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Critique : Le Deuxième Acte

Le voilà, le troisième (!) film annuel de Quentin Dupieux, après « Yannick » sorti en août 2023 et « Daaaaaali !» en février de cette année. Cinéaste boulimique de film court (généralement à peine plus long que l’heure minimum pour appeler ça un long métrage), l’auteur-réalisateur-monteur-chef opérateur continue d’explorer sa propre mythologie absurde. Et surtout, continuer d’observer les acteurs et actrices, cette faune extraordinaire divisée par le miroir de la célébrité.

Où est l’humain, où est l’artifice ? En cela « Le deuxième acte » est au centre de son sujet, mettant en scène un quatuor de comédien.nes en pleine possession de leur moyen : la merveilleuse Léa Seydoux très à l’aise dans le registre de la comédie, un Vincent Lindon jouant de lui-même, Louis Garrel qu’on devine de moins en moins sérieux (avec plaisir) et l’espiègle Raphaël Quenard qui continue sa collaboration avec le cinéaste qui l’aura propulsé sur le devant de sa scène (la même année qu’un César obtenu pour « Chien de la casse »). De cette famille de cinéma, Dupieux s’amuse. Tantôt personnages du film, tantôt comédiens en répétition : le quatrième mur n’existe plus, l’univers de Dupieux pulvérisant comme à son habitude ce qu’on peut imaginer d’un cinéma classique.

Mais ce « deuxième acte » est aussi l’exemple des limites de Quentin Dupieux, cinéaste espiègle, maître à bord de son navire, qui ne livre ses pensées que par bride. Son cinéma en 13 films devient une mythologie en 13 chapitres, chacun apportant à l’autre. Chacun ne livrant pas totalement le fond de sa pensée. Chacun étant un essai filmé (joyeusement, diablement, ironiquement) qui ne demande qu’à poursuivre la discussion hors de la salle. Et c’est aussi, sans doute, pour cela que Dupieux est devenu une marque de réussite. Ces trois derniers films réunissent un public de plus en plus nombreux, les festivals s’arrachent ces films pertinents, irrévérencieux, faciles à programmer. Et comme d’habitude, on reste un peu sur notre faim.

« Le deuxième acte » est un joli film-miroir sur la condition de comédien, sur le pouvoir de la célébrité et de l’incarnation, sur les egos monstrueux dont se jouent les quatre protagonistes. Finalement la star du film, c’est Manuel Guillot, ce comédien de 55 ans que Dupieux révèle, malicieusement, au milieu de la mêlée. Comme s’il fallait constamment surveiller l’inattendu dans un film, ne pas se limiter aux stars à l’écran mais dépasser le cadre du film pour y trouver la pépite. Et si le film se fait moins efficace dans ses tentatives critiques (sur l’intelligence artificielle ou la vague #MeToo), c’est sans doute pour prouver, malgré lui, que dans l’essai qui nous est présenté l’essentiel ce sont ces gens qu’on regarde.

Le Deuxième Acte, de Quentin Dupieux – Sortie en salles le 15 mai 2024

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