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Critique : Arrietty, Le Petit Monde des Chapardeurs

Après trois adaptations live dont la plus connue est celle avec John Goodman sortie en 1997, le bouquin de Mary Norton Le Petit Monde des Chapardeurs a enfin droit à une version animée réalisée par rien de moins que les studios Ghibli, scénarisée par Hayo Miyazaki lui-même.

C’est aussi l’occasion pour l’animateur Hiromasa Yonebayashi de faire ses débuts dans le monde de la réalisation et pour la musicienne française Cécile Corbel de composer une musique de film.

Critique d’un dessin animé très attendu.

 

Arrietty, Le Petit Monde Des Chapardeurs (Karigurashi no Arrietty) – Sortie le 12 janvier 2011
Réalisé par Hiromasa Yonebayashi
Scénario de Hayao Miyazaki

Chaque film d’animation issu de chez Ghibli est un évènement tant le parcours du studio est quasiment sans faille. Début 2011 arrivera donc sur les écrans le petit dernier du studio tiré du livre de Mary Norton : Arrietty, Le Petit Monde des Chapardeurs.
Conformément à un souhait plusieurs fois évoqué en interview, Hayo Miyazaki a confié le projet qu’il a écrit à quelqu’un d’autre. Le réalisateur de Mon Voisin Totoro avait par le passé avoué souhaiter moins réaliser pour plutôt confier des projets à une équipe.

Ici, il se contente donc de signer l’adaptation du roman d’origine et a confié la réalisation à Hiromasa Yonebayashi, animateur de longue date du studio. Reste à savoir si c’est finalement une bonne idée.

En effet, Arrietty n’est pas vraiment le Ghibli le plus réussi. Et ce pour plusieurs raisons.
La première, et celle qui m’a le plus choqué, c’est la cohérence de l’univers. En effet, dans un univers de Chapardeurs, des humains de très très petites tailles s’appropriant des objets peu utiles à la vie des grands (un morceau de sucre de temps en temps, des mouchoirs en papier, quelques épingles, des petits objets servant en grand, etc), on s’attend à voir à l’écran un univers fait de bric et de broc. On imagine les personnages se servir de capsules de bouteilles en guise de chaise, de boite d’allumettes en guise de lit… bref d’un recyclage maximal comme on le voit par exemple dans Bernard et Bianca chez Disney.
Ici, il n’en est rien, ou presque. Les Chapardeurs chapardent un peu seulement mais possèdent beaucoup de choses à leurs tailles. Qui plus est, lorsqu’ils se retrouvent face à une maison de poupées, ils décident de ne pas y toucher. On se demande donc d’où viennent les objets à leur échelle… et l’ensemble n’en devient que moins cohérent.

La deuxième, c’est que le design et l’animation sont peu inspirées. Le garçon dont le prénom est à une lettre près celui d’un personnage du Château Ambulant ressemble à une version plus âgée de Sosuke (de Ponyo sur la falaise), on aperçoit un personnage clone muet d’Ashitaka, et l’ensemble, si ce n’est Arrietty elle-même un peu plus soignée, a une furieuse impression de déjà-vu.
L’animation n’est pas non plus toujours à la hauteur. Faisant parfois appel aux outils informations pour des plans dynamiques comme le vol d’un corbeau ou Arrietty descendant le long d’une corde à toute vitesse, elle ne tient pas la route. On n’est ni dans Ponyo ni dans Princesse Mononoke.

La troisième, c’est l’histoire, également peu inspirée. L’intrigue met du temps à se mettre en place sans qu’on se prenne de passion pour ce qui se passe. La faute, une nouvelle fois, à l’univers peu cohérent puisque les Chapardeurs chapardent finalement assez peu et sans faire suffisamment attention à ce qu’ils font, ne voulant pas se faire repérer des humains.
La différence entre les Grands (« Human Bean » dans le film) et le petit peuple n’est pas assez accentuée pour qu’on puisse réellement opposer les deux univers. D’une manière plus générale, le caractère de chacun des personnages n’est pas non plus assez tranché (notamment Haru, finalement peu concerné par sa maladie).

Il n’en reste pas mois que Arrietty, Le Petit Monde des Chapardeurs est un film des studios Ghibli, ce qui semble garantir l’immuable sceau de quelques qualités indéniables : Arrietty elle-même est attachante, les décors sont soignés et il y a une certaine magie inhérente à tous les films issus du studio créés par Hayao Miyazaki.
Qui plus est, le film bénéficie de quelques excellentes scènes et d’une fin émouvante, pas forcément aussi joyeuse qu’on pourrait l’espérer…

Enfin Karigurashi no Arrietty bénéficie d’une exceptionnelle bande originale signée par la française Cécile Corbel. C’est la première fois que Ghibli confie sa musique à quelqu’un de non Japonais. Les titres sont très folk-celtiques et donc très très décalés par rapport à ce qu’on a l’habitude d’entendre. Corbel, harpiste et accompagnée de quelques musiciens, donne une ambiance très différente des précédentes productions, d’autant que beaucoup de morceaux sont chantées pendant l’action, voir pendant les dialogues. Mais vous ne manquerez en aucune façon de taper du pied à de nombreuses reprises pendant le film.

