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Critique : Byzantium

Presque 4 ans après Ondine et surtout 19 ans (oui, déjà) après Entretien avec un Vampire, Neil Jordan revient derrière la caméra pour nous proposer un film sur le mythe des buveurs de sang.

Après avoir fait le tour des festivals dont Toronto l’année dernière, Byzantium arrive tout doucement sur les écrans de l’Angleterre aux pays de l’Est ces derniers mois et il sera à l’affiche en Belgique à la fin du mois d’août.
Néanmoins, le film n’a toujours pas de distributeur pour la France. Alors si l’un d’eux tombe par hasard sur ces lignes, qu’il les lise jusqu’au bout. On pense également aux programmateurs de festivals comme l’Étrange à Paris…

Jean-Victor, lui, grand fan de Gemma Arterton, a eu la chance de le découvrir à Neuchâtel.

 

D’un côté, nous avons le mythe du vampire et sa situation actuelle, pas très folichonne suite à une certaine franchise hollywoodienne dont on n’a même plus besoin de prononcer le nom. De l’autre, Neil Jordan, réalisateur irlandais à la carrière variée, qui honorait les suceurs de sang en 1994 avec son désormais culte Entretien avec un vampire et qui n’a jamais cessé d’être passionné par les créatures mythologiques comme en témoignait son précédent film Ondine qui revisitait à sa manière la figure de la Sirène. Bientôt 20 ans après avoir réuni Brad Pitt & Tom Cruise à l’écran, voilà donc que le vampire retrouve Neil Jordan (ou l’inverse) pour une petite cure de jeunesse, avec Byzantium. Exit les suceurs, bienvenue les suceuses, Gemma Arterton & Saoirse Ronan y incarnant mère et fille vampiriques subsistant sans but depuis des siècles, jusqu’au jour où…

Qu’importe les raisons pour lesquelles Byzantium a été fait, il règne durant le visionnage l’impression que la mission première du film est de redonner au culte vampiresque ses lettres de noblesse après avoir été traîné dans la boue. Toutefois, Neil Jordan ne reprend pas à la lettre les codes de cette créature et réussit néanmoins à nous fasciner de nouveau pour elle, sûrement parce qu’il met en place un univers bien à lui qui respecte l’essence du sujet tout en se le réappropriant.
Ainsi, les vampires de Byzantium vivent à la lumière sans aucun problème, et n’ont pas de dents longues apparentes. Ne criez pas au blasphème trop vite, car ils ont toujours la dalle, et ont des ongles devenant rapidement proéminents afin de mieux trancher la gorge des futures victimes.
Ce remaniement va jusqu’aux origines de cette immortalité, le film montrant comment les deux héroïnes nées humaines sont devenues ce qu’elles sont. Sans trop en dire, la manière avec laquelle le réalisateur creuse son background s’avère passionnante et donne lieu à des scènes extrêmement graphiques qui constituent la plus belle réussite visuelle du film, collant parfaitement à la volonté de redonner un caractère gothique à la créature. Alternant flashbacks avec les évènements en cours à notre époque, Byzantium s’avère passionnant dans ses phases historiques qui donnent à ressentir le parcours des personnages à travers le temps et la manière avec laquelle la race vampire s’est organisée pour perdurer incognito parmi les vivants.

Mais le cœur du sujet, c’est la situation de nos jours, et comment faire pour avoir toujours envie de tenir debout avec une mère qui se tape tout ce qui bouge et l’impossibilité de partager avec qui que ce soit sa véritable nature. Pierre angulaire du film, le personnage de Saoirse Ronan erre donc dans les rues des multiples villes où elle passe, en quête d’une oreille capable d’encaisser son histoire et de la comprendre, le tout sous le courroux intransigeant de miss Arterton. Cette partie-là du film possède les qualités de ces défauts : d’un côté, Saoirse Ronan est absolument parfaite dans le rôle dans cet être double centenaire à la sagesse incroyable, sorte d’ange perdu sur terre qui erre en quête d’un contact. Gemma Arterton ne dépareille pas et incendie l’écran par la sensualité très poussée dont elle fait preuve. Bon, en même temps, c’est son rôle de chauffer tout ce qui bouge, et étant donné que la nature a été clémente avec elle, ça n’est pas très compliqué. Mais comme la belle est en plus bonne actrice, elle est capable de faire comprendre par un simple regard que le mec d’en face va passer un sale quart d’heure. Diabolique on vous dit…
Toujours est-il que cette situation des deux personnages peine un peu à évoluer durant une bonne partie du long-métrage. Passé l’exposition claire et maline, il faut attendre un bout de temps avant que les évènements présents prennent à nouveau de l’intérêt, et c’est quand les flash-backs ont donné suffisamment de matière aux spectateurs vis-à-vis de leur passé que celui-ci peut revenir au galop pour instaurer de réels enjeux. Imputer un problème de rythme au film semble donc logique et peut paraître pour autant un peu facile puisque Jordan prend le temps de suivre ses personnages, de les laisser exister à l’image tout comme ses actrices peuvent s’exprimer librement.

Il donne tout simplement à ressentir leur vécu, et c’est ce qui fait le sel de cette promenade sanglante, dans laquelle Caleb Laundry Jones et son allure cadavérique s’inscrivent à la perfection.
Certes, l’histoire n’est pas démentielle et le choc ne sera sûrement pas comparable à celui d’Entretien avec un Vampire, surtout qu’on ne sait toujours pas à l’heure actuelle comment va sortir Byzantium en France si il sort un jour, mais le film constitue un vrai récit romanesque de vampire, et c’est tout ce qu’on pouvait demander.

Face au romantisme exacerbé et au gore refoulé ambiants, Neil Jordan reprend les rênes du mythe vampirique pour lui redonner tout son mystère, sa sensualité et sa violence. Certes Byzantium tire un peu les prémices de son récit le temps que celui-ci prenne toute son ampleur, mais il revisite avec brio le genre en lui redonnant un solide background et 3 acteurs principaux sublimes qui habitent littéralement l’écran, pour finalement réhabiliter tout le caractère gothique et noir de la créature.

 

Byzantium
Réalisé par Neil Jordan
Avec Gemma Arterton, Saoirse Ronan, Sam Riley
Une jeune mère vampire mord sa fille. Les deux femmes se font passer pour des sœurs et forment un duo mortel…

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2 commentaire

  • par Paul
    Posté jeudi 18 juillet 2013 21 h 43 min 0Likes

    Apparemment le film sortirait en automne en dtv, mais ce ne sont que des rumeurs, et l’Etrange n’a pas dévoilé toute sa sélection…

  • Trackback: CloneWeb » Critique : All Cheerleaders Die

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