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Critique : Projet X

Derrière ce titre bizarre ne se cache pas une histoire d’espionnage, de complot ni même de cul. Projet X parle … d’une fête géante.

Produit par Todd Philips (Very Bad Trip), le film est réalisé par l’inconnu Nima Nourizadeh dont c’est le premier long et a un casting rempli de jeunes premiers … qui font la fête donc, le genre d’énorme fête à l’américaine qu’on aimerait voir dans son quartier (mais pas forcément chez soi).

Mais peut-on faire la fête au cinéma ?

 

 

Projet X – Sortie le 14 mars 2012
Réalisé par Nima Nourizadeh
Avec Thomas Mann (II), Oliver Cooper, Jonathan Daniel Brown
Alors qu’ils semblaient jusque-là se fondre dans la masse, trois lycéens décident de sortir de l’anonymat. En apparence, leur projet est plutôt inoffensif puisqu’ils ont l’intention d’organiser une fête des plus mémorables. Mais rien n’aurait pu les préparer à la soirée qu’ils s’apprêtent à vivre… La rumeur se propage alors rapidement, tandis que les rêves des uns s’effondrent, les résultats scolaires des autres dégringolent, et des légendes se forgent…

 

Projet X, c’est le concept tout bénéf pour un producteur, celui que certains aimeraient voir plus souvent couché sur leur bureau. D’abord, c’est un found footage movie, ce fameux genre à la mode consistant à montrer des images caméras à l’épaule tournées par un amateur qui a décidé de vous montrer sa vie. C’est tendance, ça cartonne, c’est déjà ça de pris.
Ensuite, ça s’inscrit dans la veine « Very Bad Trip » des comédies actuelles, montrant des personnages qui ont ou vont déguster en pleine tronche les ravages d’une soirée trop arrosée, et plus si affinités. C’est tendance, ça cartonne, c’est encore ça de pris.
Enfin, ça ramène ce genre de comédies à son public de prédilection, les teenagers, avec des héros en plein délire skins party et tout le tralala. C’est tendance, ça cartonne, c’est vraiment ça de pris.
Une recette pareille et votre producteur s’imagine déjà tenir le nouveau film culte de toute une génération, ce qu’il conçoit surtout comme une puissante machine à dollars.
Du coup, Projet X, ca a l’air tendance, ca va sûrement cartonner… Mais est-ce que ça prend vraiment ?

Sur le papier, le projet est tellement simple qu’il tient en réalité sur un post-it.
C’est l’histoire de 3 losers qui décident de devenir les rois du lycée en organisant une fête pour l’anniversaire de l’un d’eux, dans sa maison et en l’absence de ses parents. Et voilà.
Cependant, il est important de préciser que par fête, les 3 ados n’entendent pas « petite sauterie entre amis », ni « boom du samedi soir ». Non, quand ils disent fête, les bougres entendent faire la teuf du siècle, à savoir transformer le jardin en rave party, du genre de celle qui fera trembler le quartier entier en crachant les watts tellement fort que les murs vibreront à un kilomètres à la ronde, avec assez d’alcool pour la ville entière et un nombre de bimbos trois fois supérieur à celui la surface du terrain en m².
Le but de l’opération est de se mettre une mine titanesque, de foutre le bordel et accessoirement de sauter ce qu’il y a de plus féminin dans les parages.
Un programme sain et des plus sages, forcément alléchant vu comme ça et qui donnerait à n’importe quel humain en quête de sensations fortes l’irrésistible envie de se jeter dans la mêlée pour s’abandonner à de nombreux plaisirs coupables.
Le problème, c’est tout simplement qu’au moment de la fête, vous êtes dans une salle de cinéma.

