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Un Dimanche, Une Critique : Sword of the Stranger

Passons la blague de dimanche dernier (faisant presque office de premier avril avant l’heure) et abordons quelque chose de bien plus sérieux en ce dimanche ensoleillé. Car de l’autre côté de la planète, un merveilleux pays essaye de se relever tant bien que mal d’une catastrophe naturelle sans précédent.

Nous sommes le 3 avril, presque un mois après le tremblement de terre qui a ravagé le Japon. Guillaume, amoureux de ce pays, a décidé de lui rendre un magnifique hommage. Cette semaine,

Un Dimanche, Une critique est consacré à Sword of the Stranger, une anim japonaise sortie en 2009

Le 11 mars 2011, comme beaucoup de monde, j’ai vu un pays que j’aime être ravagé par la mer. Et encore, ce ne fut que le début des catastrophes qui suivirent…

J’aurais pu me lamenter et choisir un film de ce pays qui fait pleurer dans les chaumières, beau et contemplatif, mais au contraire, parce que j’ai foi en ses habitants et parce que je suis sûr qu’ils vont renaître de leurs cendres, j’ai choisi de vous parler d’un film d’action bourré d’énergie et d’adrénaline qui montre la combativité d’un Japon mis à mal : Sword of the stranger.

Sword of the Stranger – Sortie le 27 mai 2009
Réalisé par Masahiro Andô
Avec les voix de Yûki Chinen, Tomoya Nagase, Akio Ôtsuka
Le récit de Sword of the Stranger se déroule dans le Japon de l’ère « Sengoku », en pleine période de guerres civiles.
Un rônin sans nom sauve un jeune orphelin, Kotarô, et son chien Tobimaru, lors d’un incendie. Pendant ce temps, une mystérieuse milice venue de Chine recherche Kotarô dans le but de l’utiliser pour accomplir un rituel occulte procurant la vie éternelle. Parmi eux se trouve Luo-Lang, un bretteur émérite assoiffé de combats aux ordres du seigneur de guerre Bai-Luan.
Kotarô engage alors le rônin sans nom comme garde du corps en échange d’une pierre précieuse qu’un moine lui a donné, et ils décident de faire route ensemble.
A partir de cet instant, leurs destins vont être inexorablement liés. Débute alors une émouvante histoire d’amitié entre deux individus ayant connu de nombreuses tragédies dans leurs vies personnelles : un samouraï sans maître et sans nom qui a juré de ne jamais retoucher à un sabre, et un jeune garçon qui a perdu ses parents.

Plus qu’un film : une boîte laquée.

Ce que je veux dire par là, c’est qu’il est un très bel exemple du savoir faire japonais. Pas seulement en matière d’animation mais aussi sur la capacité qu’ont les artisans de ce pays de revenir cent fois sur leur tâche tout en gardant à l’esprit que le résultat doit être beau et simple.

Analysons l’objet : nous avons affaire à un chambara, un film de sabre, un genre typiquement japonais devenu classique car montré au cinéma depuis les années 1920 (mais avant cela, on trouvait dans le théâtre kabuki).

Ici, l’intrigue reprend les codes du genre, pas d’innovation, pas de nouvelles pistes explorées (comme l’avait pu être des films tels que Lady Snowblood ou Azumi). Non, on fait dans le classique, le simple mais on le fait bien : le rythme – en dehors des scènes de combat – est assez lent et la narration prend le temps de présenter correctement les personnages et l’époque.

L’ère Sengoku (milieu du XVe – fin du XVI siècle) est une période trouble durant laquelle le Japon connut de nombreux conflits régionaux et des guerres civiles. Mais c’est aussi une période de transition qui mènera à une période de modernité et d’unification du pays (à titre d’exemple cinématographique, c’est aussi à cette période que se déroule Princesse Mononoke d’Hayao Miyazaki). On rencontre donc nombre de personnages louches, corrompus, comploteurs qui font peser autour des héros une ambiance malsaine et sombre. Mais l’espoir viendra sans doute de cet enfant si convoité…

Les personnages principaux sont eux aussi des archétypes du genre : une victime innocente, un antihéros désabusé et un ennemi impitoyable. Cependant, malgré leurs profils différents, ils ont tous les trois deux points communs : un passé lourd de traumatismes et une fuite en avant, à la recherche d’un idéal.

Rien de nouveau là non plus mais cette caractérisation permet de donner au film une grande cohérence et renvoie évidemment à l’Histoire et à la philosophie zen du Japon.

Ces trois personnages sont aussi des étrangers, chacun à sa manière, ce qui fait qu’ils sont coupés du monde dans lequel ils vivent : l’un est européen et travaille pour les chinois, l’autre vit en marge de la société et on prête au dernier une valeur mystique. Ceci est un élément de plus qui permet d’interpréter le titre du film à un triple niveau et qui questionne le spectateur : qui est le véritable étranger ? qu’a de particulier son sabre ? est-ce cela qui le définit ?

Une bien belle boîte, en effet.

C’est vrai, la forme du film est très élégante. De par le design des personnages, déjà, qui est très réussi (rien de neuf, toujours, mais le rônin a vraiment du charme et du charisme et le garçon est agréable) mais surtout, surtout, grâce à une mise en scène redoutable d’efficacité. En effet, simplement parce qu’il s’agit d’un film d’animation, le réalisateur a pu se permettre des chorégraphies de combats dont rêvent sûrement les meilleurs spécialistes hong kongais.

Les personnages bondissent, tranchent, découpent, décapitent à tout va (oui, c’est assez sanglant, je préviens, mais c’est le genre qui veut ça), et cela sous l’objectif d’une caméra qui tournoie, virevolte ou s’agite comme si un caméraman était au cœur de l’action. Même s’il ya beaucoup de mouvements, le cadre est maîtrisé, les combats restent lisibles et on est complètement scotché devant son écran (notamment lors du final apocalyptique : 20 minutes de ballet vengeur et destructeur avec travelling circulaire et j’en passe et des meilleures !). Je précise que le dessin reste toujours réaliste (à part certains visages) et ceci accentue le dynamisme de la mise en scène puisqu’elle paraît encore plus crédible.

Refermons la boîte.

Pour information, j’ajoute que c’est une création originale du studio Bones, déjà responsable de produits de grande qualité comme le film de Cowboy Bebop ou les séries télé Full Metal Alchemist et Soul Eater (entre autres).

Vous l’aurez compris, même s’il reste classique, vous avez là un excellent film de sabre, largement du niveau de Ninja Scroll (et qui vieillira sans doute beaucoup mieux) et si vous avez aimé Kill Bill vol.1, vous craquerez forcément. Une réussite.

Guillaume

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2 Comments

  • par Kdace
    Posté dimanche 3 avril 2011 11 h 33 min 0Likes

    Chouette critique, ça donne envie.

  • par Guillaume
    Posté dimanche 3 avril 2011 11 h 12 min 0Likes

    Je précise que le dvd et le bluray du film sont disponibles en français (ne vous fiez pas qu’à la bande annonce présentée ici).

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