1118Vues 3commentaires
Critique : Le Garçon et la Bête
Sorti en salles au Japon en juillet dernier, Le Garçon et la Bête (バケモノの子, Bakemono no ko) a été présenté en avant-première à Paris dans le cadre de la nuit animation du PIFFF et en ouverture du Festival Kinotayo. Il sera également visible au Forum des Images ce jeudi 3 décembre à 20h30 dans le cadre du Carrefour de l’Animation.
Pour les autres, il faudra attendre le 13 janvier 2016 pour découvrir la première bombe de l’année prochaine.
LA CRITIQUE
Trois ans après le succès de l’excellent Les Enfants Loups Ame & Yuki, nous étions curieux de savoir vers quoi allait se tourner Mamoru Hosoda. En quatre films, celui qui a fait ses armes à l’animation et au storyboard de Dragon Ball Z puis à la réalisation de films Digimon, est considéré comme l’un des plus grands noms de l’animation japonaise et certains voient déjà en lui le successeur de Hayao Miyazaki. Pas sûr que le fondateur du studio Ghibli ait vraiment besoin d’un dauphin. Néanmoins, ça en dit long sur le talent du bonhomme dont le deuxième film qu’il a écrit lui-même arrive prochainement sur nos écrans.
Le Garçon et la Bête commence au Japon, et plus précisément à Tokyo dans le quartier de Shibuya célèbre pour son carrefour géant où des milliers de personnes passent chaque jour. Ren est un garçon qui a fui sa famille après la disparition de son père et le décès tragique de sa mère. Cherchant à vivre par lui-même, il va faire la connaissance de Kumatetsu, une Bête armée d’un katana. En parallèle de notre monde existe en effet le monde des Bêtes, le Jūtengai, ou des animaux se comportant comme des humains vivent en société. Leur seigneur voulant se réincarner en divinité, il se cherche un successeur qui a lui-même besoin d’un disciple. Naturellement, Kumatetsu va faire de Ren son élève, amenant un humain dans le royaume animal.
Ce qui pourrait être un récit initiatique classique se révèle être tout à fait autre chose, Hosoda s’amusant à jouer avec les codes du genre à travers une séquence de voyage où le maître et l’élève parcourent différentes contrées pour parfaire leur apprentissage en … quelques plans seulement. Autre chose donc, parce que les deux principaux protagonistes ont des caractères forts, à la fois semblables et diamétralement opposés, leur permettant de s’engueuler voir de se comportement brutalement l’un envers l’autre. Il faut dire que le « maître » n’en est pas vraiment un, que c’est une grosse feignasse peu qualifiée en pédagogie et que le petit humain est un rebelle qui hait tout le monde. Certes nous ne sommes pas à l’abri de scènes classiques où l’un apprend les arts martiaux à l’autre pendant que les saisons défilent ni à des passages rappelant le Karate Kid de John Avildsen (ce qui explique sans doute pourquoi l’affiche française du film rappelle celle du métrage avec Pat Morita) mais il y a une vraie volonté de proposer quelque chose de différent.
Le récit va se révéler, dans son deuxième acte, être d’avantage une histoire sur un personnage tiraillé entre deux mondes. Ren doit-il rentrer chez lui ou continuer à vivre parmi les Bakemono ? Pour bien insister sur le fait que les deux univers sont très différents, Hosoda dépeint un Japon ultra moderne et très sombre face à un univers animal très lumineux et coloré (pour lequel les animateurs sont allé faire des recherches au Maroc). Et en utilisant des animaux dont certains sont très populaires au Japon et dans les contes nippons comme le lapin, l’ours ou la baleine, derrière leur apparence bestiale, le réalisateur montre des personnages profondément humains, comme il l’avait déjà fait dans Ame & Yuki. A l’inverse, on va vite comprendre que les monstres ne sont pas ceux que l’on croit, la seule lumière humaine dans la vie de Ren viendra de la jeune Kaede
On n’en dira pas d’avantage pour ne pas déflorer du tout le troisième et incroyable dernier acte, dont la grande scène finale est un monument du genre. On pourra cependant ajouter qu’à travers la richesse de son propos et la force de ses personnages, Mamoru Hosoda parvient une nouvelle fois à jongler avec nos émotions, à nous faire rire pendant une scène qui pourrait être dramatique et inversement.
Très différent de Ame & Yuki dans sa construction autant que dans ses personnages ici beaucoup plus hauts en couleurs, Bakemono No Ko ressemble à son prédécesseur par le trait et l’animation désormais propres à Hosoda. Quand à savoir s’il est meilleur ou pas, c’est là que ça devient le plus subjectif. Si vous aimez les héros et les combats en arène, vous trouverez d’avantage votre compte dans l’histoire de ce Garçon et sa Bête. Si vous préférez quelque chose de plus intime, de plus triste aussi, alors vous aurez plus de plaisir devant Ōkami Kodomo no Ame to Yuki.
Le Garçon et la Bête est un film beau, drôle, riche, puissant, émouvant, que vous aurez probablement envie de revoir dès la sortie de salle. Pas sûr que Hayao Miyazaki ait besoin qu’on lui désigne un successeur. Ce qui est certain, par contre, c’est que Mamoru Hosoda a le même talent.
Le Garçon et la Bête – Sortie le 13 janvier 2016
Réalisé par Mamoru Hosoda
Avec les voix originales de Koji Yakusho, Aoi Miyazaki, Shôta Sometani
Shibuya, le monde des humains, et Jutengai, le monde des Bêtes… C’est l’histoire d’un garçon solitaire et d’une Bête seule, qui vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu qui lui donne le nom de Kyuta. Cette rencontre fortuite est le début d’une aventure qui dépasse l’imaginaire…
3 Comments
par juliane
Les Japonnais sont les meilleurs dans ce genre de film, j’adore aussi leurs humour
Vous m’avez donner envie de voir ce film avec votre critique
Merci pour la découverte