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La promo décrit Babygirl comme un thriller érotique, nous renvoyant aux années 90 quand Philip Noyce mettait en scène Sliver ou que Barry Levinson tournait Harcèlement. Nicole Kidman, elle, tournait alors Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick. Mais, depuis, la société a été chamboulée par l’ouragan MeToo et on ne parle plus de la même manière de ce genre de sujet. C’est là que se positionne Babygirl, nouveau film de la réalisatrice hollandaise Halina Reijn.
Nicole Kidman y incarne la grande patronne d’une boite « de la tech », comme on dit, qui fabrique des robots pour préparer vos commandes de vente en ligne. Elle enchaine les réunions et autres discours façon Linkedin. Et s’emmerde au lit, même si mariée à Antonio Banderas. Sa route va croiser celle d’un stagiaire irrévérencieux. Ils vont nouer une relation aussi torride que tumultueuse. Mais à quel prix ?
Pour raconter son histoire, la réalisatrice prend justement le contrepied des thrillers érotiques des années 90-2000 où tout était fait pour émoustiller le public masculin. Exit les femmes-objets et/ou méchante de l’histoire qu’on vient reluquer mais un vrai personnage féminin fort, maitresse de ses envies et de son désir, un désir auquel elle choisit (et c’est tout le sujet, elle choisit de faire ce qu’elle veut) de répondre à sa manière, au rythme qui lui convient. Le personnage masculin, lui, jeune et beau, est d’avantage un cliché dédié à faire avancer l’histoire, un garçon fasciné par une domination qu’il a bien du mal à contrôler. Comme si au delà des envies qu’il verbalise, il ne savait pas trop quoi en faire.
Pour mettre en images son propre scénario, Halina Reijn évite la facilité, cherchant à en montrer le moins possible dès qu’il s’agit de passer à l’acte. Elle préfère se concentrer sur la mise en place de la relation, sur les échanges avant que l’un ne saute sur l’autre. Et même quand elle filme la nudité et le sexe, en forçant le vignettage à l’image, c’est pour apporter un regard bien différent d’un Basic Instinct ou d’un Showgirls.
Nicole Kidman y est, évidemment, absolument impeccable et on apprécie de la retrouver dans un rôle où elle ne se contente pas d’être là et de serrer les dents, comme dans les séries récentes où elle est apparue. Harris Dickinson est, lui, monobloc. On s’interroge surtout sur le tournant que prend la carrière d’Antonio Banderas, désormais cantonné à des seconds rôles où il n’a pas grand chose à faire (Indiana Jones, Uncharted aussi).
Babygirl n’est pas ce qu’on vous vend. Ca ne l’empeche pas d’être un film réussi, dans l’ère du temps, porté par une actrice qui a encore bien des choses à exprimer.
Babygirl, de Halina Reijn – Sortie en salles le 15 janvier 2025