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Critique : Megalopolis

Il est là, le film tant attendu de Francis Ford Coppola. En Compétition Officielle, marquant le retour du cinéaste 45 ans après sa deuxième Palme d’Or, “Megalopolis” se dévoile au Festival de Cannes 2024 avant de trouver les salles d’ici à la fin de l’année (Le Pacte distribuera le film en France). Ovni supposé du paysage cinématographique actuel, “Megalopolis” est une production 100% Coppola, via sa société American Zoetrope, à 120 millions de dollars. Produit sans grand soutien externe, le film est attendu depuis plusieurs décennies – et n’a pas du tout convaincu les premiers festivaliers à le découvrir. Alors comment ne pas décevoir, mais surtout comment continuer d’innover, de surprendre à 85 ans ? Au casting : Adam Driver, Nathalie Emmanuel, Giancarlo Esposito, Laurence Fishburne, Shia LaBeouf, Aubrey Plaza, Jason Schwartzman…

Megalopolis est une oeuvre au longs cours, initiée par le cinéaste après “Apocalypse Now”, écrite par morceaux sur plusieurs décennies, remise en cause au détour de certains événements historiques (notamment le 11 septembre 2001 alors que le film est basé à New-York), et même sujet à polémiques pendant sa production. Mais au final “Megalopolis” nous arrive. Dystopie à l’américaine sur l’émergence d’une nouvelle forme de société, et d’une lutte acharnée entre un architecte brillant et visionnaire (Driver), et le maire de la ville cupide et conservateur (Esposito), “Megalopolis” est-il un laboratoire des luttes d’identités de la société américaine ?

Les premiers retours ne supportent clairement pas la vision de l’auteur. “Megalopolis” n’est à l’évidence pas votre film-doudou du dimanche soir. Œuvre protéiforme, à la limite de l’expérimentale, changeant de ton, de vitesse ou de regard selon les séquences, on pourrait l’assimiler à un vaste décorum. Nous sommes après tout plongés dans une version dystopique de New York appelée New Rome, où la décadence moderne n’est pas loin de celle des romains – mais à l’époque des émissions de télévision et des fake news. Tiraillée entre plusieurs visions de son avenir, la ville s’étire, se tord, se défend comme elle peut pour survivre. Et nous observons Coppola coller comme un patchwork géant différentes idées soutenant l’idée d’un espoir, quelque part, d’un avenir meilleur.

Avec une première moitié énigmatique, presque polar noir avec ses luttes et ses personnages sulfureux, “Megalopolis” aurait pu sortir avec les honneurs de son avant-première cannoise. Et sans séduire dans ce premier temps, le film s’écroule sous le poids des intentions dans sa deuxième moitié. Trop de kitsch apparent (voulu, ou non, ou peut-être), pas assez d’incarnation (les comédiens semblent jouer dans le vide), on se demande véritablement si Francis Ford Coppola n’aurait pas souhaité filmer une version théâtrale de cette grande représentation d’une Amérique malade et en déliquescence. Des idées il y en a, des propositions visuelles parfois réussies, mais aucune colonne vertébrale suffisamment puissante pour tout soutenir et transformer vers un grand message qui aurait marqué les esprits.

“Megalopolis” s’écroule donc sous le poids de sa mythologie, ne parvenant pas à proposer autre chose qu’une forme de pot pourri d’expérimentations et de prétentions qui s’annulent les unes les autres. On aurait aimé en tirer quelques leçons ; on en restera sur une forme de testament politique d’un visionnaire qui parle de son pays, de son histoire, de son avenir. Sans livrer de film ultime sur le sujet.

Megalopolis, de Francis Ford Coppola – Sortie en salles courant 2024

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