666Vues 0commentaires
Trois ans après le succès du premier volet, tous les habitants de Downton Abbey reviennent pour une nouvelle aventure. Il faut dire qu’avec un box office estimé à 238 millions de dollars pour un budget plus de dix fois inférieur, tout indiquait que les aventures des Anglais les plus « british » du 20ème siècle n’étaient pas prêts de s’arrêter. Le créateur de la série initiale Julian Fellowes revient donc avec une nouvelle histoire et Simon Curtis (My Week with Marylin) à la réalisation.
Si vous n’êtes pas familier de l’univers, sachez que Downton Abbey raconte l’histoire d’une famille de la noblesse anglaise, les Crawley. La série avait la particularité de raconter aussi bien les aventures et drames de la riche famille (« upstairs ») que celles du personnel de maison (« downstairs »), le tout sur un pied d’égalité, avec gentillesse et bienveillance. Tout avait commencé en 1912 par le naufrage du Titanic et la mort de l’héritier de Downton. Une Nouvelle Ere se déroule à la fin des années 20 et il est cette fois question de l’héritage caché d’une maison dans le sud de la France. En parallèle, le manoir va se faire envahir par une équipe de tournage, venue mettre en scène un long métrage au moment de la naissance du cinéma parlant.
Si dans le film précédent, Julian Fellowes prenait le temps de poser son univers pour les non-initiés, il ne le perd plus ici. On commence sur le mariage de deux personnages, et tant pis si vous avez oublié qui ils sont. Les ficelles d’écriture sont toujours les même : un évènement vient bousculer le quotidien des habitants du château. Coté coulisses, on doit tout préparer. Coté scène, on rechigne car ce qui se prépare vient bousculer les petites habitudes d’une famille toujours coincée dans le passé.
La bonne idée vient cette fois de l’arrivée du cinéma parlant, et du tournage dans la campagne anglaise. Déjà, ça donne un aspect meta à l’intrigue (le château existe vraiment, est habité et sert déjà de lieu de tournage) mais ça permet de dérider une grande partie des personnages. Fellowes a toujours joué sur le décalage entre la famille Crawley et leur époque. Dès la première saison de la série, ils s’interrogent sur la modernité (l’arrivée du téléphone, se débarrasser de leurs 498 domestiques…) mais ici la technologie du cinéma parlant permet d’avancer d’un grand pas, le scénariste et le réalisateur rendant hommage au passage à Chantons sous la Pluie, avec quelques similitudes d’écriture. Et Dominic West, en acteur des années vingt, est impeccable.
L’histoire d’héritage est, elle, plus classique. Elle permet surtout d’utiliser des personnages mis de coté et de nous montrer de belles images de fêtes somptueuses tournées dans le sud de la France. Elle permet aussi à Nathalie Baye d’entrer dans l’univers, dans le rôle d’une vieille rombière relou. Elle est aussi l’occaion d’évoquer, à sa manière, le temps qui passe. Les acteurs, les spectateurs et les personnages ont pratiquement vingt ans de plus qu’au début de la série. Maggie Smith, au coeur de cet arc narratif, a désormais 87 ans. Elle ne joue plus qu’assise, ou presque. Et on ne peut s’empêcher de penser que l’actrice culte n’est plus avec nous que pour quelques petites années.
Tout cela fait que Julian Fellowes et Simon Curtius font monter une émotion, douce et sincère. Et sans vraiment s’en rendre compte, on finit en larmes. Une nouvelle fois le scénariste vise juste en racontant une histoire se déroulant il y a tout juste un siècle. On a tous pris vingt ans dans la tronche depuis les débuts de leurs aventures et notre entourage n’est plus le même, tout comme le monde a changé. Difficile de ne pas se sentir touché.
Les familles se composent et se décomposent mais le socle de Downton ne bouge pas. C’est pour cela que leurs aventures se suivent toujours avec autant de plaisir et qu’on sera là pour l’inévitable troisième volet.
Downton Abbey II Une Nouvelle Ere, de Simon Curtis – Sortie en salles le 27 avril 2022