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Critique : Les Adoptés
Mélanie Laurent soulève souvent des avis négatifs sur Internet et est régulièrement considérée comme une actrice médiocre ou une chanteuse fadasse.
Pourtant, la comédienne très à l’aise dans Beginners, continue son petit bonhomme de chemin et s’attaque cette fois à la réalisation de long-métrage. Elle avait déjà mis en scène « A ses pieds », un court métrage classé X pour un projet de Canal +. Cette fois elle franchit le pas et arrive dans la cour des grands.
Alors faut-il avoir peur de Mélanie Laurent ? Pas si sûr..
Les Adoptés – Sortie le 23 novembre 2011
Réalisé par Mélanie Laurent
Avec Mélanie Laurent, Denis Ménochet, Marie Denarnaud
Une famille de femmes que la vie a souvent bousculée mais qui est parvenue avec le temps à apprivoiser les tumultes. Les hommes ont peu de place dans cette vie et naturellement quand l’une d’entre elle tombe amoureuse tout vacille. L’équilibre est à redéfinir et tout le monde s’y emploie tant bien que mal. Mais le destin ne les laissera souffler que peu de temps avant d’imposer une autre réalité. La famille devra alors tout réapprendre. La mécanique de l’adoption devra à nouveau se mettre en marche forçant chacun à prendre une nouvelle place…
En 2011, il aura été difficile de ne pas la voir : maîtresse des cérémonies d’ouvertures et de clôture au festival de Cannes, premier rôle dans « Et soudain, tout le monde me manque », « Requiem pour une tueuse » ou le très sympa « Beginners », chanteuse avec son premier album « En t’attendant »…
Mélanie Laurent était partout. Enfin partout, ou presque, puisqu’il lui manquait visiblement deux titres à son CV, ceux de réalisatrice et scénariste. Une erreur désormais passée, puisqu’avec Les Adoptés, la demoiselle parachève son année déjà bien chargée en passant pour la première fois derrière la caméra. Comme toujours, une seule question se pose : reconversion réussie ?

A première vue, il y a quand même de quoi avoir sacrément peur. Comédie dramatique mettant en scène deux sœurs adoptives inséparables qui vont soudainement avoir des rapports plus conflictuels à cause d’un homme avant que l’une d’elle ne tombe dans le coma et calme tout le monde, Les Adoptés sentait grandement l’énième tire-larmes à la française, labellisé cinéma populaire très poussé dans le pathos. Après tout, Mélanie Laurent (qui occupe en plus l’un des premiers rôles) avait bien joué dans la Rafle…
Ou alors était-ce justement elle qui nous faisait peur ? Car avec sa casquette multi poste et le fait qu’elle se mettait elle-même en scène, on pouvait craindre le syndrome de l’acteur se regardant jouer avec une grande complaisance et du grand sentiment histoire d’épater la galerie.
Mais si la démarche était sincère ? Est-ce possible que Mélanie Laurent ait fait tout ça pour le plaisir de nous raconter une histoire qui lui tenait à cœur, le plus simplement du monde ?
Tant de questions montrent combien on était craintifs face à la chose et une fois celle-ci vue et digérée, on ne doute plus une seule seconde des attentions de la belle : elle avait quelque chose à raconter.
Alors oui, les Adoptés n’est pas un film d’une originalité folle et se retrouve malgré lui comme quiconque l’aurait été à sa place : dans le terrain ultra balisé du drame made in France.
Forcément, quand on joue dans la plus grosse tranche de la production nationale avec la comédie, il faut avoir un sacré tempérament pour sortir son épingle du jeu.
Ceci dit, la cinéaste (puisque c’est comme ça qu’il va falloir l’appeler à présent) a quelques cartes à nous présenter, et pas des moindres. Certes, le scénario de son film sent le déjà-vu en terme de narration (dont le chapitrage éclaté entre chaque personnage rappellera évidemment un réalisateur danois radié de Cannes) et de récit, puisque l’évolution de l’intrigue et son dénouement n’a rien de novateur. Cependant, il est évident que la belle a vu quelques films auparavant, tant on retrouve des influences évidentes, le parcours de ce trio de personnages rappelant quelque peu celui du 21 Grammes d’Inarritu, toute proportion gardée.
L’écriture générale du film se trouve ainsi appliquée à revisiter avec humilité un schéma usité, mais le fait bien et surtout avec un grand amour pour ses personnages. Que ce soit pour le rôle de Marie Denarnaud ou celui de Denis Ménochet, on sent une grande bienveillance dans la manière de filmer les comédiens, auquel Mélanie Laurent laisse la place et le temps pour respirer, prendre du plaisir et de la manière la plus simple qui soit, jouer. On sent même une certaine appréhension à se mettre en avant de la part de la comédienne/réalisatrice, qui évidemment ne manque pas d’interagir visiblement avec bonheur au sein de sa petite troupe, mais qui a plus de difficulté à se mettre en avant. C’est ce qu’on craignait le plus à vrai dire, et c’est un peu là que le bat blesse…

Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, il semble que par instant la jeune femme veuille absolument prouver quelque chose, montrer l’étendu de ses talents ou parfaire sa bulle à elle, lorsqu’elle se met en scène de manière onirique en train de jouer de la guitare (et là franchement, on s’en serait bien passé) ou seule encore une fois en gros plan pour une sorte de confession ayant presque des airs de monologue. Peut être est-ce l’envie de se montrer réellement, telle qu’elle se voit, comme une artiste intègre qui perçoit l’étendues de ses activités comme un seul et même tout.
Jamais narcissique ou nombriliste, cette démarche en demeure un peu côté à côté de la plaque, mais se révèle finalement mince face au reste d’un long métrage par ailleurs correctement fabriqué.
Entre la jolie lumière douce et soignée d’Arnaud Potier et des cadrages rappelant immédiatement le cinéma indépendant américain type Garden State ou Little Miss Sunshine, Les Adoptés affiche fier allure et porte une esthétique plus soignée qu’à l’accoutumée, ce qui nous en bouche un coin pour tout vous avouer. On attendait la miss au tournant tant on sait qu’en France, la mise en scène n’est pas vraiment le fort des acteurs passant derrière la caméra et même si il n’y a pas de quoi crier au génie, le tout s’avère joliment emballé, à l’image du film en général.
On le concède, on attendant Mélanie Laurent au tournant, prêts à furieusement se déchainer sur son film. Et pourtant, il faut bien l’admettre, ce n’est pas avec les Adoptés qu’on pourra se payer la tête de cette hyperactive qui, en allant puiser dans des références bien senties aussi bien pour la mise en scène que pour le scénario, livre un premier film loin d’être exempt de tout défaut, mais tout aussi loin d’être honteux, et même pas désagréable. Mélanie, mea culpa.
1 commentaire
par tedsifflera3fois
Trop appliquée, Mélanie Laurent étouffe son histoire d’artifices convenus et finit par donner le sentiment de vouloir faire pleurer à tout prix mais d’avoir peu à raconter.