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Critique : Rebel

Avant de faire l’actualité pour l’annulation de Batgirl et même avant de s’essayer à la suite de blockbuster avec Bad Boys II, Adil et Bilall tournaient déjà en Belgique. Nous, on a été marqué par Black, sorti en 2016 et désormais disponible en vidéo à la demande. Tourné à Bruxelles, le film était une intense et noire réinterprétation de Roméo & Juliette au milieu d’une guerre de gangs au sein de la capitale bruxelloise.

Fuyant les flics belges pour quelques petits trafics, Kamal part pour aider les victimes de guerre en Syrie. Contre son gré, il va se retrouver enrolé dans l’armée de l’Etat Islamique où il ne pourra faire qu’obéir. Le film retrace son parcours au Moyen Orient mais aussi les causes de son voyage et les conséquences fortes sur son petit frère, qui risque de se faire enrôler à son tour, et sa mère, restés à Bruxelles.

La bande-annonce de Rebel est maligne : elle en montre le moins possible. Le pitch au coeur de cette critique fait de même et on vous recommande d’aller voir Rebel en en sachant le moins possible tant le film est dense et surprenant. Surprenant par sa mise en scène déjà : les scènes de guerre sont impressionnantes et sans retenue. On se souvient de la fusillade finale de Bad Boys III, déjà solide, mais ici certaines scènes (d’explosion, en particulier) sont folles, rappelant les meilleurs moments de la Chute du Faucon Noir. Les cadres sont propres et les réalisateurs vont régulièrement titiller le plan-séquence avec des scènes très longues. Leur talent de narrateur se traduit aussi par des scènes musicales. On n’est pas surpris de voir ça dans le cinéma d’action indien mais des passages en rap, venant d’une production belge, sont d’autant plus surprenant qu’ils sont utilisés à des passages pivot du récit.

Le rôle principal a été confié à Aboubakr Bensaihi, déjà à l’affiche de Black, un acteur non seulement impressionnant mais aussi originaire de la banlieue bruxelloise, Molenbeek, où se déroule film. Comme beaucoup là-bas, il a connu des gens qui sont partis en Syrie. Alors, forcément, il s’est senti investi dans une guerre complexe mais que les réalisateurs montrent avec beaucoup de franchise. Un sujet sensible mais abordé avec justesse, porté par un acteur impeccable et dont la descente aux enfers du personnage, autant perdu que nous sur ses motivations d’origine est impressionnante.

Les réalisateurs, eux, cherchent à montrer tous les angles, et s’arrêtent en particulier sur les conséquences. Rebel change donc de point de vue à plusieurs reprises, avec celui du jeune frère naïf qui se fait manipuler et celui d’une mère prête à tout. Le résultat est fort, poisseux et il dénonce l’Etat Islamique frontalement. C’est ce qu’on appelle un film important.

Mais au-delà c’est surtout du grand cinéma, proche du documentaire, un film noir et solide comme on n’en voit que trop rarement. La dénonciation de la descente aux enfers par des gens qui ont connu, même de loin, le sujet. A voir absolument.

Rebel, de Adil et Bilall – Sortie en salles le 31 août 2022

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