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Critique : La Grande Muraille
Matt Damon se repose sur ses lauriers. Après avoir tourné le plus faible Jason Bourne de la saga, le comédien revient sur les écrans dans la Grande Muraille et dans un rôle de gros bras qui troqué le gun pour un arc, se contentant de faire « a Matt Damon movie » alors qu’il en a bien plus sous le capot.
La Grande Muraille est aussi la première production américaine pour laquelle a travaillé sur le réalisateur de la Cité Interdite et Epouses & Concubines…
LA CRITIQUE
La Grande Muraille de Chine est un ensemble de fortifications destinées à protéger la frontière Nord du pays d’une longueur de plus de 6000 kilomètres, détruit et reconstruit à de nombreuses reprises et dont la partie la plus connue, celle que l’expression désigne par défaut, est celle construite par la Dynastie Ming à partir de la seconde moitié du 14e siècle. Le lieu figure évidemment dans de nombreuses productions cinématographiques dont Mulan, le reboot de Karate Kid avec Jackie Chan ou encore Superman 4, dans lequel le méchant de l’histoire la détruit en partie. Ce que le film éponyme de Zhang Yimou veut raconter est une des légendes derrière le lieu.
On va donc faire la connaissance des personnages de Matt Damon et Pedro Pascal, un duo qui se retrouve acculé au fameux mur après avoir été poursuivi par une bande de brigands. Ils auraient dû se retrouver au cachot mais Damon ayant eu le bon goût d’avoir tué une créature réputée invincible, ils vont se mettre au service de l’armée en place en espérant pouvoir repartir avec un lot de la fameuse poudre, seulement alors connue qu’en Chine.
La Grande Muraille est un pari pour les productions cinématographiques à venir. Basé sur une idée de Max Brooks, qui a écrit World War Z et qui ressert ici certaines de ses trouvailles, et d’après un scénario passé entre mille mains dont celle de Tony Gilroy toujours sur les bons coups, le film est une grosse production americano-chinoise pilotée par Legendary Pictures dont les investisseurs sont ceux du groupe Wanda, un groupe basé à Pékin. Le casting est évidemment partagé mais les équipes techniques le sont aussi. Ainsi, deux directeurs de la photographie sont en charge du bébé et on doit la réalisation à Zhang Yimou, qu’on ne présente plus. Le film a donc besoin d’être un succès pour que d’autres productions du même type puissent être montées, un partenariat plus solide que ceux qu’on avait pu voir par le passé et notamment dans le dernier Transformers.
Pour cela, il eut fallu que le film soit vraiment solide. Mais la Grande Muraille se contente d’être un divertissement efficace, ce qui n’est déjà pas si mal, mais il ne parvient jamais à décoller. La faute à une production qui semble avoir été chaotique (certaines scènes sont manifestement des reshots malfoutus) comme le sont malheureusement beaucoup trop de blockbusters américains; à des personnages sous-employés voir sous-caractérisés (seule Jing Tian tire son épingle du jeu coté casting chinois). Willem Dafoe ne sert à rien et Pedro Pascal dégage de l’intrigue dès qu’il ne sert plus à rien.
Heureusement, la mise en scène et le rythme insufflé par le réalisateur du Secret des Poignards Volants nous permettent de voir ce qu’on voulait voir : à savoir une sorte d’ersatz de la Bataille du Gouffre de Helm étendue à deux heures, et où des créatures quelconques remplacent les elfes de Peter Jackson. Matt Damon, le nouveau Legolas, est à l’aise avec le rôle et les scènes d’action sont suffisamment bien foutues pour qu’on ne s’ennuie jamais. La Grande Muraille n’est donc la grande fresque de fantasy sino-américaine qu’elle aurait pu être, se contentant d’être un blockbuster lamba, divertissant un dimanche pluvieux.
La Grande Muraille, de Zhang Yimou – Sortie le 11 janvier 2017