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Etrange Festival #1 : Mayhem, Low Life, The Marker…

L’Etrange Festival édition 2017, c’est parti ! Si vous nous lisez depuis longtemps, vous savez que la programmation éclectique d’un des meilleurs festivals de France fait notre bonheur chaque mois de septembre et ce, depuis neuf ans.

Le rituel est toujours le même : une soirée d’ouverture animée par le boss de l’organisation, Frédéric Temps le premier soir. Puis on reprend les files d’attente devant les salles 500 et 300 du Forum des Images pour découvrir des pépites, dont voici la première vague.

 

Mayhem (2017) de Joe Lynch

Dès son discours d’introduction, le président du festival Frédéric Temps a tenu à rappeler les temps mouvementés que l’on traverse aujourd’hui, en précisant qu’un film comme Mayhem était un défouloir parfait pour ouvrir les festivités et faire écho à l’actualité.

C’est une façon de voir les choses assez juste, puisque Mayhem suit un jeune avocat qui se retrouve à la porte de sa gigantesque entreprise du jour au lendemain, pour une erreur qu’il n’a pas commise et après s’être investi comme un chien durant un long moment. Manque de bol pour la direction, elle le vire au moment même où un virus contamine tout l’immeuble qui se retrouve aussitôt en quarantaine, avec des infectés qui perdent tout filtre moral ou conscient. Tout ce beau monde se livre donc à ses pires instincts, en s’envoyant en l’air comme des bêtes au beau milieu des open-spaces quand ils n’essaient pas de fracasser la tête de leurs prochains. Un contexte parfait pour aller reconquérir son travail en foutant une branlée à ses boss…

Campé par Steven Yeun, connu pour son rôle dans The Walking Dead, Mayhem est une petite série B sans grande prétention qui honore son contrat grâce à quelques idées de réalisation bien senties, une fuck you attitude fièrement revendiquée, et un sous texte résolument engagé pour le petit peuple. Les effets gores cèdent trop souvent à du numérique assez frileux à l’idée de toucher à l’intégrité corporelle des personnages, et le récit n’a pas vraiment lieu d’être vu que le héros garde quand même drôlement son objectif en tête pour un type censé avoir perdu tout contrôle intellectuel sur la situation. Mais c’est assez honnête dans sa démarche et généreux dans sa connerie, du moins bien plus qu’un Belko Experiment s’il fallait jouer la comparaison.

 

Mon Mon Mon Monsters (2017) de Giddens Ko

L’an dernier, nous avions été drôlement surpris par The Tenants Downstairs, une grosse production Taïwannaise mise en scène par un ancien président de Sony Music, Adam Tsuei, et scénarisé par Giddens Ko. Comme on ne change pas totalement une équipe qui marche, le duo est de retour cette année en ayant inversé les rôles pour Mon Mon Mon Monsters (!), l’histoire d’un lycéen victimisé par le groupe d’amis le plus célèbre de sa classe, chez qui il va réussir à s’introduire petit à petit alors que ces derniers ont kidnappé et séquestré un monstre…

Difficile de ne pas voir l’immense métaphore que représente le film, où la nature des vrais monstres est perpétuellement remise en question, le récit se posant comme une satire bien chargée envers la cruauté humaine déjà bien présente à l’adolescence. Si la première partie commence d’ailleurs sur les chapeaux de roues, le film se complaît dans une narration trop élaguée qui finit par perdre de vue son sujet et ses personnages, qui deviennent tous détestables au fur et à mesure, perdant toute identification quand bien même celle-ci est censée être présente. Le final n’en est que plus long, et si on ajoute à ça une réalisation qui manque clairement de folie dans sa violence prétendument cathartique, on se retrouve face à une œuvre qui ne démérite pas mais fait quelque peu fausse route là où tout était réuni pour réussir…

 

Firstborn (2017) d’Aik Karapetian

Tous les ans, l’Etrange Festival a ce don incroyable pour nous mettre devant des œuvres qui méritent d’exister mais qui accusent un retard colossal ou un schéma bien trop balisé pour surprendre. Du coup, tous les ans, on est un peu comme des cons devant, même si c’est aussi pour ça qu’on vient !

Firstborn appartient bien évidemment à cette race de films, puisque ce thriller paranoïaque nous vient tout droit de Lettonie pour raconter les difficultés d’un homme à préserver son rôle de protecteur dans son couple après s’être fait agressé un soir dans la rue en ayant laissé sa femme à la merci de l’assaillant. Les questions de vengeance et d’intégrité sont au cœur du film, avec toute une thématique autour de la grossesse de sa compagne, sauf que l’histoire a la mauvaise idée d’à peu près tout dire en 30 minutes, pour mieux laisser la suite galérer.

