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Critique : 13 Assassins

Il y a des films qu’on a envie de voir, dont les images sont alléchantes et qui ne sont prévus sur aucun planning français. C’est notamment le cas de 13 Assassins.

Le film de sabres de Takashi Miike n’aura sans doute pas les honneurs d’une salle en France et il faudra sans doute se tourner vers un éditeur de DVD couillu comme Seven Sept ou Wild Side pour espérer le voir un jour.
En attendant, le film est sorti aux USA et en Irlande, ce qui a permis à Arkaron de se jeter dans une salle pour le voir et de vous livrer un papier CloneWeb Approved.

Critique tranchante…

 

 

13 Assassins – date de sortie inconnue en France
Réalisé par Takashi Miike
Avec Koji Yakusho, Takayuki Yamada, Yusuke Iseya
12 samouraïs et un guerrier errant allient leurs forces pour assassiner un héritier au Conseil, qui pourrait faire basculer le Japon dans un nouvel âge de guerre s’il parvenait à prendre le pouvoir…

 

Le moins qu’on puisse dire du réalisateur japonais Takashi Miike, c’est qu’il est prolifique : pas loin d’une cinquantaine de films ou téléfilms en une vingtaine d’années, admettons que c’est une bonne moyenne. Au final, cependant, seuls quelques titres ont réellement percés en occident, notamment Ichi The Killer, ou le glaçant Audition, mais dans chacun de ces cas, les films étaient toujours accusés de manquer de sens du rythme, de ne pas tenir une narration ferme et constante. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

13 Assassins, remake d’un film de 1963, est un film d’arts martiaux historique qui s’inscrit dans une longue tradition asiatique. Le film partage par ailleurs une organisation du récit très proche du récent Bodyguards & Assassins chinois, à savoir une première longue partie d’exposition, puis une heure complète d’affrontements, ici à l’arme blanche, menant à la résolution d’un enjeu dramatique qui dépasse les personnages.

Ce choix narratif, éminemment dangereux si maladroitement manipulé, mène Miike à créer une première partie d’une heure et demie très bavarde, mais aussi et surtout tout à fait passionnante en cela qu’elle tient sa durée sans faux pas, en alternant exposition des personnages et des enjeux. Le cinéaste n’hésite par ailleurs pas à se montrer très démonstratif, en illustrant la cruauté du principal antagoniste de plusieurs manières, toutes plus écœurantes les unes que les autres.

De l’autre côté de l’équation, les samouraïs, guerriers des temps passés à qui l’art de la guerre est devenu étranger, sont magistralement dépeints, évoluant du statut d’hommes fragiles et fatalistes, à celui d’hommes d’honneur faisant preuve d’abnégation pour leur cause perdue. À l’instar des Trois Royaumes de John Woo, 13 Assassins prend le temps d’expliquer les tenants et aboutissants à la fois politiques et militaires de l’affrontement à venir, accentuant les attentes pour la seconde moitié.

Cette espérance de voir arriver le combat s’agrandit à chaque nouvelle minute qui passe, faisant bien comprendre que le massacre auquel nous allons assister n’aura rien de complaisant. La dernière heure est ainsi intégralement consacrée à un affrontement épique entre 13 guerriers et 200 gardes du corps, dans un village isolé, au cœur duquel se jouera l’avenir de la société japonaise.

Le combat tant attendu est plus qu’à la hauteur des attentes, puisque Miike fait preuve d’une sobriété et d’une élégance remarquables dans sa façon de filmer les joutes de nos samouraïs désespérés. Ainsi, la caméra privilégie les plans longs et panoramiques, qui permettent une totale lisibilité, et une immersion d’une rare efficacité. Presque aucun plan d’insert, pas la moindre trace de shaky cam (même en point de vue subjectif), et très peu de plans resserrés accompagnent une réalisation sans faille.

Au cœur d’une guerre minimaliste dans ses effectifs, immense dans ses enjeux, pleine de fureur et de violence, le spectateur est habilement mené à une inéluctable confrontation finale intimiste, qui jouit d’une écriture brillante, notamment dans ses dialogues, et donne une chance à ses acteurs formidables de donner une crédibilité irréprochable à des personnages qu’on avait cru presque inhumains (que ce soit dans leur cruauté ou dans leur stoïcisme).

À la fin du voyage, on a l’impression d’en savoir un peu plus sur la société japonaise d’alors, mais aussi d’avoir témoigné de sa résonance universelle. Avec classe et grandeur sur tous les tableaux, Takeshi Miike vient de réaliser sa plus grande fresque, son meilleur film, son chef d’œuvre.

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