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Side by Side : Rencontre avec Keanu Reeves

Keanu Reeves a sorti un documentaire intitulé Side by Side et qui s’intéresse à la transition de l’argentique au numérique. Nous avions notamment eu l’occasion de le découvrir à Paris en 2012 et il a fait le tour de plusieurs festivals.

Le comédien devenu réalisateur s’est intéressé aux technologies récentes (souvenez-vous de son envie d’utiliser une caméra sur un bras comme dans Gravity) et a rencontré quelques grands noms de la réalisation pour les interroger sur cette transition : David Fincher, Martin Scorsese, George Lucas, Danny Boyle ou James Cameron ont donc été interviewés sur le sujet.

La star de Matrix est venue présenter avec le réalisateur Christopher Kenneally ce projet lors du Festival Lumières à Lyon, où nous l’avons rencontré en conférence de presse. Side by Side est disponible en VOD, notamment sur iTunes.

Comment on s’y prend pour booker des réalisateurs qui ont des agendas impossibles ?
Chris Kenneally : Beaucoup des gens qu’on a contacté était très excités à l’idée de parler de ce sujet. Ils étaient intéressés et avaient beaucoup à dire. Ca a parfois été difficile à planifier pour certaines personnes
très créatives, avec des emplois du temps chargés. La plupart ont été disponible, sauf peut-être Christopher Nolan.

Keanu Reeves : Christopher Nolan a fait l’interview en déjeunant alors qu’il faisait Batman. Notre approche était simple : quand ils veulent, comme ils veulent, où ils veulent.

Mais c’était compliqué avec Christopher Nolan, son planning étant pris sur un an ou deux…
Chris Kenneally : Quand on a approché les gens de Christopher Nolan, on a dit qu’on était prêt à le rencontrer n’importe où sur la planète. « 20 minutes, quand vous voulez, faites le nous savoir ». Son assistante nous a dit non. Il est occupé pendant un an même pendant vingt minutes. Puis Keanu lui a écrit une lettre pour expliquer le film et ce qu’on voulait faire. C’est comme ça que tout s’est mis en place.

Idem avec George Lucas ?
Chris Kenneally : George Lucas a une belle équipe autour de lui, il était content de nous parler et a pris le temps. Il avait beaucoup à dire. On avait prévu une demi heure mais la conversation avec Keanu s’est prolongée en une heure. On ne voulait pas prendre de son temps mais il avait la volonté de parler.

Keanu Reeves : C’est George Lucas ! Pour moi c’est un tel honneur de l’interviewer. On était vraiment content de lui parler parce que Chris, moi et tout ceux impliqués dans le projet l’appelons le Zeus du cinéma numérique. C’est comme si on allait rencontrer Zeus !
Il a développé des caméras numériques, le montage numérique, l’animation numérique, THX… Il est en première ligne en la matière à Hollywood. Il est Zeus.

Comment vous ont reçu tous ces cinéastes ? Ont-ils été surpris par votre démarche, qui ressemble à celle d’un journaliste spécialisé ?
Keanu Reeves : Comme une confrontation, genre qu’est ce que vous faites là ? Non, il y a quelque chose comme… Non pas de la joie mais plutôt de l’enthousiasme, de la passion de la part de toutes les personnes à qui j’ai parlé. Quel que soit le métier que j’ai rencontré, j’ai ressenti de l’enthousiasme à parler de ce changement. Le fait d’avoir été devant une caméra pendant vingt ans a aussi aidé à rendre la conversation plus intime. Mais tout le monde a constaté que le monde est en train de changer

De tous les réalisateurs que vous avez rencontré, Cameron, Nolan, Lynch, quel est celui qui vous a semblé le plus enthousiaste à l’idée du numérique ? Est-ce que Scorsese, qui est le plus agé, est prêt à faire cette révolution ?
Chris Kenneally : Je crois qu’on n’a croisé que 4 ou 5 personnes pro-numérique, qui approuvait de renoncer à la pellicule tant qu’ils avaient un outil adéquant avec lequel travailler. Je crois que David Fincher, Soderbergh et Robert Rodriguez en étaient. George Lucas aussi. Danny Boyle. James Cameron

Keanu Reeves: J’ai demandé à certains comme David Lynch, qui a fait de si belles images en pellicule, pourquoi il passait au numérique. Pour lui, tant qu’il avait l’intimité qu’il voulait avec sa caméra et ses acteurs, ça lui allait. Tous ces réalisateurs ont trouvé une sorte de liberté, une émotion avec le numérique qu’ils ne trouvaient pas avant. Ils étaient aussi excités par l’idée de limites de l’image. Ils ont trouvé une mobilité, une facilité, une intimité. Ils n’ont pas parlé de perte mais de l’opportunité que le numérique leur proposait.

