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Ce 16 juin sort dans les salles l’attendu Sound of Metal, avec Riz Ahmed et Olivia Cooke. Le film, Oscar du Meilleur Son et du Meilleur Montage raconte l’histoire de Ruben, batteur dans un petit groupe de métal. Un jour, il perd son audition. Évidemment, la musique est tout pour lui et le fait de ne plus pouvoir jouer commence à déchirer sa vie. Sur les conseils de sa compagne et chanteuse, il va se rendre dans un centre ou apprendre la langue des signes.
Sound of Metal est l’occasion pour Riz Ahmed de rappeler qu’il est un immense acteur. On pense à lui pour ses rôles dans des blockbusters à la Venom mais le comédien a une palette d’émotions à jouer qu’il peut révéler ici, comme il l’avait fait dans la mini-série The Night Of. Grâce à son interprétation mais grâce aussi à la mise en scène Sound of Metal va devenir autre chose qu’un film sur la musique. C’est le parcours d’un homme, l’histoire de la confiance qu’il a en lui-même et sa relation avec les autres. Dans le centre, Ruben va apprendre à vivre avec sa surdité mais va aussi apporter ses connaissances de batteurs aux autres personnages. Une belle rencontre donc.
Nous avons eu l’occasion de participer à une rencontre en ligne avec Darius Marder, l’ingénieur du son Nicolas Becker et Riz Ahmed. Nous avons évoqué le parallèle entre l’épreuve du héros et le monde de 2020, la pandémie et les confinements. Marder a évoqué « l’acceptation de nos choix, le besoin de faire face à nos choix et à une certaine forme de solitude« .
Riz Ahmed a, lui, évoqué, la représentativité de la communauté sourde au cinéma en expliquant que « la communauté se représente elle-même dans le film, ce n’est pas à nous qui entendons à le faire. Tous les acteurs qui sont sourds dans le film le sont vraiment. Ils ont pu beaucoup improviser mais aussi nous montrer, comme à travers la scène du diner, la représentation de leur vraie vie. Je me suis senti privilégie de faire partie de ce projet. » Il a ajouté : « étendre les cultures, c’est déjà une victoire. Un film comme Crazy Rich Asians est une victoire en soi. Ce sont des projets qui ne montrent pas « eux » mais « nous » au sens large.«
Son personnage est beaucoup tatoué. Marder a expliqué qu’il avait tout un processus derrière ce choix. « C’était pour aider Riz à rentrer dans le personnage, c’est une référence à la culture métal évidemment. » Riz Ahmed a précisé : « J’ai été mentoré par Sean du groupe Surfbort, qui est couvert de tatouages. Pour moi, c’est un peu l’histoire du personnage, son passé, directement sur sa peau. Ca donne de la crédibilité à l’ensemble. Certaines idées viennent de Sean, d’autres de Darius et moi.«
Nous, on a demandé au réalisateur Darius Marder d’expliquer « le point de vue sonore » du film puisqu’il fait le choix de parfois nous mettre dans la tête (et les oreilles) du personnage de Riz Ahmed et parfois de nous mettre dans la peau du spectateur qui regarde (et écoute) la scène à distance.
« C’est une question fantastique. Le langage du film est basé sur le montage. Le pouvoir du montage est remarquable. Diviser, séparer, ajouter permet de densifier le propos. Le film, comme beaucoup d’autres mais celui-là en particulier, joue sur le « point de vue sonore » comme vous dites. Sans le montage, ça n’aurait pas fonctionné. J’adore le cinéma transcendantal qui nous embarque dans un moment de surprise. On ne pourrait pas y arriver sans le montage. C’est une danse entre notre son intérieur et l’omniscience. Il faut les deux, contrairement à la plupart des films qui n’ont pas besoin de se poser la question. Ici, on a besoin de tout ça pour arriver à la fin, elle se mérite cette fin.
Ensuite, quelle est la bonne proportion à utiliser ? Qu’est ce qui va challenger le public ? Quel est le meilleur montage possible ? Ca donne une expérience puissante. Pour ma part, je faisais le montage chez moi avec Mikkel E.G. Nielsen et je suis venu en France avec mes outils pour en parler avec les équipes. Nous avons fait le montage en même temps que le sound design. Il fallait repousser nos limites.«
Sounds of Metal de Darius Marder, en salles le 16 juin 2021.
Merci à Zvi David Fajol et aux équipes de Mensch Agency