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Critique : Numéro Quatre

Le 6 avril prochain arrive sur nos écrans Numéro Quatre, un film de fantastique orienté SF distribué par Disney, produit par Michael Bay et réalisé par D.J Caruso, à qui on doit déjà L’Oeil du Mal, avec Shia LaBeouf

Jean-Victor a vu ce film dont le pitch rappelle un peu feu-Dark Angel, la série produite par James Cameron et qui avait révélé Jessica Alba. Mais lui évoque plutôt Twilight et Smallville dans sa critique.
Nous aurons quand même l’occasion de revenir sur le film dans les prochains jours puisque Caruso et ses acteurs seront dimanche à Paris pour une avant-première à base de tapis rouge et de Champs Elysées, et que nous aurons l’occasion de les rencontrer.

 

Numéro Quatre – Sortie le 6 avril 2011
Réalisé par D.J. Caruso
Avec Alex Pettyfer, Dianna Agron, Timothy Olyphant
Trois sont déjà morts. Qui sera le quatrième ? Un adolescent extraordinaire, John Smith, fuit devant des ennemis prêts à tout pour le détruire. Changeant perpétuellement d’identité, ne restant jamais longtemps dans la même ville, il est accompagné par Henri, qui veille sur lui. Partout où il va, John est le nouveau venu, celui qui n’a aucun passé. Dans la petite ville de l’Ohio où il s’est installé, il va vivre des événements inattendus qui vont changer sa vie. De son premier amour à la découverte de ses incroyables aptitudes, il va aussi se lier à des personnes qui partagent son fascinant destin…

 

Hollywooooooood, ton univers impitoyaaaaaaableeeeee…
et tes terribles lois du marketing.
Pour vendre un film aujourd’hui au monde entier et en faire un succès, dans la tête d’un producteur, il faut se baser sur un matériau déjà existant qui permettra de faciliter la vente du produit en question grâce au prestige de son titre. L’explosion des adaptations de comics en est la preuve indéniable et même si on notera que les deux derniers plus gros cartons dans le monde sont Avatar et Inception, soit des licences originales, l’invasion perpétuelle de suites et adaptations ne semble pas près de changer. Surtout qu’au pays des adaptations littéraires, Harry Potter a mis un sérieux coup de pied dans la fourmilière, qui nous envoya en pâture des Eragon, Percy Jackson ou encore Twilight…
Et ca n’est pas fini puisque débarque le 6 avril sur nos écrans Numéro Quatre, tiré d’un roman de Pittacus Lore, pseudonyme désignant en réalité deux auteurs : Jobie Hughes & James Frey.
Et quand c’est Michael Bay alias Mr.Transformers qui produit, il ne faut jamais s’attendre à des miracles…

Numéro Quatre part pourtant avec quelques avantages dans sa poche puisque le bouquin semblait un cran au dessus des niaiseries vaguement vampiresques qui cartonnent aujourd’hui. Nous y suivons un extra terrestre rescapé de sa planète détruite et faisant partie d’une lignée de 9 êtres exceptionnels censés sauver son peuple, ce qui est déjà grandement raté.
Ces 9 êtres ont finis par atterrir sur Terre, chacun accompagné d’un gardien devant les accompagner durant leur croissance et les protéger contre les Mogadoriens [manifestement sans rapport avec Mogador au Maroc, aujourd’hui Essaouira, NDLR], une autre espèce alien dont la seule ambition dans la vie est d’exterminer les gentils aliens dans l’ordre de leurs numéros.
Ce n’est pas l’histoire du siècle mais dans un blockbuster visant un public jeune, l’histoire semblait prometteuse d’autant que la similitude avec un certain Superman est plutôt évidente.
Mais alors même que le film démarre, on va vite se rendre compte que bon roman à la base ou pas, la nouvelle production DreamWorks se préoccupe d’une seule chose : rameuter de l’adolescent en masse. Et vous allez voir que la méthode employée n’est pas des plus subtiles, bien au contraire.

