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Critique : Samba
Vous ne pouvez pas le rater, Omar Sy est partout. A la télévision, sur les couvertures de vos magazines, à la radio et aussi dans vos cinémas en chair et en os puisque son dernier film s’est offert une grande tournée d’avant-premières en province.
Mais alors qu’on attend de savoir s’il rempilera dans l’Apocalypse de Bryan Singer, et qu’on attend de le voir apparaitre fugacement dans le probable premier teaser de Jurassic World, le comédien vivant désormais sur la côte ouest américaine apparait dans un nouveau long-métrage bien français : Samba, par les réalisateurs d’Intouchables.
Nouveau succès en perspective ?
Ils sont attendus au tournant. Après le colossal succès d’Intouchables, Eric Toledano et Olivier Nakache ont forcément un peu de pression sur les épaules, d’autant qu’ils rempilent avec l’un des acteurs vedette de leur précédent film, le Césarisé Omar Sy. Intouchables, c’est 19 millions d’entrées en France (un record quand on sait que seuls les gros blockbusters et les comédies pas drôles dépassent facilement le premier million) pour un total mondial d’environ 444 millions de dollars de recette. Et un budget de 9 millions. Des chiffres justifiés par la qualité du film, le travail de réalisation et d’écriture et les bons interprètes. On se doute donc que Gaumont veut tenter de réitérer l’exploit sur le territoire national.
Cette fois encore, il est probable que le succès soit au rendez-vous.
Samba -comme la danse- est un sans-papier installé en France depuis dix ans. Travaillant à la plonge d’un grand restaurant, il tente de régulariser ses papiers pour pérenniser sa situation. Il va rencontrer Alice, une jeune femme qui se remet d’un burn out en consacrant du temps aux sans-papiers dans une association. Deux paumés, chacun à leur manière, qui vont se chercher un peu et naturellement se trouver.

A la lecture du pitch, on a très envie de penser à Intouchables. Et la comparaison sera inévitable. Pourtant, Toledano et Nakache font tout ce qu’ils peuvent pour qu’elle n’ait pas lieu. On a beau être une nouvelle fois face à la confrontation entre deux univers différents, Omar Sy a beau jouer une nouvelle fois un personnage pas si éloigné que Driss, la narration est suffisante éloignée pour qu’on soit face à quelque chose de 100% original.
Pourtant, malgré cette volonté de s’écarter de leur précédent succès, les deux réalisateurs ne peuvent s’empêcher de reprendre quelques éléments dont on se souvient encore, en les modifiant. Le film s’ouvre donc, comme le précédent, sur une très belle introduction – cette fois en plan séquence- et contient une scène de danse où on s’attend à voir le comédien se mettre à danser sur de la funk, scène qui sera prise à contrepied de l’attente des spectateurs.
Les autres points commun avec Intouchables ne sont que des qualités techniques : les acteurs sont très bien dirigés et donc très bons. Omar Sy confirme son fort potentiel et on comprend pourquoi il est tant courtisé de l’autre coté de l’Atlantique et Charlotte Gainsbourg semblait toute taillée pour ce rôle de jeune cadre dynamique devenue dépressive. Toledano et Nakache mettent le plus possible leur réalisation au service de la narration, on évite donc l’ambiance téléfilm et les seconds rôles qui se croient sur une scène de théâtre.

Au delà, une nouvelle fois, les deux scénaristes-réalisateurs s’emparent d’un sujet pas évident avec brio et humour. Adaptant le bouquin « Samba pour la France » de Delphine Coulin, les deux auteurs se plongent dans l’univers complexe des sans-papiers, montrant les situations ubuesques dans lesquelles peuvent être plongées des personnes intégrées, présentes depuis des années et travaillant sur le territoire mais vivant avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, le tout au bon vouloir de la justice, elle-même débordée et noyée dans les procédures.
La plupart des situations, parfois dramatiques, passent plus facilement grâce à l’humour et au personnage d’Omar Sy, toujours près à sortir un bon mot. A la différence près que face à lui il n’a plus François Cluzet pour lui donner la réplique. Pas question de petites saynètes donc, mais toujours autant de moments de rigolade.
Samba a donc toutes les qualités requises pour connaitre le succès de son prédécesseur, Toledano et Nakache persistant et signant, même si on peut leur reprocher de tirer un peu sur la corde et d’ajouter quelques longueurs dispensables au film. S’éloignant autant que possible de son grand frère tout en en gardant les qualités, jeu d’équilibriste périlleux, Samba devrait cartonner. Et vous auriez tort de ne pas aller le voir.
Samba – Sortie le 15 octobre 2014
Réalisé par Eric Toledano, Olivier Nakache
Avec Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Tahar Rahim
Samba, sénégalais en France depuis 10 ans, collectionne les petits boulots ; Alice est une cadre supérieure épuisée par un burn out. Lui essaye par tous les moyens d’obtenir ses papiers, alors qu’elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association. Chacun cherche à sortir de son impasse jusqu’au jour où leurs destins se croisent… Entre humour et émotion, leur histoire se fraye un autre chemin vers le bonheur. Et si la vie avait plus d’imagination qu’eux ?
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