Vous avez vu les films des réalisateurs interviewés. Avez-vous appris des secrets de fabrication ?
Chris Kenneally : Quand Keanu est allé tourner Man of Tai Chi, James Cameron est venu donner quelques conseils, un peu officieusement, sur la technique et la manière de filmer les scènes d’actions. Steven Soderbergh nous a parlé de caméras mais tout le monde nous a raconté des petites anecdotes.

Vous avez tourné votre premier film en numérique. Après avoir discuté avec tous ces gens, la question ne s’est pas posée de le faire en argentique ?
Keanu Reeves: Je voulais le faire mais le producteur a dit non. Ca a été le sujet de conversations. Mais ça aurait été bien de le faire, même si je n’ai jamais été ravi de la pellicule.

A court terme, qu’est ce qui condamne le cinéma argentique ?
Chris Kenneally : Les gens s’y accrochent mais le futur est numérique : l’accessibilité et le cout sont les raisons principales, surtout pour les films à petits budgets. C’est moins cher, les jeunes ont accès. On voit ce qu’on tourne quand on le tourne, c’est plus facile à monter. La qualité actuelle de l’image continue à s’améliorer.

Vous avez tourné beaucoup de succès populaires, dont la trilogie Matrix. Si le film devait être refait avec les technologies actuelles, serait-il différent ?
Keanu Reeves: On utilisait déjà des caméras particulières [Il réfléchit longuement]. A cette époque, tout était numérisé. On tournait en pellicule et puis on scannait numériquement. Les effets spéciaux était numériques. Mais la scène du bullet time a été tourné en numérique avec plein de caméras tout autour de moi. Mais oui, le contexte aurait différent, le rendu aurait été différent.

Vous posez aussi la question de la 3D. Ce ne serait peut-être qu’un gadget. Vous avez senti ça ?
Keanu Reeves: Je ne sais pas si c’est vrai mais la 3D s’accroche. Elle est là depuis longtemps et reste. Peut-être que quand on regardera la 3D en arrière, on la verra comme une pierre fondatrice de la réalité virtuelle. Beaucoup de réalisateurs continuent à vouloir utiliser cette technique, donc elle n’est pas prête de s’arrêter. Même dans Side by Side, Scorsese en parle. J’ai fait un film qui s’appelle 47 Ronins en 3D et dont l’aspect est particulier grâce à ça. Je pense donc que la 3D va perdurer, peut-être se changer en réalité virtuelle, tant qu’on aura des histoires à raconter.
D’une certaine manière, la 3D rappelle la manière qu’on avait de rendre certaines scènes sensationnelles par la mise en scène comme on le faisait avant, quand on avait la technologie mais aucun standard. Comme l’Arrivée du Train [en Gare de la Ciotat]. Des la mise en scène orientée action. La 3D a la même impact, ça apporte de l’intimité et de l’expérience, en espérant briser le 4e mur pour permettre un rêve encore plus immersif.

Vous avez fait un documentaire sur l’impact du numérique, vous êtes intéressé à la technologie et à la réalisation et vous faites des films autour d’arts martiaux. Dix après Matrix, quel a été l’impact du film sur votre carrière ?
Keanu Reeves: Cette expérience a changé ma vie et a impacté tout ce que vous citez. On ne sait jamais ce qui va se passer après un film mais la trilogie Matrix a inspiré beaucoup d’artistes.

Si le Festival Lumière devait vous consacrer une rétrospective, quels films faudrait-il choisir ? Et quels films faudrait-il ne pas choisir ?
Keanu Reeves: Aujourd’hui je choisirai pour les années 80 Le Fleuve de la Mort. Pour les années 90, il y en a beaucoup. Pour les années 2000, prenons A Scanner’s Darkly. Pour les années 90 donc il faudrait de l’action. Point Break ou Speed ? Prenons Point Break ainsi que l’Associé du Diable. On est en France alors j’ajouterai Little Buddha. Et bien sûr Matrix.

Et celui que vous ne choisiriez pas ?
Keanu Reeves: Le seul que je ne choisirais pas s’appelle The Watcher.

Vos prochains projets ?
Keanu Reeves: John Wick sort. C’est un film fantastique. Je suis impatient, j’espère qu’il plaira aux gens.

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2 Comments

  • par Olivier
    Posté lundi 3 novembre 2014 21 h 10 min 0Likes

    Sorti en DVD ?

  • par Marc
    Posté lundi 3 novembre 2014 23 h 19 min 0Likes

    En import seulement

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