A peine le film démarre t’il qu’on a à faire à un énorme mouvement de caméra survolant une jungle luxuriante de nuit dans laquelle on va retrouver l’un des trois premiers numéros lors de l’assaut des méchants du film, qui signeront son arrêt de mort. Et déjà, le résultat fait peine à voir tant on y voit absolument rien avec une image sombre, très sombre et un découpage de l’action par-dessus la jambe, qui agite sa caméra dans les bois pour suggérer une quelconque frénésie tandis que le sound design est rempli de grognements pour faire comprendre au spectateur que les ombres défilants à l’écran ne sont pas des meilleurs auspices. Et si ce démarrage posant un ton assez noir se plante la tête la première, il n’est que le début d’un film dont le niveau va stagner au même point tout du long. Un montage clipesque plus tard, avec notre héros dans une voiture traversant de grands paysages américains et 3 phrases en voix off pour poser le background de l’histoire (oui, ça fait peu pour expliquer l’extinction d’une race extra terrestre, mais que voulez vous…), on se rend compte que ce personnage « exceptionnel », qui étrangement se trouve aussi être un adolescent beau gosse, aimerait bien avoir une vie de gentil humain tout ce qu’il y a de plus normal et va donc débarquer au lycée du coin en total inconnu. Un E.T à l’apparence humaine dans ses jeunes années au lycée, ça ne vous rappelle rien ? Et si : Smallville. Si la comparaison semble évidente vues les similitudes scénaristiques, elle l’est aussi d’un point de vue qualitatif tant la première heure et demie de film cumule les clichés du genre, faisant aussi appel à ce désormais bon vieux Twilight. Notre BG mystérieux de service va donc devenir le copain défenseur du nerd persécuté du lycée et va faire fondre l’ex fille plus célèbre de l’établissement, aujourd’hui reniée par tout ces étudiants stupides suite à des bruits de couloirs diffusés par son ex petit copain leader de l’équipe de baseball.
Comme la fille en question se trouve être la très très jolie Dianna Agron vue dans Glee, on comprendra notre héros à ne pas hésiter une seconde, d’autant que quand un extra terrestre tombe amoureux, c’est pour la vie. Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est le héros…

Une valeur morale bien conservatrice lancée au public après, le film va donc alterner romance à l’eau de rose avec découverte et maîtrise des super pouvoirs du fameux Numéro Quatre avant de bien réunir les deux, histoire que le héros sauve la donzelle au moins une fois dans l’histoire.
Au sein de ce déroulement soporifique et pas original pour deux sous va apparaître sporadiquement les pièces du puzzle qui viendront chauffer l’ambiance à la fin du film, parmi lesquelles on retrouve les tant redoutés Mogadoriens qui remportent à l’aise la palme des méchants les plus ridicules de l’année. Sorte de gothiques avec des bronches et tout plein de tatouages sur la tête en plus des habituelles lentilles reptiliennes et des dents pointues, ces sombres has been qui parlent une langue occulte ressemblant à du yaourt renvoient aux ridicules vampires de 30 jours de nuit, la violence en moins. Ils représentent le mieux possible le côté jusqu’au boutiste d’un film qui n’hésite pas une seconde à donner dans le cliché éculé depuis des années et rabâché dans ce genre de production formatée pour un public adolescent qui aura sûrement l’impression d’avoir déjà vu le film 50 fois en sortant de la salle, mais qu’on aura légèrement abruti dans une dernière demi heure où ça pétarade dans tous les sens. Et oui, avec Michael Bay à la production, on était quand même venus pour voir les mains lumineuses de notre E.T blonds aux yeux bleus servir et lorsque les Mogadoriens passent à l’attaque, c’est l’occasion de foutre le lycée en vrac.

Un festival d’effets spéciaux pas super beaux et montés à l’arrache dans lesquels va apparaître Numéro Six, incarnée par une Teresa Palmer au sommet du ridicule dans son personnage de guerrière alien qui se la joue supra badass parce qu’elle tape des gorilles tout en étant vêtue de cuir moulant et d’une paire de ray-ban. Véritable festival de punch lines toutes plus débiles les unes que les autres, à l’image d’un « Red Bull is for pussies », l’actrice à la ramasse s’enfonce dans le grotesque au fur et à mesure que tout le budget du film se dilapide vainement à l’écran avec des scènes pas rigolotes pour un sous et montrant entre autres un combat de monstres numériques faisant penser à des pokémons…
Et tandis que le sound design tente de vous percer les tympans à chaque explosion pour vous donner l’impression que votre ticket à 10 euros vous en a bien mis plein les dents, on en viendrait presque à oublier la série de banalités qu’on vient de bouffer tout le film durant, qui s’enferre dans des mécaniques narratives sans intérêt et utilisées sans talent par un yes-man qui a visiblement fait le film pour récupérer son cachet à la fin.
Posant même certaines intrigues qu’il ne résout jamais, comme un héritage sous forme de boîte que le héros récupère lors de son accomplissement personnel mais dont on ne connaîtra à aucun moment le contenu, ce très long métrage se termine alors dans un final pseudo évocateur et terminant d’user sa compilation de musiques pop à la mode pour appeler une éventuelle suite.
C’est gentil de proposer, mais on va arrêter la casse ici si vous voulez bien.

Produit formaté jusque dans ses moindres détails, Numéro Quatre est un blockbuster pour ado attardé comme on en voit tous les ans et qui fait l’effet d’un fast food : ca provoque une attirance perverse, on sait que ça va être mauvais mais on a toujours la tentation d’y aller. Une fois encore, on ne peut que vous conseillez d’éviter ces 2 heures foutraques de bonne conscience et de messages type « le chien est le meilleur ami de l’homme » tant on a ici à faire à un énième foutage de gueule en bonne et due forme. Et le pire dans tout ça, c’est que la serpillière coupable de ça, ce cher DJ Caruso (déjà responsable de Paranoïak…) va nous adapter Preacher, le comic-book ultra irrévérencieux et subversif de Garth Ennis & Steve Dillon.
Hollywoooooood, ton univers impitoyaaaaaaable…

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