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Critique : Limitless

Aidé par la présence à Paris pendant quelques jours de Bradley Cooper, de ses beaux yeux et de son bon parler français, Limitless a tout du film qu’on a envie d’aller voir en second lors des sacro-saintes sorties du mercredi.

Joli casting, histoire intéressante mais qui sent le cliché, le réalisateur du sympathique Illusioniste. Tout donne envie d’aller y jeter un oeil en salle sans doute après le blockbuster de la semaine.

Mais Limitless vaut-il le coup ? Jean-Victor a sa réponse à la question.

 

 

Limitless – Sortie le 08 juin 2011
Réalisé par Neil Burger
Avec Bradley Cooper, Robert De Niro, Abbie Cornish
Eddie Morra rêve d’écrire, mais l’angoisse de la page blanche le paralyse. Sa vie sans éclat bascule lorsqu’un ami lui fait découvrir le NZT, un produit pharmaceutique révolutionnaire qui lui permet d’exploiter son potentiel au maximum. Eddie peut désormais se souvenir de tout ce qu’il a lu, vu ou entendu ; il peut apprendre n’importe quelle langue en une journée, résoudre des équations complexes et subjuguer tous ceux qu’il rencontre – tant qu’il reste sous l’influence de cette substance qui n’a pas encore été testée.
Très vite, Eddie fait aussi merveille à Wall Street, où ses prouesses attirent l’attention de Carl Van Loon, un puissant magnat de la finance, qui lui propose de négocier la plus grosse fusion de l’histoire. Eddie ignore encore que des gens sont désormais prêts à tout pour mettre la main sur son stock de NZT. Alors qu’il découvre le danger, il doit aussi affronter les terribles effets secondaires du produit. Pour survivre à ceux qui le pourchassent de toutes parts, Eddie puise de plus en plus dans ses réserves. En aura-t-il suffisamment pour se montrer plus intelligent que tous ses ennemis ?

 

Le succès est un argument marketing solide et ça, Hollywood l’a bien compris.
Quand un film fait péter le box office et aligne les chiffres mirobolants, les distributeurs n’hésitent pas à ressortir des affiches pour signaler que même votre voisin a vu le film et qu’il serait bon d’aller faire un tour dans la salle obscure correspondante histoire de pas passer pour un blaireau lors de votre prochain barbecue de quartier. Partant de ce principe là, Hollywood a développé une nouvelle passion pour les cartons inattendus, ces petits films dont on attendait rien et qui parviennent comme par magie à se faire un trou dans le nid, sans même avoir suscité le buzz auparavant comme on bien pu les faire Paranormal Activity et autres joyeusetés du genre.

Limitless, le nouveau long métrage de Neil Burger (L’Illusionniste avec Edward Norton, c’était lui), fait partie de ces films surprenant tout le monde et affichant fièrement 78 millions au compteur américain avec un budget trois fois moindres. Prenant en compte la popularité grandissante de Bradley Cooper et la présence de Robert de Niro au casting, le film a surpris tout le monde et s’attaque maintenant à la conquête du monde avec comme argument marketing « ca a cartonné aux US ! » Et même si le débat est sans fin, on sait que le succès ne rime pas toujours avec qualité…

Limitless présente d’abord certaines atouts non négligeables pour devenir une sorte de film culte chez les adolescents ou jeunes adultes. On y voit ce très sympathique Bradley se heurter au fameux problème de la page blanche, ce qui s’accompagne évidemment d’un compte en banque en vrac et d’une vie amoureuse en déroute. Jusqu’au jour où notre auteur va découvrir grâce à une connaissance lointaine l’existence d’une drogue appelée le NZT, permettant d’exploiter 100% des capacités de notre cerveau là où nous n’en utilisons que 20% habituellement.
Transformant le héros en véritable génie capable d’ingurgiter une quantité d’informations colossale en moins qu’il ne faut pour le dire et avec une faculté de réflexion délirante, la drogue va rapidement changer sa vie avant de ramener les éternels ennuis non précisés au début.