Si cette critique semble être très négative à la première lecture, je me dois de modérer un peu mon propos. C’est un film des studios Ghibli, ce qui est en soit un gage de qualité. Malheureusement, un peu comme Les Contes de Terremer, c’est un Ghibli un peu en dessous de tous les autres. La magie est là, certes, mais elle n’est pas aussi brillante que si le projet avait été réalisé par Hayao lui-même ou par Isao Takahata. On espère donc que ce n’est qu’une légère erreur de parcours et que les prochains Ghibli supervisés par Miyazaki seront un peu plus réussi.

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10 Comments

  • par Rine
    Posté jeudi 18 novembre 2010 17 h 26 min 0Likes

    J’ai vu le film au Japon peu de temps après sa sortie. Je n’ai rien compris aux dialogues, mais cela n’empêche pas de comprendre le film, l’histoire étant au final assez simple.
    Je suis d’accord avec vous sur tout les points.
    Le film n’est pas assez magique pour un Ghibli, il lui manque la gentille folie des autres films, il lui manque la mythologie…
    Mais parce que c’est un Ghibli, la magie est quand même là, dans le quotidien.
    J’ai hâte de le revoir avec des sous-titres!

  • Trackback: CloneWeb » Arrietty : la bande annonce française
  • par Olve
    Posté mercredi 24 novembre 2010 13 h 41 min 0Likes

    Je pense que, Hayao Miyazaki ayant décidé à présent de confier les projets qu’il crée à des équipes externe, il serait futile d’attendre une amélioration dans le sens où tu l’entends à la fin de ton article. Autant se réjouir du talent des équipes actuels et imaginer ce qu’elle développeront d’unique dans le futur :D

    Je me souviendrais toujours de l’enchantement vécu en découvrant la justesse et la sensibilité avec laquelle la moue de Chihiro était animé, lorsque j’ai vu pour la première fois  » Le Voyage de Chihiro « … Le début de mon histoire avec les Ghibli !

    Par contre, après avoir vu la bande annonce et lu ton article, j’ai un peu peur que la magie Ghibli commence à disparaître :(… snif !

  • Trackback: CloneWeb » Rencontre avec Hiromasa Yonebayashi et Cécile Corbel
  • Trackback: CloneWeb » Demain c’est… mercredi 12 janvier
  • par Mel
    Posté lundi 28 février 2011 1 h 08 min 0Likes

    N’importe-quoi! moi je l’ai adoré ce Ghibli, et mes amis aussi. Il est seulement différent des précédents, c’est sur, mais je ne vois pas pourquoi ça voudrait forcément dire qu’il est moins bien. Je l’ai déjà vu deux fois au cinéma, et j’ai bien envie de le regarder une 3° fois. Il est juste un peu plus sombre que les autres, avec quand même une note positive sur la fin qui nous laisse de l’espoir quand à l’avenir de Sho. Même si certains reprocheront un côté soi-disant « niais », je leur répondrait qu’il faut voir au-delà et que ce n’est qu’apparent (je me comprends). J’ai vu tous les Ghibli et celui-ci ne m’a pas du tout déçue.

  • par Vince
    Posté lundi 28 février 2011 1 h 34 min 0Likes

    Cette critique est nulle, archi-nulle. Et en plus, elle est contredite par beaucoup d’autres critiques notamment sur le contraste grand/petit, humain/chapardeur, très bien rendu par la profondeur et la fluidité de l’animation. De plus, concernant le fait d’être « transporté » ou non par le film, c’est purement personnel et subjectif. Vous dites qu’on ne s’y laisse pas prendre, moi je dis que j’ai bien accroché à l’intrigue. La simplicité n’est pas synonyme de « ratage », au contraire, c’est ce qui fait la force de ce film sans prétentions. L’intrigue est seulement plus orienté vers une ambiance intimiste et familiale que mythologique, et alors? Ca change, c’est tout aussi bien. Je le recommande, pour tous les fans de Ghibli, jetez-y au moins un oeil.
    Les « pans » de nature qui nous sont proposés ici sont aussi superbes!

  • par Vince
    Posté lundi 28 février 2011 1 h 35 min 0Likes

    orientée* pardon

  • par Vince
    Posté lundi 28 février 2011 1 h 44 min 0Likes

    Lisez plutôt ça, une interprétation moins superficielle du film, qui donne envie:
    http://www.critikat.com/Arrietty-le-petit-monde-des.html

  • Trackback: CloneWeb » Arrietty en DVD et blu-ray : deux extraits du film

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