois est un héros légendaire, et comme tous les héros légendaires, il y a des clichés que le spectateur attend. On n’imagine pas Batman sans sa Batcave ni John McLane sans ses petites phrases. On attend donc de Robin des Bois qu’il se planque dans une forêt pour malmener un shérif, habillé limite en vert. Malheureusement, Ridley Scott et Brian Helgeland (au scénario) ont préféré raconter autre chose : Robin n’est pas ici un descendant de la famille Loxley parti en croisade. C’est un simple archer dans l’armée de Richard qui tentera de devenir une légende quand même.
Difficile de pas spoiler l’intrigue tant les défauts du film tourne autour du scénario. On sait que Robin des Bois a connu plusieurs versions, Scott voulant raconter dès le départ une histoire différente. Ont donc été envisagées une histoire écrite du point de vue du Shérif mais aussi une histoire d’usurpation d’identité, la rumeur voulant que le script contienne une histoire complexe dans laquelle Robin prendrait la place du Shérif pour entretenir sa légende. Toutes ses versions ont manifestement fini à la corbeille pour nous raconter « l’histoire d’un homme ».
L’histoire finale semble être un patchwork de ces brouillons, pleine de choses qui ne servent à strictement rien. Ainsi, au début du film, Robin prendra l’identité du véritable Loxley mourant (qu’il croise, en passant, en plein de coeur de Brocéliande et tout à fait par hasard). Le père du Loxley décédé lui proposera de jouer le même jeu sans qu’ils se soient concertés. Ainsi, Robin se fera passer pour quelqu’un qu’il n’est pas pour … rien. En effet, cette idée de double identité n’est jamais vraiment utilisée.
Dans le même style, s’il faudra attendre pour voir Robin entrer dans Sherwood, on verra par moments, sans raison, de jeunes garçons y vivant manifestement et vêtus de masques en bois. Sans explication ni réel intérêt.
Le film, lui, préfère s’orienter vers une histoire à la Braveheart s’enlisant également dans les personnages : on a droit aussi bien au Shérif, qu’à un Guy de Gisbourne renommé en Sir Godfrey (manifestement à la dernière minute si on en croit notre rencontre avec Mark Strong en février dernier) qu’au Prince Jean. Mais Elgeland ne sait pas quoi faire de ses peronnages. Ainsi, Jean aura perpétuellement le cul entre deux chaises, certes manipulé mais hésitant lui même sur le bon camps à choisir. Le Shérif de Nothingham sera lui montré comme despotique au début du film et finira par disparaitre tout seul de l’intrigue.
Enfin, le personnage incarné par Mark Strong -encore une fois parfait- s’avère finalement être le vrai méchant de l’histoire. L’histoire, donc, s’enfonce un peu plus dans les sous-intrigues en évoquant une invasion française (tous décrits comme des sanguinaires) principalement destinée à offrir une bataille finale d’envergure.
Le film aurait pu être un désastre dans les mains d’un réalisateur sans talent. Mais heureusement, Robin des Bois est réalisé par Ridley Scott, l’homme derrière Blade Runner, Alien ou encore Gladiator. Scott, comme James Cameron, sait raconter une histoire.
Ainsi, son dernier né est particulièrement bien mis en scène : réalisation nickelle, décors et costumes (certes, pas du tout historiques) soignée, photo magnifique. Les paysages de la campagne anglaises séduisent, les images sont vraiment belles (comme ce plan de la colline de Uffington, rappelant les belles heures des cavaliers de Rohan dans le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson). Les acteurs sont particulièrement en forme, et si Russel Crowe n’a pas là le charisme d’un Maximus, il est rattrapé par le talent de Max Von Sydow et de Mark Strong.
Reste, d’un point de vue technique, une musique particulièrement oubliable. Marc Streitenfeld, élève de Hans Zimmer, semble avoir fait les fonds de tiroir de son maitre, offrant une bande originale sans saveur.
Au final, Robin des Bois est un film sympathique, qui se laisse regarder mais qui sera sans doute vite oublié, principalement parce qu’il lorgne plus du coté d’un Ivanhoé que de ce qui a fait le personnage : sa légende.
3 Comments
par Olivier
Merci cloneweb. Le ramage se rapporte donc au plumage, la bande-annonce ne me donnait pas du tout envie…j’le verrais en DVD
par averell
D’un ennui de plus de deux heures, avec Russel corbeau qui a une voix de tuberculeux, une Lea machin qui joue comme un pied, et des scenes de bataille et de combats irréalistes.
Une kate blanchette phallique comme par deux, une intrigue dont on ne comprend pas la profondeur
a fuir vous dis je, a fuir sauf si on aimes les beaux navets de Ridley.
Bon film de serie D pour préados gavés de jeux videos