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Etrange Festival : le juge Dredd et les autres…

L’Etrange Festival, c’est bel et bien terminé.

Il ne nous reste qu’une poignée de films à évoquer avec vous, tout ceux dee samedi et ceux du dernier jour. D’abord KnightRiders, le délire de Romero avec des tournois de chevaliers à moto. Ensuite Le Fantôme de l’Opéra présenté par Retour de Flammes et l’indispensable Serge Bromberg qui accompagne le film au piano. Et enfin, en avant-première, le fameux Dredd avec Karl Urban qui succède à Sylvester Stallone dans la peau du célèbre juge adapté du comic du même nom.

Mais on commence par quelques remerciements…

 

Pour finir, j’aimerais remercier Xavier Fayet, Frédérique Temps, toute l’équipe du Forum des Images et de l’Etrange Festival.
Avec cette année une édition exceptionnelle, peut être la meilleure à laquelle j’ai pu assister, ce festival pas comme les autres a su une nouvelle fois prouver son importance et son amour du cinéma. Ca peut paraître débile comme ça, mais le simple fait de proposer sur le même programme des œuvres aussi différentes que Les 3 Supermen Turcs, Eega, le Collier Perdu de la Colombe ou Samsara est le témoignage d’un amour démesuré pour le cinéma et comme on le ressent peu ailleurs.
Pour avoir eu la chance d’expérimenter le festival de Cannes cette année, je peux vous dire que la passion sincère du 7ème art, la compréhension de son langage et la quête d’œuvres réellement fortes et uniques se faisait bien plus sentir dans les couloirs du Forum que sur une croisette toute donnée au clinquant et à la réflexion prémâchée de bas étage.
Une nouvelle fois messieurs, chapeau bas, merci mille fois, et à l’année prochaine

 

Mort sur le Grill (1985)
de Sam Raimi
Pour la suite de sa carte blanche, Jan Kounen voulait rendre hommage à l’un de ses cinéastes préférés : Sam Raimi. C’est peu dire que nous étions ravis de faire de même en assistant à la projection en 35mm s’il vous plait de cet OVNI scénarisé par les frères Coen dans lequel un homme aux pieds de la chaise électrique tente de plaider sa cause en expliquant la folle nuit qui l’a mené jusque là. Duo de tueurs débilos utilisant des arcs éléctriques surpuissants pour griller leurs victimes, Bruce Campbell en playboy misogyne et égocentrique qui en fait des tonnes, sketchs de cartoon avec boules de bowlings tombant sur une tête ou portes défoncées en chaîne, Mort sur le Grill compile tout ça et bien plus encore dans un épisode live de Tex Avery halluciné avec un réalisateur comme un poisson dans l’eau tant sa caméra est aussi barjo que son histoire.
Un petit plaisir qui ne demande qu’à être redécouvert en DVD.

 

Koyaanisqatsi (1983)
de Godfrey Reggio

Histoire de bien faire le lien avec le focus sur Ron Fricke et l’Homme à la caméra diffusé la veille, Jan Kounen nous a présenté le film matriciel des documentaires en 70mm à travers le monde que sont Baraka et Samsara. Présenté dans une copie 35mm des plus rares, Koyaanisqatsi est le premier film de la trilogie Qatsi (Powaqqatsi, Naqoyqatsi) et est un documentaire sans aucune parole qui enchaîne simplement des images prises aux Etats-Unis aussi bien dans de somptueux paysages désertiques que dans les centres commerciaux démesurés. Signifiant « Vie déséquilibré », le titre du film reflète l’intention d’une œuvre qui donne à voir l’évolution démente de la technologie et de l’aménagement des territoires par un être humain qui écrase tout sur son passage. Véritable crescendo au sommet vertigineux, Koyaanisqatsi possède des images certes beaucoup moins belles que Baraka & Samsara, mais est porté par la musique titanesque de Philip Glass et posait les fondements des futurs chefs d’œuvre de Ron Fricke, qui était ici directeur de la photographie et monteur. Une œuvre importante donc, sûrement plus didactique et fermé que ses descendants en 70mm, mais qui fait toujours son effet.

 

Blood Freak (1972)
de Steve Hawkes & Brad F. Grinter

Jan Kounen aime bien les extrêmes, et après nous avoir amené à la quintessence du langage cinématographique, il s’était dit que finir l’Etrange Festival en voyant l’annihilation totale de celui-ci serait des plus salvateurs. Nous avons donc commencé les choses en douceur avec ce nanar de premier choix qu’est Blood Freak, véritable film de propagande pour l’Eglise Catholique et anti-drogue dans laquelle un homme fini par céder aux avances d’une fille sans complexe malgré les avertissements de sa sœur sage comme un image, qui va au détour d’un plat des plus étranges se transformer en poulet égorgeur de donzelles à forte poitrines et buveur de sang. Les festivités étaient d’autant plus riches que le film nous était offert dans sa cultissime VF, avec des doubleurs vraisemblablement sous substances illicites vu leur degré d’implication et de soin dans la réécriture des dialogues. Bien évidemment, le tout est aussi con que mauvais, mais c’est ça qui est bon !

