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Critique : Belle Epine

Après de nombreux courts-métrages, Rebecca Zlotowski nous livre son premier film, Belle Epine. Pour une première longue réalisation, la cinéaste offre le premier rôle à Léa Seydoux qui incarne une jeune adolescente de 17 ans, Prudence Friedman.
Le film, présenté à Cannes lors de la Semaine de la Critique, a bénéficié d’une projection exceptionnelle à la Cinémathèque en présence des acteurs avant sa sortie officielle … en novembre prochain. Grâce au Club300 Allociné, nous étions dans la salle.

Belle Epine – Sortie en salles le 24 novembre 2010.
Réalisé par Rebecca Zlotowski
Avec Léa Seydoux, Anaïs Demoustier, Agathe Schlencker
Prudence Friedman a 17 ans.
Soudain livrée à elle-même dans l’appartement familial, elle rencontre Marilyne, une frondeuse du lycée qui lui fait découvrir le circuit sauvage de Rungis, où tournent dangereusement grosses cylindrées et petites motos trafiquées.
Fascinée par la bande du circuit, Reynald, Franck et les autres, Prudence tente d’y gagner sa place, en essayant de faire passer sa solitude pour de la liberté.

Belle Epine – Rencontre avec l’équipe du film from cloneweb on Vimeo.

C’est avec la mine boudeuse que Léa Seydoux (Robin des Bois, La Belle Personne..) interprète un rôle qui lui a été fait sur mesure. Les traits de l’actrice correspondent parfaitement à cette adolescente à l’air triste et terne qui se cherche dans un milieu familial compliqué et qui veux parvenir à s’affirmer dans un monde qui n’est pas le sien. Le choix de l’actrice nous apparaît alors comme une évidence.

Rebecca Zlotowski, signant avec ce long-métrage son tout premier film de plus d’une heure, nous offre une production plutôt sombre avec de nombreux plans désordonnés. En effet, beaucoup de scènes se déroulent de nuit, et l’on se lasse de devoir plisser les yeux pour distinguer les visages des acteurs déjà peu expressifs. Autre soucis de réalisation, on a le sentiment parfois que de nombreuses images sont tournées caméra à l’épaule, ce qui donne un effet brouillon et le sentiment d’une réalisation faite à la va-vite.
Mais malgré ça, certaines images sont agréables. La caméra effleure par moment doucement le corps de cette adolescente, mettant en avant la femme, comme une ode à la sensualité féminine…
Le rôle des couleurs est aussi très important. L’ambiance des années 70-80 est bien là : tenues en jeans, bijoux démesurés… Les teintes sont pastels, douces, comme si ce film ressortait directement d’une boîte à chaussures débordante souvenirs. C’est agréable et pleins de poésie. Cela permet d’oublier un peu que l’instant d’après nous serons à nouveau plongés dans une nuit noire.

On a un peu le sentiment d’avoir déjà vu ce film de part l’histoire qui retrace encore une quête de personnalité d’une adolescente en manque d’amour maternel. La différence ici c’est que l’on s’y perd. Ce voyage dans l’intime se retrouve pris dans son propre piège puisqu’il accumule les petites histoires autour d’une même idée. Cette jeune femme perdue doit mener de front sa quête d’identité tout en se souciant du mal-être de sa sœur, mais sans oublier la bonne figure qu’elle se doit de donner tous les soirs chez ses voisins.

On ne sait plus si ses missions sont accomplies, si c’est le jour ou la nuit, s’il est temps de pleurer, de rire ou de s’inquiéter.
L’idée d’un film quelque peu brouillon s’applique aussi au scénario. L’histoire bien que très simple devient vite compliquée. Les personnages sont peu nombreux, mais les rôles secondaires pullulent et on se questionne souvent sur leurs relations entre les uns et les autres. Il n’y a pas réellement de fil conducteur mis à part les parties de jambes en l’air et les courses de motos.

L’ensemble fait l’effet d’un seau d’eau froide en plein été, ça glace le sang. C’est brut. Brut de sentiments, brut d’émotions, brut d’images… Les plans nous apparaissent alors parfois violents, et gênants. Les scènes intimes se multiplient, les émotions sont directes et le langage est cru. La musique ne fait qu’amplifier ce malaise. Les notes sont assez rock, heureusement que l’univers de la moto s’y prête aisément. Heureusement, quelques jolies notes de piano viennent se déposer doucement de temps à autre sur la bande son qui n’attendait que ça.

Ce film, c’est finalement une longue séance de haut et de bas. Les couleurs sont magnifiques mais ne nous transportent pas pour autant puisqu’elles sont trop vite interrompues par cette nuit qui nous oppresse, tout comme cette musique qui devrait laisser place à un peu plus de douceur.

La fin ouverte, ambiguë et libre d’imagination nous laisse perplexe, comme un goût d’inachevé. C’est quand même un sujet assez difficile que Rebecca Zlotowski aborde dans ce long-métrage même s’il est fait de façon original il en reste poignant.

Le deuil, le sexe, la recherche de soi-même sont des thèmes souvent abordés mais qui regorgent encore de multiples ressources.

– Angéline

NB : Le film sortant en novembre 2010, il n’y a pas pour le moment plus d’images ni de bande annonce.

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