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Mea Culpa : Sur le Tournage du nouveau Cavayé
Article initialement publié le 22 janvier 2013, quelques jours après la visite du tournage.
C’est à l’invitation de Gaumont et sans doute suite à notre entretien réalisé avec Fred Cavayé pour la sortie d’A Bout Portant, que je suis allé voir visiter le tournage de Mea Culpa.
Alors qu’on attendant le réalisateur de Pour Elle au Canada pour une histoire de bucherons, et après qu’il ait refusé rien de moins que le prochain Die Hard pour pouvoir continuer à faire ce qu’il aime, le réalisateur et son comparse le scénariste Guillaume Lemans ont choisi de faire un film dans la lignée des précédents. Mea Culpa est donc un film d’action contenant de fortes valeurs morales telles que la protection de la famille.
Simon (Vincent Lindon) est un ancien flic devenu convoyeur de fonds suite à un drame. Son jeune fils de 9 ans est le témoin d’un règlement de compte mafieux pendant une corrida. Faisant l’objet de menaces, Simon va le protéger et retrouver les poursuivants. Pour cela, il va faire appel à Frank (Gilles Lellouche), ancien collègue de la police. Mais en recomposant leur duo, leur passé commun va refaire surface.
Mea Culpa sortira dans les salles un an après cette visite, le 5 février 2014.
Lundi 14 janvier, 16h, TGV Paris-Marseille, quelque part autour d’Avignon.
Ou plutôt 16h, St Denis, Plateau C des studios récemment construits par Luc Besson. Une rame de TGV reconstituée fait parfaitement illusion. Magie du cinéma.
C’est là-bas que Fred Cavayé tourne quelques scènes de son prochain long-métrage intitulé Mea Cupa. A mon arrivée, le réalisateur regarde la scène qui vient d’être tournée dans la rame sur un moniteur. Vincent Lindon, en sueur, vient vérifier lui-même ce qu’il a fait et repart au charbon.
Nous sommes dans les vingt dernières minutes du film -qui seront donc une grosse poursuite à l’intérieur d’un train à deux étages- dans le Sud de la France. Le personnage de Lindon, manifestement accompagné de femme et enfant, fuit à Paris, pourchassé. On en saura pas beaucoup plus si ce n’est qu’il y a une tripotée de bad guys montés dans le même TGV que lui. Cavayé confie que le final du film se fera sur les rails, le train arrêté et impliquera également Gilles Lellouche venu ce jour-là sur le plateau pour tourner si le planning (qui prenait alors du retard) le permettait.
Il n’est pas possible d’utiliser un vrai TGV car la SNCF ne loue pas aussi longtemps un train dont elle peut avoir besoin (et Cavayé compte tourner 20 jours dedans). C’est donc sur le plateau qu’est reconstitué une rame. D’abord le rez de chaussée où on tourne des scènes puis l’étage. Et la magie du montage fera que le personnage de Lindon pourra passer de l’un à l’autre sans qu’on s’en rende compte. Les rames étant d’ailleurs toutes les mêmes, il n’en faut qu’une pour simuler un train entier : une fois le personnage arrivé au bout du wagon, il lui suffit de reprendre sa course au début du décor (où on bougera figurants et accessoires) pour faire illusion.
La rame est minutieusement reconstituée. Tous les petits détails d’un vrai TGV n’ont pas été oubliés, sans parler des figurants et des accessoires. Mêmes les poubelles individuelles sont présentes et seules les petites lampes de lectures sont factices. Et la structure n’est qu’en bois, l’extérieur n’étant pas visible. A l’extérieur, d’immenses photos trompe-l’oeil reprennent le décor naturel de l’endroit où le train s’est arrêté. On s’y croirait sans difficulté.

Assis devant un écran affichant le retour, à deux mètres du réalisateur installé à l’entrée de la rame et donnant ses instructions, on assiste donc au tournage de deux scènes. La première consiste en Lindon traversant une rame. La caméra est installée à l’autre bout, entre les sièges et on le voit s’avancer, regarder quelque chose par la fenêtre, puis dire aux passages de sortir par derrière. La scène est d’abord filmée en champs (avec le comédien de face) puis en contrechamps (avec les caméras derrière lui).
Au bout du wagon, les portes s’ouvrent et un « méchant » attend le héros pour en découdre. Cette 2e scène sera bien entendu -et comme expliquée plus haut- tournée à l’entrée de la rame pour donner l’impression qu’on est dans la suivante.
Ce sera la partie complexe du jour car nécessitant de nombreuses prises.
Fred Cavayé va donner ses directives aux cadreurs : il veut que la scène soit filmée de plusieurs manières. En champs et contre champs comme la précédente, mais aussi à des distances plus ou moins proches, toujours en caméra portée, comme si le spectateur était planqué entre les sièges. Et bien entendu, il faut que chacune des prises soit raccord pour que rien ne se voit après le montage. La scène est donc répétée puis filmée selon les volontés du réalisateur. Les comédiens devront la refaire plusieurs fois car c’est un combat compliqué, au corps à corps, entre les étagères à bagages et en impliquant à la fois une arme à feu et un couteau. Il faut donc que les gestes soient rigoureusement les mêmes quelle que soit la prise.
Lindon et son adversaire s’y reprendront donc à plusieurs reprises pour que ça soit parfait. L’une des séries de prises sera faite avec une arme chargée à blanc (le reste du temps, une arme factice est utilisée) et les gros plans (un pied qui en écrase un autre, une main fracassée contre une vitre pour faire tomber une arme à feu, un couteau utilisé de près) seront réalisés par des cascadeurs pour éviter tout risque inutile.
C’est impressionnant de voir la minutie avec les scènes sont réglées et le temps nécessaire à ce petit combat. Nous sommes restés sur le plateau trois heures entières pour quelque chose qui ne prendra sans doute que quelques brèves secondes à l’écran !

Entouré d’une équipe de gens passionnés, Fred Cavayé est un réalisateur à la fois cool et détendu mais ferme et décidé. Il sait ce qu’il veut et ne manque pas de le faire savoir mais prend également le temps de plaisanter et de tourner son film en tout décontraction.
De l’autre coté de la caméra, Vincent Lindon a montré qu’il était une véritable bête de travail. Totalement impliqué dans son personnage, il semblait encore dans la peau de celui-ci une fois sorti du plateau. Chose qui m’a semblé étonnante, il checke lui-même sur moniteur ses propres prises, se propose de les refaire même quand elles paraissaient bonnes pour le réalisateur et se remet à mouiller la chemise (dans tous les sens du terme). Un comédien impressionnant.
Visiter -pour la première fois- un tournage de long métrage fut une expérience riche tant il se passe des milliards de choses. Ca faisait plaisir de voir autant de gens emballés par un beau projet et si motivés à travailler dessus. Ca gâchera sans doute un peu la surprise une fois en salle (d’autant qu’un figurant a spoilé un élément de l’intrigue, ce qui m’apprendra à laisser trainer mes oreilles partout) mais voir l’envers du décor, les coulisses, et la réalisation de véritables scènes expliquant la fameuse magie du cinéma étant très intéressant. Et à refaire. Vite.
Merci évidemment à Vincent et aux équipes de Gaumont pour l’invitation ainsi qu’à Fred Cavayé pour son accueil. On espère prolonger l’expérience en interview.
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