Les Badlands, littéralement les terres impropres, pouvaient faire référence aussi bien à Bruce Springsteen qu’à une région américaine ou encore au film de Terrence Malick (sorti en France intitulé La Balade Sauvage). C’est désormais aussi le nom du 7e film de la franchise Predator, et le 3e mis en scène par Dan Trachtenberg.
On résume : le Predator est un extraterrestre ultra-violent débarqué sur Terre pour ramener un trophée. Il affronte d’abord Arnold Schwarzenegger, Danny Glover dans un futur proche, Adrien Brody sur une planète inconnue, Boyd Holbrook chez Shane Black et une jeune Comanche au début du 18e siècle. Aucun de ses films n’étaient liés entre eux. Leur point commun est l’affrontement entre un humain et la créature, à des époques et dans des contextes différents. Le film d’animation Killer of the Killers venait pousser le concept jusqu’au bout en multipliant les histoires courtes à différentes époques.

Avec Badlands, Dan Trachtenberg rabat ses cartes. On suit un jeune Predator devant faire ses preuves au sein de son clan, notamment pour être digne de remporter la technologie lui permettant d’être invisible. Débarqué sur une planète lointaine, il se met en chasse de l’adversaire ultime, une créature censée être immortel. En chemin, il va croiser une jeune androïde. Et devenir lui-même la proie.
Le réalisateur a manifestement une idée en tête depuis qu’il a pris les commandes de la franchise : les lier à sa sauce, en se foutant du reste, et s’amuser. Le héros est donc une créature moche, version maigrelette des tueurs sanguinaires précédents, qui parle une langue inventée sur une planète inconnue. Là-bas, il ne croisera pas le moindre humain. Difficile d’imaginer que le Hollywood des années 2020 accepte de financer ce genre de produit qui ne vise que les fans de la franchise mais c’est pourtant ce qui s’est passé. Et le résultat est tout à fait honorable.
Trachtenberg imagine donc un monde peuplé de créatures qui veulent toutes se bouffer et et où la flore ne sert qu’à son histoire, une histoire étonnante puisqu’on suit l’alliance entre une androïde espiègle (Elle Fanning, qui cabotine comme jamais) et cette bestiole qu’on est censé détester mais que le prologue nous fait apprécier. Le film alterne donc scènes d’action, beaucoup, des scènes généreuses et souvent mieux filmées que dans Prey, avec des touches d’humour inattendues mais bienvenues.

En introduisant assez tard un second androïde, méchant celui-ci et connecté à l’univers d’Alien, en enchainant avec quelques petits twists et en s’inspirant du Mandalorien (si si), Trachtenberg rabat sans cesse ses cartes, cherchant à surprendre un spectateur trop accoutumé à plusieurs décennies de films identiques. Ça fonctionne jusqu’à la dernière seconde, sa réplique nulle, et son plan final relié à Killer of the Killers.
Predator Badlands est une chouette réussite, ou la preuve qu’on peut chercher à connecter différents éléments d’une même franchise en proposant des idées innovantes. On n’est désormais très loin du film de John McTiernan, mais c’est aussi ce qu’on veut. Ca reste du Predator, une franchise bas du front, joyeusement gore et qui a connu du bon comme du mauvais. Ici, on est clairement du coté du bon.
Predator Badlands, de Dan Trachtenberg – Sortie en salles le 6 novembre 2025
