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Par ici, on a de l’affection pour Ant-Man. Son aventure en 2018 avec la Guêpe et une intrigue légère à base de laboratoire miniaturisé nous avait joyeusement diverti. On ne s’attendait pour autant pas à ce que Marvel Studios en fasse le fer de lance de la fameuse « Phase 5 » et le produit d’introduction du nouveau grand méchant de la saga, Kang le Conquérant. Pourtant, Ant-Man le petit héros entre dans la cour des grands.
Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
Cassie Lang a bien grandi. Elle s’est occupée pendant les cinq années du « blip » et la disparition de son père. Notamment à construire un engin lui permettant d’aller dans le Quantum Realm (la « dimension subatomique »), univers miniature vivant en marge du nôtre dans lequel Janet Van Dyne (Michelle Pfeiffer) a passé plusieurs décennies. Mais si, souvenez-vous, c’était le but du film précédent. Bref. Évidemment, il y a un accident et toute la famille recomposée s’y retrouve coincée.
Pour ce 31e film du Marvel Cinematic Universe censé poser les bases des prochains films Avengers, la Maison aux Idées applique à la lettre la formule déjà vue des dizaines de fois par le passé, celle, facile, qu’on lui reproche de film en film. La recette est simple : vous misez tout sur les personnages et l’action, sans vous soucier ni de la mise en scène ni de la logique scénaristique. Quantumania bénéficie donc de héros sympathiques, drôles et généreux. Si l’on met de coté Michael Douglas, manifestement perdu devant tant d’écrans verts, tout le monde s’amuse joyeusement. Et la petite nouvelle, Kathryn Newton, n’est pas en reste. Le personnage de Cassie Lang est chouette, au point qu’on a envie de la revoir dans un prochain film.
Encore tout mise sur la suite ? Il faut bien car le reste a bien du mal à suivre. L’intrigue est ultra lambda et rappelle celle d’Avalonia : des personnages perdus dans un monde bizarre veulent rentrer chez eux une fois qu’ils se sont regroupés. Quantumania ajoute une dose avec Kang, le très méchant qu’on nous vend comme le successeur de Thanos. Mais le personnage est traité par dessus la jambe. Malgré sa puissance, il n’a pas l’occasion de montrer qu’il est une réelle menace. Coté bad guys, seul MODOK s’en sort. Le personnage est visuellement débile comme son alter-ego de papier et son origine est bien pensée.
Marvel l’avait montré avec la suite de Doctor Strange qui ne tenait pas compte de ses séries. Quantumania se fout qu’on ait déjà croisé Kang dans la série Loki, à peine évoquée, pour tracer sa route à part. Ou tenter puisqu’au fond, le film ne raconte pas grand chose. Aucun thème n’est vraiment traité correctement. La bande-annonce nous vendait un Scott Lang réclamant plus de temps pour profiter de la fille qu’il n’a pas vu grandir mais le film ne fait qu’effleurer la surface du sujet alors qu’il y avait tant à faire.
Techniquement, saluons un travail époustouflant coté bestiaire. Le Quantum Realm regorge de créatures diverses, renvoyant à la Cantina de Star Wars ou au pont d’Hellboy II pour ne citer que les meilleurs. Il y a de vraies belles idées de costumes et de design. Et le film bénéficie d’une très belle scène impliquant Scott Lang et reprenant l’imagerie de la colonie de fourmis.
Mais ça ne permet pas de mettre de coté le fait que Peyton Reed n’a pas les épaules pour un tel projet. Le bougre faisait le boulot quand il s’agissait de filmer une camionnette miniature dans San Francisco. Il est moins au taquet quand il faut mettre en scène une bataille dans un univers quasi-spatial. Et il n’est pas aidé par le fait d’avoir tourné 98% de son film devant des écrans verts. Tout parait numérique et plat. Au point qu’on se demande ce qu’est venu faire Bill Pope, le légendaire directeur de la photo sur Matrix, dans cette galère digitale.
Le pire, c’est que l’ensemble dégage (grâce à ses personnages comme on le disait au début) un capital sympathie. Les deux heures qui passent ne sont jamais horribles et on aurait presque envie de savoir quelle sera la suite (en fait, on a envie, c’est comme une drogue ce truc). Ca n’en fait pas un film réussi pour autant.
Ant-Man et la Guêpe Quantumania, de Peyton Reed – Sortie en salles le 15 février 2023