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Critique : Amanda

Et si c’était l’année de Vincent Lacoste ? A l’affiche de Plaire Aimer et Courir Vite puis de Première Année, il sera début 2019 aussi au cinéma dans Deux Fils – juste à temps pour les Césars.

Le voici également dans le rôle principal d’Amanda, nouveau film de Mikhaël Hers

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LA CRITIQUE

Un jeune homme de 24 ans vit à Paris. Il est proche de sa grande sœur, de sa petite nièce. Il rencontre une jeune fille, dont il tombe amoureux. Leur histoire démarre, la vie est jolie. Un soir, un attentat. Et puis, plus rien, jamais, ne sera comme avant. Dans cette ville meurtrie, vide, se déplacent David et sa nièce. Il faut lui expliquer, lui dire ce qu’il est arrivé : sa mère est morte, assassinée, alors qu’elle pique-niquait dans un parc. Que va devenir la petite fille, Amanda ? David pourra-t-il s’en occuper ? Devenir si vite père ? Comment tous deux vont-ils se reconstruire ? Voire, se construire.

Vincent Lacoste. Maintenant une dizaine d’années qu’il apparaît à l’écran, qu’il laisse certains de marbre, d’autres énamourés de sa sensibilité, son air un peu canaille, ici il est tendre et chamboulé. Dans chacun de ses films il donne quelque chose de différent. Chez Mikhaël Hers il est perdu, triste, apeuré. S’occuper d’une enfant n’était pas prévu. Se remettre du décès de sa sœur non plus. Ici il pleure, il grandit, il aime. Il mûrit. Il est parfois injuste, il ne comprend pas tout. On assiste à la construction soudaine d’un homme. Souvent, il amuse. Ici, il émeut.

L’adjectif bouleversant est souvent utilisé. Tant qu’il manque un peu de gravité, de substance. Aujourd’hui, tout nous bouleverse. Nous sortons souvent émus, larme à l’œil et nous disons : « je suis bouleversée. » Le bouleversement, provoqué par Amanda, est de plusieurs natures. D’abord, l’histoire est triste, elle dit un deuil, celui d’un frère et d’une petite fille. Amanda fait écho à des événements que Français, nous avons vécu. Cette incompréhension, cette peur. Sujet grave et sérieux, plaies pas encore tout à fait pansées, et pourtant. Il s’y dégage un sentiment réconfortant. Second bouleversement. Le pouvoir salvateur de l’art. On guérit, nous aussi, avec nos attachants, adorables, très humains personnages. L’idée que « la vie continue, qu’elle est la plus importante » est indigeste. Dit ainsi, elle ne donne pas envie de se mettre à y croire. Mikhaël Hers, sans le dire, sans jamais manquer de subtilité, nous le montre. Ce, en douceur. Et en mélancolie, évidemment.

Ceci parce que, définitivement, cette histoire est ancrée dans le réel, dans le quotidien. On ne raconte pas des sentiments, on les regarde se dérouler, se vivre. Nous sommes témoins d’une multitudes de scènes un peu maladroites, gauches, si sincères. Ces scènes où, oncle et nièce, marchent dans  une ville désertée, s’amusent dans des parcs, ne se comprennent pas, n’en peuvent plus, se fâchent, se réconcilient, la scène de la brosse à dent, celle du cauchemar d’Amanda, de ses pleurs en pleine nuit. Celle où David décide de ne pas laisser la vie faire, de prendre son histoire en main. Celle avec leurs amis, eux aussi touchés. Et puis toutes les autres.

Il ne s’agit pas de pathos, de mièvre, de bon sentiment, de conte pour aller mieux. Amanda, c’est une histoire, racontée délicatement, interprétée de manière charmante.

Amanda, de Mikhaël Hers- Sortie le 21 novembre 2018

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