 

Les 3 Superman Turcs aux Jeux Olympiques (1984)
de Yavuz Yalinkilic

Le président de l’Etrange nous avait prévenu, Jan Kounen nous avait prévenu et le titre du film nous prévenait lui aussi à sa manière. Pourtant, rien, absolument rien ne pouvait nous préparer à cette projection unique complètement en dehors de tout ce qu’on a pu voir au cinéma. Pourtant, Jan Kounen était au micro durant le film pour nous donner quelques indications et clés utiles à sa compréhension, tout comme le festival nous offrait le luxe suprême d’une traductrice en direct pour tenter de capter l’essence des dialogues. Il faut dire que ce truc pas possible, on ne voit pas comment l’appeler autrement, subsiste aujourd’hui dans l’histoire du cinéma grâce à une copie de copie de copie de VHS en tant que master, offrant déjà une qualité d’image et de son à en faire pâlir James Cameron. En réalité monté à partir de deux films différents, cet objet prétendant au titre de film défie tellement toute logique narrative, métaphysique, rationnelle ou même humaine qu’il faut le voir pour le croire. C’est bien simple : absolument rien n’a de sens. On passe d’un décor à l’autre sur des principes narratifs obscurs illustrés par un découpage illuminé, les héros ont un charisme divin et prennent un taxi ou des chevaux pour faire leurs déplacements quand bien même ils peuvent voler… Un bordel filmique sans nom, absolument stupéfiant mais dont le caractère d’un autre monde lui confère un charme irrésistible, pour une séance tout aussi surréaliste. Et quand un festival est capable de projeter une telle chose tout en proposant Samsara à côté, c’est la classe internationale. Merci Jan Kounen, merci l’Etrange Festival.

 

Grabbers (2012)
de Jon Wright

Pour la nuit New British Generation, Canal + Cinéma a fait les choses en grand. Non seulement offraient-ils la nuit à tout ceux qui allaient gentiment demander une place au guichet mais en plus ils proposaient même un buffet des plus conséquents. Le plus important reste pourtant les films à proprement parler, et c’est peu dire que le public a su se délecter de ce Grabbers. Digne héritier du style Shaun of the Dead, ce film suit une policière parti 2 semaines en remplacement sur une petite île britannique un rien paumée dont l’activité principale est le pub. Avec son nouveau collègue alcolo et les villageois bien de chez eux, ils vont vite avoir à faire à un problème des plus emmerdants : une invasion de poulpes extraterrestres ayant un goût prononcé pour l’eau et le sang. Coup de bol pour nos humains, les dits Alien ne supportent pas l’alcool…
Sur un concept aussi stupide que génial, les héros devant se bourrer la gueule pour espérer survivre, Grabbers se pose non seulement comme une comédie réussie avec des situations rigolotes à la pelle, un rythme qui ne faiblit pas, des personnages attachants et une sacrée galerie de gueules cassées, mais surtout le film est formellement impeccable, et affiche des effets spéciaux stupéfiants de spectaculaire pour un budget aussi modeste.
En attendant d’en savoir plus sur une hypothétique sortie, les Nantais pourront s’en délecter le 5 octobre au festival de l’Absurde Séance.

 

Tower Block (2012)
de James Nunn & Ronnie Thompson

L’autre exclusivité de cette nuit New British Generation n’était évidemment pas Attack the Block (dont je vous conseille la critique par Arkaron) mais bien Tower Block, écrit par le scénariste de Severance de notre copain Christopher Smith. Le pitch est plutôt simple, puisque l’on suit les derniers habitants d’un immeuble en cours de désaffection résidant tous au dernier étage et qui vont avoir la merveilleuse surprise un matin d’être pris pour cible par un sniper impitoyable. On a vu mieux comme petit déj. On a aussi vu mieux comme film, car malgré une aisance une nouvelle fois incroyable pour traiter de problèmes sociaux anglais au travers du cinéma de genre, les attitudes et réactions des personnages sont assez débiles, le film devenant vite prévisible quand au déroulement de son intrigue et à savoir qui va y passer le prochain coup. Pas désagréable pour autant puisque certaines scènes dont l’arrivée du sniper font leur petit effet, Tower Block a juste du mal à tenir son concept tout du long et à lui insuffler de la matière grise.

 

KnightRiders (1981)
Réalisé par George A. Romero
Avec Ed Harris, Gary Lahti, Tom Savini, Ken Foree
Pour gagner leur vie, des troubadours anarchistes organisent des joutes médiévales, remplaçant les chevaux par des motos. Billy, le chef de cette secte d’allumés en bécanes, tente de devenir le roi Arthur. Mais Morgan, l’un de ses chevaliers, tente de le détrôner.