L’utilisation du found footage movie est bougrement casse gueule comme on a déjà pu le voir avec The Silent House, Troll Hunter ou tout récemment Chronicle, et autant dire que là encore, c’est le bordel. Ce principe de mise en scène, se basant sur la similitude d’un tournage au caméscope « à l’arrache », ne fonctionne que si la réalisation respecte ce point de vue et s’y attèle tout du long.
Autant vous dire que Projet X n’en a absolument rien à cirer de la cohérence de son concept ou quoi, lâchant bien vite son image dégueu pour adopter des cadres et un montage propres à l’imagerie des clips de rap dès que la première demoiselle pointe le bout de son nez.
Travelling en contre plongée se concentrant sur les culs les plus roulants qui passent, caméra sous marine traversant en long, en large et en travers la piscine pour y filmer tout les seins nus qui y plongent, mouvement de grues montrant la population en délire, le film explose les règles de son modèle dès qu’il en a l’occasion, revenant à la caméra subjective pour les phases plus narratives, d’autant que quasiment tous les participants de la soirée semblent avoir des petites caméras sur eux histoire de ne rien manquer.
Il faut dire que le public s’en branle aussi totalement de savoir comment tout ça a été filmé et si ça tient la route formellement ou non. Dans le fond, il a bien raison, vu qu’il est là pour qu’on lui serve la fête la plus extrême qui soit. Le résultat s’apparente plus à un clip vidéo d’une heure trente.

Quand on consacre un film à montrer des gens en train de faire la fête, on n’a apriori pas grand-chose à raconter. Pas grand-chose de passionnant en tout cas, puisque le personnage principal que l’on va suivre au grès des péripéties de ses deux copains tout clichés (un gros, et le surexcité de service qui se fout de tout) va donc essayer de contrôler un tant soit peu les choses pour éviter la casse, avant de décider d’aligner la plus belle nana (comprenez la bonnasse de la soirée) dans son pieu. Vaste programme, entrecoupé de révélations incroyables (et si sa meilleure amie était celle avec qui il devrait se mettre ?!) et de moments contemplatifs encore jamais vus au cinéma, entre ceux qui absorberont le plus d’alcool possible avant de le dégurgiter face caméra, les foufous qui casseront tout sous les rires respectueux de leurs amis inconnus et évidemment, le festival de donzelles en chaleur ne supportant plus aucune fringue exceptée leur bikini (c’est un blockbuster, faut pas trop rêver non plus hein…).

Evidemment, le tout est monté en rythme sur les derniers tubes de la génération Skrillex, se délectant de remixes bourrins de Snoop Dogg et des Yeah Yeah Yeahs tout en s’adonnant au son de Kid Cudi ou Benny Benassi. Et en digne héritier de la génération YouTube, Projet X va tout faire pour amuser la galerie dans le plus grand n’importe quoi possible, avec un nain connu (jeu de mot !) sortant du four pour castrer la moindre paire de testicules à portée de poing (ça rend la salle hilare) ou des cascades fail-esques au possible, avec ado accroché à un lustre qui va évidemment se casser la gueule et autre bagnole balancée dans la piscine avant que le quartier entier soit foutu sans dessus dessous. Dans toute cette galerie de joyeux lurons, les seuls qui s’en sortent encore sont deux jeunes adolescents un rien étrange (chelou dirons les djeunz) et préparés comme jamais pour la sécurité de la soirée, tâche qui va vite les dépasser complètement et les pousser à des actes pour le moins atypiques. Ca ne rattrape en rien la densité scénaristique abyssale de la chose, mais ça aura le mérite d’arracher un sourire aux plus consternés d’entre vous, se demandant quel est l’intérêt de voir des blaireaux faire une soirée qui n’a de toute façon jamais eu lieu quand vous pouvez aller faire la fête vous-même. De notre côté, on ne vous cache pas que se taper durant 90 minutes la même jeunesse que celle de Piranha 3D en train de faire la fête, ça devient très vite énervant, et que concrètement, on trouvait ça beaucoup plus drôle quand ils se faisaient bouffer.
Manque de bol, on les voit seulement faire les cons.

Erigeant en modèle la culture MTV et prônant la défonce dans toutes ses formes et le sexe facile pour finalement balancer une morale bien-pensante contraire à son caractère, Projet X ne montre rien d’autre qu’une rave party faisant la part belle aux pouffes siliconées et autres bouffons en chaleur. Le tout ne manquera pas de défier la critique de la même manière qu’un Jackass 3D : certes, c’est d’une vacuité intersidérale, mais ça aura toujours son lot de fans prônant la chose en film culte pour mieux l’oublier quelques années plus tard.
Il n’empêche qu’au fond, Projet X, c’est comme lorsqu’on vous raconte une soirée mortelle à laquelle vous n’étiez pas. Ca a l’air effectivement amusant, mais vous ne la vivrez jamais.

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