Tiré d’un roman intitulé The Dark Fields de Alan Glynn, Limitless fait comprendre d’emblée pourquoi Neil Burger a voulu l’adapter : passant d’un état quasi léthargique à celui de demi-Dieu repoussant les horizons et les possibles, le héros voit sa perception du monde complètement bousculée par sa pilule magique, sa vie morose devenant soudain excitante et ultra grisante.
Voyant l’occasion de se lancer dans une mise en scène stylisée et transmettant autant que possible les sensations du héros au spectateur, Neil Burger plonge la tête la première dans son histoire avec une armada d’effets clipesques et de figures de style mal employées.
Car voyez vous, Neil Burger adore David Fincher, et plus particulièrement Fight Club. Quoi de plus normal me direz vous. Sauf que Neil Burger s’est dit que pomper dans les grandes largeurs la mise en scène de Fight Club serait une idée géniale pour son film.
On se retrouve donc avec une narration en voix off comme celle de Jack dans le Fincher, dans une première partie de film avec un héros subissant plus qu’autre chose son existence à grand coup de musique électro qui tournera en boucle tout du long (le compositeur Paul Leonard-Morgan ne semblant pas bien saisir le concept de variation) et de montage supra nerveux et poseur, comprenant des mouvements de caméras volontairement compliqués, une photo qui s’adapte à l’humeur du personnage et une rapidité d’exécution pour imposer un rythme sous adrénaline.
Neil Burger ne recule devant rien et fonce vers son sujet avec la sagesse d’un éléphant, sa mise en scène se révélant poseuse et ridicule tant la surenchère d’effets finit par taper sérieusement sur le système, à l’image d’un générique sous forme de travelling kaléidoscopesque collant la gerbe en 30 secondes, ce qui n’est pas vraiment la meilleure chose du monde pour débuter un film. La comparaison avec Fincher ira même jusqu’à la musique puisque Burger ose utiliser une chanson de How to Destroy Angels, le dernier groupe en date de Trent Reznor & Atticus Ross, compositeurs des scores de The Social Network & le prochain The Girl With a Dragon Tattoo.

Sûrement trop occupé à vouloir faire du sous Fincher lourdingue tout du long pour que son film soit cool et branché, le réalisateur semble ne pas avoir fini la lecture du script avant d’être convaincu qu’il tenait là le sujet parfait pour ses expérimentations de bas étage. C’est d’autant plus bête que le scénario de Limitless se pose comme un parangon de stupidité grasse, multipliant les aberrations narratives et les incohérences d’une histoire à la narration ultra linéaire et ne manquant pas de rappeler qu’on sort bien d’un bouquin, et que ca devait être bien mieux dans ce dernier.
A titre d’exemple, prenons le méchant du film. Bradley Cooper est devenu une sorte d’Einstein, apprend à jouer du piano comme Mozart en 3 jours, se met à parler couramment plusieurs langues et parvient à accomplir une fusion jugée impossible entre deux multinationales énormes, comme si Microsoft & Google s’associaient. En clair, le bonhomme est devenu le maître du monde en plus d’être riche. Forcément, le fameux secret NZT ne restera pas longtemps caché et possédant le dernier stock disponible d’ecstasy cérébrale, le héros fait des envieux et se trouve vite pourchassé par certaines personnes, ou du moins par une seule personne qui se trouve être le dealer de drogue du coin de la rue. Et aussi hallucinant que cela puisse paraitre, cette racaille de seconde zone va bien mettre des bâtons dans les roues de Cooper en le menaçant devant chez lui et en venant lui réclamer sa dose sous peine de révéler son secret à tous.

En clair, l’homme le plus intelligent du monde, disposant de tout ce dont il désire, se fait martyriser par le gangster russe du coin et ne parvient pas à s’en débarrasser.

Donnant lieu à des scènes grand guignolesques empilant les actions complètement improbables, comme une porte blindée de 30 cm de profondeur découpée avec une scie circulaire de supermarché, le scénario balance tout vraisemblable par-dessus bord et s’enlise dans un script ultra prévisible, la mise en scène lourdingue ne manquant pas de bien montrer ce qui arrivera 5 minutes plus tard. Et tandis que notre héros termine le film sur un coup de génie comparable à un lapin sortant d’un chapeau de magicien alors qu’il galérait 10 minutes plus tôt avec le ripoux du coin, les autres personnages sont sous traités, De Niro jouant un PDG donnant de grandes leçons de vie en roue libre tandis que la charmante Abbie Cornish sert juste de faire valoir féminin 10 minutes dans le film et revenant peu avant la fin pour ouvrir les yeux au héros en 30 secondes grâce à la grande sagesse féminine. Vous avez dit cliché ?

Neil Burger a beau faire un film sur un génie absolu, il a peut être oublié au passage qu’il n’en était lui-même pas un. Avec son script d’une connerie abyssale, son intrigue à la mords-moi-le-nœud et sa réalisation de clippeur attardé, Limitless use de son concept pour nous prendre pour des cons alors qu’il se révèle ultra limité. Ce qui relève moins du paradoxe, que de la sacro sainte stupidité.

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2 commentaire

  • par Vincent
    Posté samedi 11 juin 2011 19 h 06 min 0Likes

    Tu prêches un converti, moi aussi je trouve ça complètement con qu’un type super-intelligent se fasse malmener dans un demeuré russe ou qu’il ne se rende pas compte qu’il va bientôt manquer de pilules !
    Sur ASBAF on a illustré la connerie du film avec la première critique (de Limitless) dont vous êtes le héros : http://www.asbaf.fr/2011/06/limitless-la-critique-dont-vous-etes-le.html

  • par Cyril
    Posté vendredi 15 juillet 2011 10 h 55 min 0Likes

    Le livre dark fields dont est inspiré limitless est lui même outrageusement pompé sur une nouvelle d’Isaac Asimov datant des années 1970-1980: De peur de se souvenir (Lest We Remember, 1982. Soit quelques pages, une idée pour un récit court.

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