Lançant des pistes qui n’aboutissent sur rien quand il ne tourne pas en rond, le réalisateur Aik Karapetian livre un drôle de film qui semble se perdre tout seul dans le schéma qu’il met en place, sans jamais réussir à incarner son couple principal. Une œuvre fade et peu inspirée, mais encore une fois, ce n’est pas tous les jours qu’on voit un film venu de Lettonie…

 

The Marker (2017) de Justin Edgar

Un malfrat tue par accident une mère lors d’un cambriolage foireux, et sort de prison 7 ans plus tard avec une seule idée en tête : retrouver la petite fille présente lors de l’incident. Ça tombe plutôt bien pour elle, vu qu’elle est embrigadée dans des histoires de mafia et de prostitution…

Alors non, The Marker n’est pas un énième Taken malgré son pitch puisqu’on est clairement dans du polar social comme les Anglais savent si bien les faire. Bon, en l’occurrence, le réalisateur Justin Edgar avait le pied un peu trop lourd sur la pédale puisque son film a la fâcheuse tendance à précipiter les scènes si importantes de son exposition, atténuant terriblement le trauma de son personnage malgré une jolie idée fantastique, puisque la mère hante le héros tout du long.
On pourrait croire que le cinéaste avait besoin de faire la course, et c’est presque le cas puisqu’il surcharge son film en péripéties inutiles et rebondissements boiteux, visiblement par peur de l’ennui.

Une façon pour lui peut-être de compenser une facture technique très modeste, ce qui joue contre son projet narratif sur le deuil et le pardon, ici étouffés par un trop plein dommageable.

 

Replace (2017) de Norbert Keil

Kyra est jeune, belle et tout ce qu’il faut, et elle prend bien soin de son corps.
Jusqu’au jour où sa peau commence à se faire la malle en pelant jusqu’au sang, laissant la pauvre dans une situation d’autant plus gênante que la seule façon de soigner le problème provisoirement est de coller la peau d’une autre personne par-dessus…

Mais tiens donc, ne serait-ce pas le thriller sous influence Cronenberg de cette édition ?

Critique franchement gentillette du monde des apparences, Replace serait à même se faire bouffer tout cru par un Neon Demon qu’il cite quelque peu dans sa photo nocturne (c’est fou le nombre de néons qu’on croise ces jours-çi…) s’il ne penchait pas vers une partie plus science-fiction dans sa deuxième partie. Le souci pour cette production allemande tournée en anglais réside de toute façon d’abord dans une structure narrative bordélique, qui semble vouloir faire rentrer deux films en uns pour n’en réussir aucun au final. Outre une interprétation très hasardeuse, Replace à la fâcheuse tendance à en faire des caisses, notamment dans son interminable dernier acte qui se rêve en sommet émotionnel pourtant plombé par des situations et des dialogues grotesques. Si sa photographie offre quelques jolis plans, la fascination du réalisateur pour son actrice est beaucoup trop hétéro pour être honnête, le film tombant dans des visions et des situations tout sauf naturelles, et pas assez fétichistes pour être réellement censées. Et comme le scénario finit par vraiment faire n’importe quoi, toute la meilleure volonté du monde vole quelque peu en éclat, face à un film pas loin d’être débile tant il a les yeux plus gros que le ventre.

 

Low Life (2017) de Ryan Prows

Si vous connaissez la web série Boomerang Kids, alors le nom de Ryan Prows vous dit peut-être quelque chose. Ce réalisateur et ses potes scénaristes ont décidés de passer à la vitesse supérieure avec Low Life, un premier long métrage réalisé dans une économie ultra serrée au beau milieu de Los Angeles, où vont se croiser différents groupes de personnages dont un catcheur se considérant comme le sauveur du petit peuple même s’il fait le sale boulot de la mafia…

Construit, ou plutôt déconstruit comme pouvait l’être Pulp Fiction, Low Life joue sur la temporalité en chapitrant son récit autour du point de vue des différents personnages.
Une démarche tout à fait louable tant l’univers propre à chacun donne des tonalités différentes au film, qui commence comme une comédie un peu loufoque avec ce catcheur masqué quelque peu pittoresque, pour mieux embrasser le drame d’une mère courant après son lointain passé notamment. Et plus le puzzle se met en place, plus le scénario enchaîne les quiproquos bien sentis, les situations loufoques et le défilés de persos bien trempés pour finir dans un climax savoureux, qui utilise tout ce qui a été présenté auparavant aussi bien à des fins comiques que dramatiques.
La peinture de la classe moyenne voir modeste de Los Angeles est d’autant plus juste que le métrage a été fait dans ce système presque guerilla, et le tout s’avère parfaitement cohérant, incarné et plein d’énergie. Une très jolie découverte en somme, pour laquelle on espère qu’un distributeur se proposera vite.

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