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Critique : Blue Jasmine
Il a beau sortir un film par an, chaque Woody Allen est un évènement.
Le dernier en date s’appelle donc Blue Jasmine et met en scène Cate Blanchett dans le rôle principal mais aussi Alec Baldwin, Peter Sarsgaard ou encore Sally Hawkins dans une histoire mettant en scène évidemment une femme et se déroulant à nouveau aux USA, après le tour d’Europe du réalisateur.
Reste maintenant à savoir si Blue Jasmine est un Woody Allen mineur dans l’immense filmographie du metteur en scène ou pas…
Depuis Lily la Tigresse en 1966, Woody Allen sort à peu près un film par an. Autant dire que ce boulimique de travail ne s’arrête jamais et qu’il écrit probablement une histoire tout en en mettant en scène un autre. Sa filmographie n’est pas parfaite, tant il est impossible d’exceller à ce rythme. Mais d’excellents films s’en détachent régulièrement dont récemment Minuit à Paris et sa petite touche de fantastique où encore les long-métrages ou encore les quelques titres tournés avec Scarlett Johansson qui motivait manifestement le réalisateur (votre serviteur aimant particulièrement Vicky Cristina Barcelona).
Allen aime les femmes. Il aime écrire sur les femmes. Alors après Johansson, Naomi Watts ou Evan Rachel Wood, il s’est trouvé une nouvelle muse en la personnage de Cate Blanchett. La comédienne porte l’intégralité du film sur ses épaules et livre dans Blue Jasmine la meilleure performance de sa carrière. On peut d’ores et déjà parier que l’Oscar se jouera entre sa prestation et l’incarnation de Diana, tant elle parvient à délivrer physiquement une incroyable palette d’émotions, capable de passer de la riche bourgeoise un peu coincée à la dépressive larmoyante et monologuant. Un vrai et incroyable talent.
Elle incarne Jasmine, une New-Yorkaise qui débarque chez sa soeur après, disons, une rupture houleuse. Dépressive, aimant l’alcool, accro au Xanax, elle est au boulot du rouleau. On va découvrir par l’intermédiaire de flashbacks qu’elle débordait d’argent, vivait entre un appartement sur Central Park et Martha’s Vineyard et ne manquait d’absolument rien.
La soeur, elle, vit dans un appartement minuscule dans un coin de San Francisco, gagne trois fois rien en emballant des courses dans un supermarché et fréquente un looser. Et c’est là dedans, avec ses valises Vuitton et son collier de perles, qu’elle va débarquer. Choc des cultures, choc des classes sociales. Et le film va passer d’une époque là, de la richesse à la décadence.
Tout repose donc vraiment sur Cate Blanchett et son personnage, sa décadence, sa dépression et sa tentative de remonter une pente déjà bien savonneuse et parsemée de mensonges. Jasmine a mal partout, intérieurement comme extérieurement et elle qui a toujours eu ce qu’elle voulait en claquant des doigts a bien du mal à s’en remettre. Même l’amour, l’autre coeur du film, ne pas pas l’aider autant qu’elle le voudrait.
Il en résulte un film étonnant, magnifié par une superbe bande son jazzy, un peu le cul entre deux chaises puisqu’alternant humour et scènes sombres. Le choc des classes sociales est en effet traité ici avec beaucoup de légereté que ça soit quand la soeur « pauvre » va visiter la « riche » ou quand l’inverse se produit et que Jasmine se retrouve confrontée à un univers qu’elle ne connait pas, où les bonnes manières et les us et coutumes ne sont pas les mêmes. Et pourtant les scènes dramatiques ne sont pas aussi tristes qu’elles auraient pu l’être, peut-être parce que le personnage de Jasmine frôle à plusieurs reprises la caricature et que certaines scènes sortent de nulle part.
Blue Jasmine est un Woody Allen qui aurait finalement pu être très très mineur s’il n’avait pas été porté par une actrice absolument éblouissante. A voir donc, surtout pour la performance.
Blue Jasmine – Sortie le 25 septembre 2013
Réalisé par Woody Allen
Avec Alec Baldwin, Cate Blanchett, Louis C.K.
Alors qu’elle touche le fond, et que son mariage avec le riche homme d’affaires Hal bat de l’aile, Jasmine, New-yorkaise aussi snobe qu’élégante, décide de s’installer chez sa soeur Ginger, qui vit dans un modeste appartement de San Francisco, pour tenter de surmonter la crise.
Lorsque Jasmine arrive en Californie, elle est profondément perturbée, sous l’effet des antidépresseurs. Si elle arbore toujours sa classe naturelle, elle est psychologiquement fragile et n’a aucune qualification lui permettant de trouver du travail. Elle n’a guère d’estime pour le petit copain de Ginger, Chili, qu’elle considère comme un « raté », au même titre que l’ex-mari de sa soeur Augie. Ginger, qui se rend compte que sa soeur est instable, lui suggère de se lancer dans la décoration d’intérieur, pensant à raison qu’elle ne dédaignera pas ce type de profession. Entretemps, Jasmine accepte à contrecoeur de travailler comme réceptionniste dans un cabinet dentaire, où son patron, le docteur Flicker, tente de la séduire, bien malgré elle…
Comprenant, grâce à sa soeur, que ses choix sentimentaux sont désastreux, Ginger se met à fréquenter Al, ingénieur du son. De son côté, Jasmine entrevoit le bout du tunnel en rencontrant Dwight, diplomate attiré par sa beauté, son élégance et sa distinction.
Mais Jasmine a une faiblesse : elle ne vit que dans le regard des autres, tout en refusant de voir la réalité en face. Elle ne pourra dès lors que précipiter sa propre chute…
3 commentaire
par Benjamin
C’est pas Naomi Watts qui interprète le rôle de Diana?
par Marc
C’est le cas. Ma formulation est un peu bancale.