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Critique : Le Château de Cagliostro

Critique initialement publiée le 30 mai 2010 en écho à une rétrospective Miyazaki sur Arte. Le Château de Cagliostro ressort dans les salles françaises ce 23 janvier 2018.

 

Lupin III, qui c’est celui-là ?

Lupin Sansei, ou encore Lupin III, fit son apparition au pays du soleil levant en 1967 sous la plume du mangaka Monkey Punch. Choix assez culotté de ce dernier, il propose de raconter les aventures du petit fils d’Arsène Lupin qui, suivant les traces de son glorieux aïeul, est un cambrioleur de haut vol et un séducteur invétéré. Goguenard et provocateur, il aime annoncer à l’avance ses prochains méfaits et se joue d’Interpol et du zélé inspecteur Zenigata perpétuellement à sa poursuite.

Lupin utilise moult gadgets qui feraient pâlir d’envie James Bond et il est aussi maître dans l’art du déguisement. Son seul point faible, ce sont les femmes, évidemment et à l’instar de nombreux héros d’animation (du loup de Tex Avery à Ryo Saeba) il peut facilement perdre le sens commun face à une belle paire de… boucles d’oreille en diamant portées par une créature de rêve (et elles sont nombreuses à graviter autour de lui…)

Et alors, là, ami lecteur, tu te dis peut être : « mais c’est bizarre, ce personnage me dit quelque chose… » eh oui, car Lupin III, est connu des bambins des années 80 ! Mais vu que Monkey Punch n’avait pas trop demandé l’autorisation aux héritiers de Maurice Leblanc (le créateur d’Arsène) d’utiliser le nom Lupin, son héros fut rebaptisé chez nous : Edgar de la cambriole (oui, c’est tout de suite moins classieux, je vous l’accorde) ou encore Wolf ou bien Rupan sur certaines éditions vidéos.

L’adaptation

Quatre ans après sa publication papier, le manga de Monkey Punch connut sa première adaptation en animé à la télévision.

La série eut un énorme succès et ceci entraîna son adaptation en long métrage. En 1978, la sortie du Secret de Mamo marqua le début d’une longue (longue) série de films et de téléfilms.

Durant l’année 1979, la production d’un nouveau long métrage fut lancée (et bouclée !) et le 15 décembre de cette année-là, les japonais découvrirent dans leurs salles obscures ce chef d’œuvre qui reste, encore de nos jours, une référence en la matière.

Miyazaki connaissait bien le personnage puisqu’il avait déjà travaillé sur plusieurs épisodes de la série télé (de 1971) mais s’il atterrit au poste de réalisateur c’est aussi grâce à son ami/mentor Yasuo Ôtsuka, directeur de l’animation émérite, qui travailla sur toutes les séries de Lupin. Ôtsuka avait donné un coup de main à Miyazaki sur sa série télé Conan, le fils du futur, et en échange, Miyazaki accepta de diriger le film.

Le film

Le résultat du travail de Miyazaki est une œuvre hybride : les fans de papy Hayao y trouveront des thématiques et des stéréotypes nouveaux (un héros masculin, des questionnements sur le pouvoir de l’argent, pas de lyrisme, pas de naturalisme), les fans de Lupin III seront surpris de voir leur héros sous un nouveau jour (plus posé, plus calme voire introspectif par moment, souvent sans ses acolytes). Mais aucun des deux camps ne sera déçu, c’est là, la réussite de Miyazaki-sensei.

Le film est une comédie policière ayant des voleurs pour protagonistes et on connaît le charme que peut générer ce genre de film. On se laisse porter par l’ambiance et le déroulement des évènements en souhaitant, bizarrement, que le méchant garçon réussisse son coup.

Mais ici, en plus du cambriolage, se superpose toute une série de mystères qui donnent de l’épaisseur à l’intrigue et aux personnages : un pays très discret, un trésor caché, une prophétie, une princesse qui semble déjà connaître Lupin…

Si l’on devait rapprocher le Lupin de Miyazaki d’un autre de ses personnages, ce serait sans doute Porco Rosso, pour son côté « chevalier anarchiste hors-la-loi », mais Lupin a un côté sombre beaucoup plus réduit que Porco Rosso, la malice occupant déjà une bonne partie de sa personnalité.

Et puis n’oublions pas la comédie : le talent de Miyazaki réside bien souvent dans ses mises en scène tout en ruptures (les personnages sont dans une situation ou un état d’esprit et d’un coup, BLAM, un élément vient tout casser) et ici, autant dire qu’il s’en est donné à cœur joie.

Le côté exubérant de l’univers de Lupin, lui permet toutes les audaces car il n’y a pas de réalisme à respecter (en tout cas, beaucoup moins que dans ses autres films). Le visage et le corps des personnages s’étirent comme du caoutchouc pour retranscrire des émotions poussées à l’extrême.

Le gros avantage de l’animation est aussi de pouvoir créer des cascades complètement folles et on trouve dans le film de véritables petits bijoux en termes de courses poursuites, sauts dans le vide et autres combats contre des ennemis multiples.

Un peu comme si on mélangeait Belmondo, Jackie Chan et Jim Carrey dans un shaker en celluloïd, avec une olive de poésie en plus. Un cocktail plutôt divertissant, non ?

Conclusion

Sans doute le film le plus comique de Miyazaki, le Château de Cagliostro constitue vraiment une œuvre à part dans sa filmographie. Certes, c’est un film de commande, mais le réalisateur a eu le talent et l’intelligence de travailler le personnage à sa façon, sans le dénaturer. Le résultat en est que ce film est un film ultra culte au Japon (par exemple, on trouve des figurines reproduisant des poses aperçues à peine 1 seconde à l’écran, tellement elles sont entrées dans l’imaginaire collectif et identifiables) et toujours cité comme le meilleur de Lupin III (mais appartient-il réellement à cet univers ?)

Je vous conseille donc son visionnage, en v.o. de préférence, mais si certains vieux otakus sont familiers avec la série télé des années 80, qu’ils se procurent donc le dvd paru chez IDP il y a quelques années : le casting des voix originelles a été repris et cela fait rudement plaisir d’entendre Philippe Ogouz réinterpréter Edgar (oui, les anciens noms ont aussi été repris, hélas). Sinon, il existe un dvd chez Manga vidéo qui est aussi de bonne facture (et où Lupin s’appelle Wolf).

Le Château de Cagliostro, d’Hayao Miyazaki – Sortie initiale en 1979

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