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Critique : Toy Story 4

Traditionnellement, le Festival d’Annecy consacre son avant-dernière journée -avant le palmarès et la remise des prix- en grande partie à Disney, en projetant le film d’animation de l’été. Cette année ne fait pas exception à la règle puisque ce vendredi s’est terminé sur Toy Story 4. En salles le 26 juin prochain.

 

LA CRITIQUE

Difficile de succéder à Toy Story et à la fin parfaite du film de Lee Unkrich bouclant une des meilleures trilogies du cinéma d’animation, démarrée en 1995. D’autant plus compliqué que les suites, à l’exception de la saga initiée par John Lasseter, n’ont jamais été le point fort de Pixar. Qui se souvient du Monde de Dory ou de Cars 2 et 3 ? Pourtant, le studio a toujours accepté de faire des suites « à condition que les histoires soient bonnes ». C’est heureusement le cas ici : Toy Story 4 fourmille de belles idées. C’est ce qu’on appelle un bon film.

L’histoire est toujours la même mais le studio à la lampe nous la raconte depuis presque 25 ans. Des jouets, sortis de la chambre d’enfant qu’ils occupent habituellement doivent se sauver les uns les autres dans un environnement particulier. Après le collectionneur-nerd et la crèche, une histoire un peu similaire se tient dans une fête foraine et un magasin d’antiquités. Les jouets, désormais la propriété de la jeune et sympathique Bonnie, se retrouvent avec leur famille humaine dans un camping car pour quelques vacances. Parmi eux, un nouveau venu, Fourchette, né de l’imagination de la jeune fille. Mais Fourchette, véritable nouveau-né, se considère d’avantage comme un déchet (il est fabriqué à partir de l’ustensile en plastique et de bouts de ficelles). Il veut donc quitter la troupe pour rejoindre la poubelle la plus proche. C’est donc lui que Woody va devoir sauver.

Mais le film ne commence par directement sur Bonnie. Il nous renvoie d’abord vers Andy à différentes périodes de sa vie, notamment lors d’un moment clef de l’histoire qui explique pourquoi la bergère avait disparu. Avec cette scène forte en émotions et d’une beauté à couper le souffle (le réalisme de la pluie et l’éclairage de la séquence sont à tomber à la renverse), le réalisateur Josh Cooley donne le ton : il a une belle histoire à raconter, et elle sera consacrée à Woody. Après avoir évoqué l’héritage et la transmission dans Toy Story 3, Pixar s’interroge ici sur la place des jouets dans le monde. Apporter de la joie à un enfant est-il vraiment leur seul but ? Ne pourraient-ils pas vivre leurs propres aventures ? Le cowboy à la botte contenant un serpent, lui, tient à sa mission. Il a été le jouet préféré d’Andy, et il se trouve que Fourchette est désormais le favori de Bonnie. Il doit donc tout faire pour que son nouveau pote à tendance « suicidaire » soit disposé à s’occuper de la jeune fille à une époque difficile de son existence. C’est la belle idée du film : garder la perspective originelle, le rapport des jouets aux enfants, et la twister légèrement en évoquant le point de vue des jouets.

Ajoutez à cela un personnage qui s’avère être bien moins lourd que ce que la promo laissait penser : Fourchette. Doublé en VF par Pierre Niney qui s’en donne à coeur joie, l’ustensile en plastique sert à nous montrer les premiers pas d’un jouets. Et on peut même aller jusqu’à considérer que n’importe quoi, tant qu’il est chéri par un bambin, peut devenir une créature dotée d’une conscience. Cooley ne pousse pas la réflexion très loin (que se passerait-il si Bonnie le démontait ? ou s’en débarrassait ?) mais ses scènes permettent des séquences très drôles. Tout le film est d’ailleurs ponctué de très bons gags, poussés par une version française une nouvelle fois aux petits oignons. Citons aussi la Bergère, véritable personnage des années 2010, qui n’est plus là que pour garder des moutons mais qui prend désormais part à l’action.

On pourra néanmoins reprocher à Toy Story 4 de multiplier inutilement les péripéties, étendant un long-métrage qui aurait pu être plus court, surtout dans une scène finale vraiment trop longue. Les plus jeunes devraient quand même y trouver leur compte. Et puis on peut aussi se demander ce qu’est devenu le traitement de Rashida Jones, qui a quitté la production très en amont pour céder sa place à Josh Cooley et Andrew Stanton. La scénariste est créditée mais difficile de savoir ce qui reste de sa prose.

En produisant Toy Story 4, Pixar prenait un risque. La saga la plus culte du studio n’avait pas forcément besoin d’une suite. Mais Josh Cooley s’en sort avec les honneurs. Évoquant ses prédécesseurs avec beaucoup de respect, le film déborde de belles idées, de scènes drôles et de moments émouvants. Comme à la fin du long-métrage de Lee Unkrich, il est difficile de retenir ses larmes. Pas pour les mêmes raisons, heureusement, et c’est bien en ça que ce 4e et ultime volet est réussi.

Toy Story 4, de Josh Cooley – Sortie le 26 juin 2019

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