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Critique : 2 Days in New York

Julie Delpy est une réalisatrice au parcours atypique.

D’abord comédienne, elle s’est plus récemment essayé à la réalisation avec quelques longs métrages. En 2007, elle sortait 2 Days in Paris, film dans lequel elle incarnait une jeune femme et son amoureux en weekend à Paris. Elle a ensuite tourné le Skylab sorti récemment et juste avant une fascinante histoire intitulé La Comtesse.

Et maintenant elle revient avec une suite de son weekend parisien, reprenant son personnage, mais cette fois dans cette incroyable ville qu’est New York.

 

 

2 Days In New York – Sortie le 28 mars 2012
Réalisé par Julie Delpy
Avec Julie Delpy, Chris Rock, Albert Delpy
Marion (Julie Delpy) est désormais installée à New York, où elle vit avec Mingus (Chris Rock), un journaliste de radio, leurs deux enfants qu’ils ont eus de relations antérieures et un chat. Le couple est très amoureux ! Marion est toujours photographe et prépare son exposition. Son père, sa sœur et son petit copain (qui est en fait l’ex de Marion et qui n’était pas prévu du tout) débarquent à New York pour le vernissage. Le choc des cultures mais surtout les personnalités débridées des trois arrivants vont provoquer un véritable feu d’artifice entre Mingus, un vrai « newyorker », Marion disjonctée sur les bords, son père qui ne parle pas un mot d’anglais, sa sœur toujours en phase avec ses problèmes freudiens, et son petit ami… no comment ! Vous pouvez deviner la suite, ou pas…

 

Alors qu’elle s’était transformée en Comtesse avant de nous ouvrir les portes de son Skylab, Julie Delpy revient pour la 5ème fois derrière la caméra avec un exercice filmique pour le moins étonnant dans le cinéma d’auteur : la suite. D’ordinaire réservé à de gros cartons, l’actrice/chanteuse/réalisatrice s’est dit qu’il y avait aucune raison de se priver et qu’elle se voyait bien reprendre son rôle dans 2 Days in Paris pour cette fois-ci opérer le schéma du dit-film dans le sens inverse : exit l’américain en France qui se confronte à notre culture, voici toute la tribu Delpy qui débarque à New York pour un voyage farfelu sous les yeux effarés de Chris Rock.

Le résultat s’appelle logiquement 2 Days in New-York et autant dire que ce nouveau choc des cultures risque de faire mal.

Quand Julie Delpy faisait le premier chapitre en France, il était impossible de ne pas penser à un certain Woody, dont la verve légendaire et la rigueur de travail donnant un film par an en ont fait un cinéaste d’or et déjà légendaire. Autant dire qu’avec le flegme américain et très sarcastique d’Adam Goldberg s’attaquant à notre bien belle capitale pour mieux en soulignant les travers les plus ridicules, la mayonnaise avait su prendre à sa manière. Sauf qu’ici, en balançant une famille se voulant complètement loufoque en plein New York, cette chère Julie marche sur le territoire de notre Woody, ce qui la rend particulièrement folle de joie puisqu’elle adore Woody. Elle le vénère même. Il suffit de voir la construction de ces scènes, où certains personnages se lancent dans des tirades infernales pour discutailler ardemment autour d’un sujet aussi bête qu’un interphone, pour comprendre l’admiration sans faille dont fait preuve la réalisatrice à propos de son modèle.

Etant donné qu’elle aime la famille, elle pousse toute sa tribu à faire de même, afin de diversifier rapidement la chose et d’obtenir différents moteurs comiques pour un festival de situations embarrassantes pour elle, drôles pour le spectateur.
Voici donc que son père ne gobe pas un mot d’anglais, que sa sœur est une nymphomane allumant à peu près tout ce qui bouge et qu’elle se traîne un copain de 35 ballets faisant tout pour en avoir 17 et déblatérant connerie sur connerie. Face à la coolitude annoncée d’un Chris Rock (et oui, il s’appelle Chris Rock déjà…), rien ne semble pouvoir arrêter cette famille catastrophe d’enchaîner les bourdes et de faire perdre les boulons à Julie Delpy pour notre plus grand plaisir.
Le seul problème, c’est que les meilleurs blagues sont les plus courtes et passé 10 minutes de film, tout ça carrément insupportable.

Dans cette succession de scènes devenant de plus en plus embarrassantes pour le personnage de Julie Delpy face à son nouveau copain, le vrai souci réside dans la structure de la comédie, qui se veut extrêmement rythmée, ne laissant jamais le temps à une situation de décanter que la prochaine s’est déjà enclenchée pour faire encore plus de dégâts. Une idée tout à fait légitime sur le papier mais qui requiert un savoir faire particulier sur la rythmique pour que tout vienne à point nommé, sans court-circuiter le reste. Devinez quoi, c’est tout l’inverse qui se produit et pas dans le sens où l’on vous coupe une scène drôle pour vous fait rire sur une autre. Non, ici, c’est un déferlement d’engueulades pas possibles et de faux quiproquos ou fausses bourdes tellement appuyées, surlignées et insistantes que le tout devient lourd, extrêmement lourd. Déjà les situations sont prévisibles (Oh tiens, le copain de la sœur cherche de la drogue et comme par hasard, il invite le dealer chez eux !), mais elles deviennent tellement grossières qu’elles tombent toutes à l’eau. C’est d’autant plus ennuyant que le tout semblait partir d’une bonne intention, et que la volonté de mettre des beaufs français face à l’Amérique tout comme de montrer combien il est difficile de garder la face quand sa famille nous rappelle à des conflits couillons avait de quoi alimenter une bonne comédie.
Mais comme elle n’a jamais le côté ingénu et faussement innocent si dévastateur de ce fameux Woody ô combien génial, Julie Delpy n’arrive jamais à créer l’étincelle nécessaire, et l’engouffre sous une morale à la mords-moi le nœud balancée en voix off sous des scènes pseudo carton patte (vous avez dit Gondry ?). Adam Goldberg, comme tu nous manques.

2 Days in New-York, c’est 1h30 de questionnements existentiels et de boutades lourdingues servis par une bande d’hypocondriaques frustrés aussi intelligents que leurs pieds. Forcément, ça agace rapidement, et si on sent bien l’envie démente de la réalisatrice pour créer un univers singulier et un humour bien à elle, on a la désagréable impression qu’elle passe son temps à singer ses modèles sans jamais en avoir la force et la malice. Pour un fois qu’il fallait rester à Paris…

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1 commentaire

  • par Sylvie Spanky
    Posté mercredi 28 mars 2012 21 h 06 min 0Likes

    dire qu’elle va faire un biopic sur Joe Strummer…ça me laisse perplexe ;)

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