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Critique : Chronicle

Qui n’a jamais eu envie d’hériter de pouvoirs digne de la Force dans Star Wars et de s’en servir au quotidien ? Et si vous aviez ce don, vous vous filmeriez sans doute, non ?

C’est à peu près ce qu’a dû se dire Max Landis, fils de John, quand il a commencé à bosser sur Chronicle. Le film met en effet en scène des gamins qui se découvrent des pouvoirs. Ca rappelle Misfits sur le papier, si ce n’est qu’eux héritent de la télékinésie et de ses pouvoirs illimités.

Mais est ce que c’est suffisant pour tenir un long-métrage entier ? Réponse…

 

 

Chronicle – Sortie le 22 février 2012
Réalisé par Josh Trank
Avec Dane DeHaan, Alex Russell, Michael B. Jordan
Après avoir été en contact avec une mystérieuse substance, trois lycéens se découvrent des super-pouvoirs. La chronique de leur vie qu’ils tenaient sur les réseaux sociaux n’a désormais plus rien d’ordinaire…
D’abord tentés d’utiliser leurs nouveaux pouvoirs pour jouer des tours à leurs proches, ils vont vite prendre la mesure de ce qui leur est possible. Leurs fabuleuses aptitudes les entraînent chaque jour un peu plus au-delà de tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Leur sentiment de puissance et d’immortalité va rapidement les pousser à s’interroger sur les limites qu’ils doivent s’imposer… ou pas !

 

On ne donnait pas longue vie à la nouvelle mode du found footage movie, consistant à faire croire que le film montré a été tourné en amateur sur le tas, et que les images ont étés retrouvées par la suite des évènements qu’on y trouve. Des années après Cannibal Holocaust ou Le Projet Blair Witch, c’est Rec qui aura relancé le mouvement, donnant un support tout trouvé pour le cinéma d’horreur contemporain à petit budget, le format lui permettant de faire rapidement le buzz.
Mais aujourd’hui, le concept commence à se décliner sur d’autres genres que l’horrifique, et arrive sur le terrain du fantastique. Un an après The Troll Hunter, on largue complètement l’idée de faire peur puisqu’avec Chronicle, Josh Trank & Max Landis s’attaquent à l’univers des super héros dans le but de traiter ce dernier de manière très contemporaine.
Difficile de faire plus branché que Chronicle, puisque le film mélange deux choses en vogue en ce moment, avec d’un côté une forme qui marche du tonnerre à Hollywood, et de l’autre cette volonté de ramener le super héros au monde du réel pour lui en mettre plein la tronche.

Exit les costumes moulants, ici nos personnages sont des ados tout ce qu’il y a plus « normal » jusqu’au jour où ils vont découvrir une grotte avec des roches luminescentes mystérieuses pour une rencontre du 3ème type qui finira par un malaise. Le temps d’être remis sur pieds, et les 3 garçons vont alors se découvrir des capacités de télékinésie aux possibilités infinies, et qui vont tout chambouler dans leur existence. Forcément, il fallait bien partager ça avec le public et par chance, l’un des trois chanceux s’est comme par hasard mis à filmer tout ce qui passe quelque jour avant l’incident, assistant désormais à un phénomène inédit.

Comme à chaque fois avec ce genre de film, la première chose qu’on regarde avant même de s’intéresser au fond de l’histoire, c’est la viabilité du concept et de son exploitation.
Ce n’est pas parce qu’un personnage se filmant avec sa caméra face à un miroir dit « je vais tout filmer désormais » que la formule fonctionne, et le found footage repose bien trop sur la crédulité des situations pour se permettre de faire n’importe quoi.
Autant dire que Josh Trank s’en sort assez moyennement sur la chose, se permettant lors de certaines scènes par exemple d’appliquer des changements de cadres et de plans alors que l’action semble continue, ce qui est strictement impossible si on s’en réfère au concept même de la caméra portée. Il en découle toujours les mêmes questions, à savoir si le personnage a monté son film par la suite ou quelle est la nature exacte des images que l’on nous montre, preuves s’il en est de combien le concept peut vite devenir bâtard quand il veut faire le malin et dépasser son statut de « cassette retrouvée ».

D’autant que Josh Trank parvient malgré tout à renouveler quelque peu la formule de manière ingénieuse grâce au cœur du récit, à savoir les pouvoirs de nos héros. Quand son personnage principal est en mesure de faire voler ce qu’il veut par la pensée, il lui vient soudain l’idée de se libérer les mains de sa caméra pour faire voler celle ci autour de lui, permettant à l’image d’opérer des mouvements plus fluides, plus amples et apportant une nouvelle dynamique à la narration.

C’est peut être la meilleure idée de réalisation du film, qui va continuer à faire évoluer son découpage par la suite en usant tout à coup de toutes les caméras existantes se trouvant dans les lieux de l’action, comme celles à l’avant des voitures de police, les dispositifs de surveillance des immeubles ou simplement les caméscopes d’autres personnes. Tirant la corde jusqu’au bout, Trank fini malheureusement par tout lâcher pour aller vers une mise en scène complètement traditionnelle par moment, envoyant bouler l’intégrité de son projet de réalisation. Quitte à en finir là, on en viendra à questionner le but de la manœuvre et pourquoi s’être fait suer à mettre en boite tout ça de cette façon pour l’annuler en conclusion. Certains diront que l’avènement ultime des pouvoirs des héros libère complètement la mise en scène comme pour signifier quelque chose sur la puissance du cinéma, toujours est-il qu’on ne manquera pas d’y voir des choix contradictoires malgré une démarche intéressante.

Si on s’attarde autant sur la mise en scène du film, c’est parce qu’elle porte tout le récit et aussi parce que concrètement, celui ci s’avère ultra balisé. L’idée de voir des djeuns d’aujourd’hui faire les couillons avec leurs nouveaux dons est assez rigolote et donne quelques scènes sympas comme une visite dans un magasin de jouets où certains enfants vont être dupés, mais passé l’excitation de la découverte des pouvoirs, il faut raconter quelque chose. Allant directement chercher Akira comme influence première, Max Landis nous le mélange quelque peu avec Carrie, prenant comme narrateur un adolescent mal dans sa peau et traumatisé par son père tandis qu’il a toujours été la risée de son lycée. Inutile de vous dire que malgré quelques efforts, sa surpuissance soudaine va asservir sa vengeance pour un récit très balisé, pas franchement passionnant et au demeurant assez con-con.
Comme nos bonhommes n’ont pas non plus un charisme délirant et n’ont pas d’autre chose à proposer que faire les guignols ou rattraper les débordements des autres, Chronicle ne montre rien d’autre qu’une montée en puissance durant une heure qui finira dans un affrontement final certes plutôt spectaculaire grâce à des effets spéciaux assez correct, mais aux enjeux assez absents tant on se contrefout de ce qu’il peut bien arriver aux personnages.

Malgré leur volonté de vouloir apporter un souffle nouveau à un style de mise en scène et à un genre aussi codé que le film de super héros, Josh Trank & Max Landis font finalement les choses à moitié et livrent un Chronicle tenant presque de l’esbroufe. Toujours trop ou pas assez dans sa mise en scène ou dans son histoire, le film se brûle à plusieurs reprises en jouant avec les limites qu’on lui impose, et demeure un pop-corn movie certes regardable, mais tout sauf mémorable.
La prochaine fois peut être…

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