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Critique : Café de Flore

Café de Flore fait forcément penser au célèbre café du boulevard Saint Germain à Paris surtout connu pour y avoir attiré bon nombre d’écrivains célèbres dès les années 30.

Le film de Jean-Marc Vallée, lui, est une histoire de destins croisés entre Paris et Montréal. Et l’occasion de revoir Vanessa Paradis à l’écran, disparue depuis l’Arnacoeur.

Le film sort en salles aujourd’hui.

 

 

Café de Flore – Sortie le 25 janvier 2012
Réalisé par Jean-Marc Vallée
Avec Vanessa Paradis, Kevin Parent, Hélène Florent
Il n’est pas facile de dire adieu à ceux qu’on aime ; pour y parvenir, il faut parfois toute une vie – ou deux. Entre le Paris des années 1960 et le Montréal d’aujourd’hui se déploie une vaste histoire d’amour à la fois sombre et lumineuse, troublante et malgré tout pleine d’espoir. Café de Flore raconte les destins croisés de Jacqueline une jeune parisienne mère d’un enfant unique, d’Antoine un DJ montréalais ainsi que des femmes qui l’entourent. Ce qui les relie : l’amour, troublant, maladroit, imparfait et inachevé… humain.

 

En 2006, Jean-Marc Vallée nous avait apporté avec C.R.A.Z.Y. un vent de fraîcheur venu tout droit du Québéc pour une chronique familiale se déroulant certes dans les années 70 mais réussissant à faire mouche grâce à un portrait d’ado touchant et un caractère bien trempé.
Passé entre temps dans le film historique avec Victoria – Les jeunes années d’une reine, le cinéaste signe aujourd’hui avec Café de flore un film plus intime et en accord avec sa personnalité et sa touche. L’occasion de renouer avec le succès ?

Les origines de Café de Flore sont un peu étonnantes, et pour cause, puisque l’inspiration principale pour le réalisateur également scénariste provient… d’une chanson.
Un titre éponyme dont l’homme est tombé amoureux et qui portait son imagination à chacune de ses écoutes, lui laissant entrevoir les images d’une histoire d’amour auquel il ne manquait plus qu’à concrétiser la forme. De la même manière qu’un Tarantino s’est fait des histoires en écoutant de la musique, Jean-Marc Vallée devint complètement obsédé par cette musique, écoutant toutes ses orchestrations et variantes, jusqu’à prendre la décision d’en faire un film pour de bon.
Un processus de création original et dont le film porte les marques sur son histoire puisque on suit un père de famille qui va voir ses certitudes ébranlés lorsqu’il rencontre une femme l’écartant de son amour de jeunesse avec laquelle il avait fait sa vie.
Se questionnant sur son destin tout en éprouvant du remord pour le tort qu’il a causé, le héros du film par ailleurs Dj représente parfaitement le cinéaste et l’évènement à la base du long métrage.
Une histoire certes peu originale, mais à l’écriture sensible et la construction maline, puisqu’on se retrouve très vite à s’identifier avec un héros assez commun finalement et aux angoisses terriblement humaines, en plus d’être légitimes.
Cette partie du film sur l’ébranlement de nos croyances personnelles s’avère extrêmement proche de ce que l’on connaissait du réalisateur auparavant, et il ne fait aucun doute que les amateurs de C.R.A.Z.Y. y retrouveront leurs marques, d’autant que Jean-Marc Vallée a soigné cette partie là à l’extrême. Entre une bande originale de grande qualité (Pink Floyd, Sigur Ros ou encore Nine Inch Nails, on ne se refuse rien) et des images plutôt léchées dont le naturel de la lumière fait plaisir à voir, on parvient même à retrouver cette sensation qui a guidé le réalisateur, lorsqu’on se laisse aller à la musique pour rêver, s’évader et laisser notre imagination faire le travail.
Ce sentiment de flottement traverse le film, du moins dans cette trame scénaristique là.

A mentionner uniquement une « partie » de l’histoire depuis le début, vous vous doutez bien qu’il y en a une autre, qui est par ailleurs bien plus exposée pour la promotion du film et pour cause puisque c’est Vanessa Paradis qui en est au cœur.
Elle y joue la mère d’un enfant trisomique dans les années 60 qui va lutter contre les institutions auquel elle va faire face pour que son fils ait une vie normale. Un quotidien qui va s’avérer d’autant plus difficile pour elle que le garçon va tomber amoureux d’une fille elle aussi mongole, décidant alors de faire des siennes pour s’écarter du cocon familial.
En l’état, on voit mal ce qui a pu faire naître cette histoire qui malheureusement s’avère trop superficielle pour fonctionner réellement. Non seulement le parcours de ces deux êtres s’avèrent assez redondant et prévisible, mais surtout l’écriture assez plombante de la chose empêche que l’on s’y attache réellement, d’autant que les angoisses du héros contemporain sont plus universelles.
Du coup, on attend gentiment lors des séquences dans les 60’s de passer aux autres, tandis que le lien entre les 2 va s’avérer assez grossier, passant notamment par une malheureuse allégorie à propos de l’enfant trisomique qui paraîtra certes involontaire mais ne manquera de faire tâche lorsque les deux histoires se rencontrent.

Ainsi cette deuxième partie s’avère en trop et n’est pas assez développée pour s’envoler réellement.
Un signe que peut être la musique originale n’a pas assez nourrie l’imagination du metteur en scène pour que sa première histoire occupe tout le film.
Retrouvant souvent le charme d’un C.R.A.Z.Y et sa sensibilité si particulière pour dépeindre les relations humaines, Jean-Marc Vallée enlise cependant son récit en le partageant entre deux temporalités éloignées et dont on a bien du mal à saisir le rapport assez farfelu au final. L’une remporte donc l’adhésion sur l’autre, et ne serait-ce que pour cette dernière (la partie québécoise du film), les amateurs du cinéaste ne seront pas déçus, à défaut d’être peut être frustrés.

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