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Critique : Hippocrate saison 3

D’abord médecin, Thomas Lilti a permis à Reda Kateb d’obtenir un César pour son rôle dans Hippocrate (le film) sorti en 2014. Puis le réalisateur a continué à nous plonger dans le système hospitalier à travers Hippocrate (la série), disponible sur Canal+
Pendant la première saison, on a suivi un groupe d’internes chargés de remplacer les médecins d’un hôpital mis en quarantaine. La seconde saison voyait les mêmes personnages confrontés au mondes des urgences suite à un problème technique. Le quatuor était rejoint par un médecin urgentiste aussi bienveillant que professionnel. et les épisodes se terminaient sur l’arrivée du Covid en France.

Une pandémie qui a permis aux Français de mieux découvrir l’univers de l’hôpital, une pandémie qui a rabattu les cartes. Et permis à Thomas Lilti de raconter encore de nouvelles choses, toujours avec brio.

Après une introduction haletante « hors les murs », la série rassemble ses protagonistes éparpillés dans l’hôpital des saisons précédentes pour poser ses bases. Parce que la hiérarchie a fait fermer des lits, parce que l’histoire se déroule en plein été avec un personnel réduit, les urgences ferment tous les soirs à 20h. Comment travailler dans ces conditions difficiles ? Les cinq héros d’Hippocrate ont, eux, un serment à respecter : ils vont devoir se tourner vers des systèmes D, pour ne laisser que le moins de gens possible sur le carreau.

L’écriture de Lilti et sa narration sont toujours aussi solides. Le premier épisode pose les bases : après une première partie en apnée, le scénario permet aux différents protagonistes de se retrouver entre les lits d’hôpital quelques mois après le Covid. Et nous de retrouver nos habitudes, des scènes médicales sous tension aux moments plus légers auxquels le réalisateur nous a habitué par le passé.

Mais si les deux premières saisons utilisaient des prétextes narratifs pour mettre les personnages sous pression, cette nouvelle aventure n’a besoin que de la réalité du terrain. Non seulement les soignants sont vidés par ce qu’ils ont traversé et ont mérité leur repos mais on découvre surtout un système désormais abandonné par sa hiérarchie et les pouvoirs publics. Thomas Lilti n’a pas besoin de grand chose, finalement, pour donner un aspect politique à sa série. Il lui suffit de lui montrer la réalité du terrain : le manque criant de personnel, les lits fermés et les patients qu’on doit finir par mettre dehors.

On y découvre des personnages blasés, qui n’ont pas d’autre choix que de faire avec ce qu’ils ont. Mais on suit toujours avec passion des héros mûs par leur vocation, prêts à bousculer toutes les règles pour permettre aux gens d’être simplement soignés. Tout cela grâce à des acteurs et actrices absolument impeccables. Karim Leklou a explosé au cinéma grâce à la série, Alice Belaidi tient son meilleur rôle et Bouli Lanners est juste incroyable dans le rôle d’un toubib au grand coeur mais ferme, dur avec ses équipes.

On a vu quatre épisodes (sur six) au moment où ces lignes sont écrites. Quatre épisodes dans lequel la débrouille et la passion des médecins ne peut pas suffire. Même si des solutions plus ou moins bancales sont trouvées pour palier aux fermetures de lits, même si finalement tout le monde n’est pas si facilement mis à la porte, on sent monter la tension. Vers l’explosion. Lilti montre un environnement tenu à bout de bras par des gens motivés mais jamais soutenus, qui ne peut que craquer.

Si vous avez aimé les premières saisons d’Hippocrate, si le système hospitalier français est devenu un centre d’intérêt après le Covid, vous ne regretterez pas la nouvelle saison, incarnées par des comédiens à fonds et un réalisateur/scénariste qui a encore beaucoup de choses à raconter. En espérant que ce portrait de héros du quotidien remonte les strates de la hiérarchie, jusqu’à qui de droit.

Hippocrate Saison 3, de Thomas Lilti – à partir du 11 novembre 2024 sur Canal+

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