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Critique : Wind River

Vous les avez déjà vu ensemble ou face à face dans l’univers cinématographique Marvel : Jeremy Renner et Elizabeth Olsen n’incarnent cette fois ni Hawkeye ni la Sorcière Rouge mais un garde forestier et un agent du FBI devant la caméra de Taylor Sheridan.

Le film présenté à Cannes est mis en scène par le scénariste de Sicario. Il s’appelle Wind River.

 

LA CRITIQUE

Cannes 2015 : Sicario. Cannes 2016 : Comancheria. Il ne pouvait décidément y avoir de Cannes 2017 sans un film écrit par Taylor Sheridan. L’acteur de télévision s’est fait éclipser en quelques années dans l’ombre du scénariste qui sommeillait en lui. Denis Villeneuve et David Mackenzie lui auront fait confiance sur sa vision de l’Americana d’aujourd’hui, bloquée entre les figures traditionnelles du western et le contexte plus pragmatique de la crise économique. Il ne fallut pas longtemps pour que sa passion pour l’écriture ne gagne la caméra en tant qu’auteur de cinéma, dans tous les sens du terme, et de transposer lui-même l’un de ses scénarii. Wind River est cette nouvelle étape.

Petit point de crispation polémique : son concours à la Caméra d’or, gratifiant du prix du meilleur premier film des sélections. Or, Wind River est en réalité le deuxième long-métrage réalisé par Taylor Sheridan. En 2011, il sort Vile, petit film d’horreur filmé sans passion, qu’il a renié depuis. Mais ce reniement seul suffit-il à outrepasser la règle de la première œuvre pour la Caméra d’or au Festival de Cannes ? Apparemment, oui.

Partons sans plus tarder pour les cimes enneigées du Wyoming avec Wind River, nom de la réserve indienne dans laquelle se déroule le long-métrage de Taylor Sheridan présenté en sélection officielle à Un certain regard cette année. Le scénariste (re)passe donc derrière la caméra et se maintient dans ce western moderne qu’il a représenté ces derniers temps. Sous l’ombre du chapeau, on retrouve Jeremy Renner en garde forestier de cette contrée reculée, abandonnée à la nature impitoyable et à la misère sociale. Les puissants indiens qui régnaient sur ces terres ne sont plus que des assistés sans emploi et même les cowboys d’hier s’usent à la tâche de faire respecter la loi dans ces grands espaces sauvages. Amorcé comme un fait divers avec une découverte macabre, Wind River se présente en enquête policière standard. Celle-ci est menée par Elizabeth Olsen, l’agent du FBI des grandes villes qui n’a pas l’expérience du terrain compliqué sur lequel on l’envoie. Elle mettra à son profit les talents de traqueur de Jeremy Renner pour retrouver les responsables.

Wind River est d’abord ce que l’on appelle un film de scénariste et les idées paraissant pertinentes ou efficaces sur le papier sont celles après lesquelles la mise en scène court sans trop savoir comment les insérer au mieux dans les logiques plus globales du découpage et du montage. Sur ce point crucial de réalisateur, Taylor Sheridan marque un temps d’arrêt. La transposition de son scénario sur le grand écran manque de la puissance fondamentale dont bénéficiaient celles de Sicario ou Comancheria. Le pitch ne fait pas tout. Les révélations à rebours qu’il n’est pas difficile de deviner, notamment sur le triste passé du personnage de Renner, entretiennent la mécanique du récit sans parvenir à faire naître chez nous une émotion.

Taylor Sheridan n’arrive pas à imposer un style bien à lui à son long-métrage comme il a su le faire pour ses scénarii. La mise en scène est convenue et l’usage de certains effets un peu grossiers n’arrange rien. Pourtant idéaux pour l’emploi, les compositeurs Nick Cave et Warren Ellis sont employés à dupliquer platement leur bande originale de L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford.
Si les seconds rôles parviennent à exister malgré un jeu détaché du casting principal, la résolution expéditive en tant que déchainement éclair de violence au milieu des cimes enneigées nous laisse un peu sur notre faim. Sheridan aurait gagné en tension à distiller un peu plus la voie des armes à travers son dernier acte. Souhaitons que Taylor Sheridan puisse corriger cette mise en scène brouillonne ne rend pas justice aux grands thèmes que son script effleure dans Wind River, s’il jamais il parvient à convaincre de réaliser un second long-métrage.

Wind River, de Taylor Sheridan – Sortie le 30 août 2017

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