George A. Romero n’a pas réalisé que des films de zombies. Un fait qui a besoin d’être rappelé quand on voit l’étiquette monstrueuse qu’on lui colle et dont il aurait bien aimé se défaire comme il l’a prouvé à plusieurs reprises avec des films comme Martin ou ce Knightriders au pitch assez atypique. Il est tout de même question d’un groupe d’américains amateurs de délires médiévaux et qui vit selon les traditions et coutumes de l’époque en traversant les Etats-Unis pour proposer un spectacle unique de chevaliers. Des joutes à l’ancienne, avec lance, boucliers et j’en passe, au détail près que leurs canassons sont des motos. Ca sentait le nanar fou furieux, et pourtant Knightriders est un bon film sur cette troupe d’hommes qui refusent de se plier aux règles et de vivre comme ils l’entendent, sans céder aux alarmes de l’American way of life écrasante par son consumérisme et son étroitesse d’esprit. Avec Ed Harris et Tom Savini au casting, Romero réalisait là un film unique, comprenant des scènes d’actions très réussies et qui ne démordait pas pour autant, la hargne du réalisateur étant encore très présente.
Vu l’excellent état de la copie projetée, on ne serait pas étonné de voir un Blu – Ray sortir dans les mois qui viennent et d’ici là, que vous soyez fans du bonhomme ou non, retenez le nom du film.

 

Le Fantôme de l’Opéra (1925)
Réalisé par Rupert Julian
La jeune chanteuse Christine est protégée par une voix mystérieuse qui lui permet de devenir une Diva. Cette voix est celle du “Fantôme” qui lui demande de renoncer à son fiancé, pour ne se consacrer qu’à la musique.

Tous les ans, le dernier dimanche à 17h, c’est Retour de Flamme avec Lobster et Serge Bromberg. Cette année, quoi de mieux que la restauration du Fantôme de l’Opéra pour fêter les 20 ans conjoints de la société et de l’Etrange Festival, pour ce classique des plus étranges formellement puisqu’il mélange des scènes colorisées à la main ou avec des filtres et d’autres tournées en technicolor, en plus de passages sonorisés quand le reste du film est muet. La version diffusée était celle avec un arrangement musical orchestré bien après la sortie du film ce qui nous aura retiré le plaisir d’avoir Serge Bromberg au piano pour accompagner le film. Ca n’est pas si grave que ça, tant ce classique est toujours aussi flamboyant et possède des scènes somptueuses, dont un bal effervescent et une conclusion à la beauté intacte. Un classique qui devrait profiter de sa restauration pour ressortir en vidéo très bientôt, pour un rendez-vous immanquable.
Cette année, comme tous les ans le dernier dimanche à 17h, c’était Retour de Flamme et cette année, comme tous les ans le dernier dimanche à 17h, c’était génial.

 

Dredd (2012)
Réalisé par Pete Travis
Avec Karl Urban, Lena Headey, Olivia Thirlby
Dans une ville violente du futur où la police multiplie les fonctions (juge, jury et bourreau), un flic fait équipe avec une apprentiejuge pour arrêter un gang qui vend de la drogue SLO-MO…

Le gros film de clôture qui a rameuté tous les geeks de Paname avec leurs t-shirts de comics, c’était Dredd, nouvelle adaptation du personnage ayant œuvré dans les pages de 2000AD et qui avait déjà été adapté dans un mauvais souvenir avec Sylvester Stallone sous le casque du flic intraitable. C’est Karl Urban qui reprend l’insigne dans cette version au pitch somme toute hyper simple : le juge Dredd et sa novice Anderson vont enquêter sur un meurtre dans l’immeuble de Peach Trees, entièrement contrôlée par une reine de la pègre qui va aussitôt cloisonner le lieu et retourner les gangsters du bâtiment entier contre nos deux flics. Le film aurait presque pu s’appeler The Draid, si il était aussi bourrin que promis sur le papier. Et c’est bien ça le problème : à l’exception d’une fusillade en slow motion (diffusée en extrait sur internet…) et deux autres petites séquences tournées en plan fixe mou du genou, il ne se passe pas grand chose dans Dredd, si ce n’est rien. Ce manque total d’action et de maitrise de l’action est autant du au « faible » budget de la chose (45 millions pour un film de Science-Fiction tourné en 3D, tout de suite ça fait peu aux USA) et à un réalisateur loin d’être à l’aise quand il s’agit de donner de la dynamique quand ça pétarade. Heureusement que la caractérisation de Dredd est au poil, la carrure imposante du personnage et sa rigueur étant de la partie, offrant une vision du personnage qui fera sûrement des guillis à tous les lecteurs de comics rêvant de voir leur idole à l’écran. La prochaine fois, on aimerait juste qu’il fasse quelque chose.

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1 commentaire

  • par rafa07
    Posté samedi 12 janvier 2013 12 h 49 min 0Likes

    J’ai vu le film Dredd, cette nouvelle adaptation est pour moi une belle surprise, sombre, énormément d’action, des scènes assez gore et surtout pas de personnages lourd comme dans la version de 1995 (Rob Schneider) même la prestation de Karl Urban arrive à nous faire oublier l’interprétation de Sly (dont je suis pourtant fan).
    Les personnages secondaires comme la novice Anderson et la méchante Ma-ma viennent apporter la touche féminine avec grand plaisir.
    Un régale pour les fan du genre sans en faire un chef d’oeuvre pour autant même si j’espère bien une suite à cette nouvelle franchise.

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