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En 2016, les studios Illumination McGuff sortait Tous en Scène, l’histoire en chansons d’un koala qui rêve de devenir impresario et se lance donc dans la création d’une comédie musicale d’un théâtre en ruine. Film sympathique, il a surtout rapporté plus d’un demi-milliard au box-office, et a permis de révéler le talent de chanteur de Taron Egerton (confirmé ensuite dans Rocketman). Ce n’est donc pas vraiment une surprise de voir une suite pointer le bout de son nez.
Il fallait forcément faire un deuxième volet, comme souvent « bigger and louder ». Si les fans d’animation ne se réjouissent pas forcément à l’idée de voir des animaux chanter (on y reviendra), en revanche, les fans de musique, eux, ont un sourcil levé d’intérêt. Et pour cause.
On y retrouve les mêmes personnages, décidant de s’émanciper et voulant produire un show encore plus gros, quitter leur petite ville américaine pour se rendre à Las Vegas et monter un énorme spectace dans un théâtre tenu par le plus gros producteur de la ville. Mais les petits provinciaux ne sont évidemment pas prêts face aux dents longues du producteur mafieux (un loup d’ailleurs…) et surtout, ils sont arrivés au culot, sans spectacle. Ils ont promis un show grandiose et surtout un invité exceptionnel : Clay Calloway, ancienne immense star du rock, disparu depuis des années, depuis la mort de sa femme.
Un côté de la bande va devoir construire un spectacle pas écrit et gérer avec un producteur assassin, et l’autre devra partir à la recherche de ce lion ermite, endeuillé et qui n’a plus touché une guitare depuis un moment.
Et c’est là où est le véritable intérêt du film. Illumination l’a annoncé en grande pompe, le fameux Clay Calloway est incarné par rien de moins que Bono, et qui d’autres que le leader du plus grand groupe de rock du monde pour incarner un lion en deuil dont la femme décédée lui a fait perdre sa voix. Et quand on connait l’histoire d’amour passionnelle entre le chanteur de U2 et son épouse (toujours vivante elle, mais qui inspire un bon nombre de ses chansons), on comprend pourquoi il a accepté le rôle qui a dû lui parler. Mais que les fans des irlandais (comme moi) ne s’enjaillent pas trop vite : en effet, son apparition finale n’a que 15 à 20 minutes d’écran, ce qui est bien dommage pour le seul personnage intéressant du film.
Parce que soyons réalistes, Tous en scène 2 n’est pas un film écrit. Si on peut tirer notre chapeau à toute l’équipe d’Illumination McGuff pour une vraie réussite visuelle, chatoyante, et très belle à regarder, force est de constater que si vous avez plus de 10 ans, vous risquez de vous ennuyez ferme. Le long métrage n’est au final qu’une succession de petites saynètes dont le déroulé est autant cousu de fil blanc que le dénouement est attendu dès les premières minutes. Les personnages n’évoluent pas, ne prennent pas en épaisseur et les quelques moments sympathiques sont les moments musicaux. Mais au delà de cette faiblesse (d’aucun diront fainéantise) d’écriture, le film a deux problèmes majeurs.
Si vous venez pour les chansons, ne vous emballez pas : vous n’entendrez qu’un couplet et un refrain ! Au-delà de la frustration que ça pourra créer, et du contresens total avec le titre anglais (Sing), puisqu’on y va pour les chansons, il est encore plus dommage de priver nos chères têtes blondes de ce bonheur qu’elles pourraient leur procurer, d’autant plus que celles-ci ont un sens. On retiendra par exemple le très beau morceau final, duo entre Scarlett Johansson et Bono, qui reprennent I Still Haven’t Found What I’m Looking For de U2, la scène est superbe, émouvante, évoque réellement le fait de vivre avec un deuil (sujet intéressant mais évoqué seulement une deuxième fois, et encore en chanson), mais… un couplet, un refrain, et on passe à la scène suivante. Clairement, on a très envie de voir cette comédie musicale créée dans le film et on aurait aimé en voir beaucoup plus.
Enfin, la vraie question ici c’est : pourquoi des animaux ? Au-delà du fait d’avoir un procédé éculé de faire parler des animaux dans le cinéma d’animation, ici, ça n’apporte rien. Le gorille n’est pas plus habile à la danse qu’un autre animal, la taille de l’éléphant ne pose pas de problème, ni les piquants du porc-épic. Dans Zootopie, chaque animal avait plus ou moins sa spécificité, et surtout, on croyait au monde créé spécialement pour les différentes espèces. Ce n’est pas le cas ici, alors qu’un vrai boulevard d’acceptation des autres était devant eux : la seule histoire d’amour présente ici est inter-espèce, et quel dommage de voir que les scénaristes n’aient pas osé le parti pris d’une romance entre des animaux de différentes espèces pour un beau message aux enfants (et aux plus grands).
Tous en Scène 2 est un film globalement raté. Visuellement très beau, il pêche néanmoins dans son écriture fainéante, déjà-vue, où la musique est finalement assez peu présente. Quelques scènes sont esthétiquement intéressantes, mais pour le reste, on devra attendre patiemment la sortie de la BO qui aura probablement un plus grand intérêt. Néanmoins, vos enfants devraient passer un bon moment. Vous, ça vous donnera peut être envie de vous replonger dans U2 et c’est déjà ça de pris !
Tous en Scène 2, de Garth Jennings – Sortie en salles le 22 décembre 2021