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Critique : Le Passé

Dans la série des films projetés au Festival de Cannes et sortis directement en salles en même temps, le petit deuxième (après Gatsby le Magnifique) est le Passé.

Après le succès mondial de The Artist et son César de Meilleur Comédienne, on était curieux de voir vers quel genre de films Bérénice Bejo allait se tourner. Et en attendant de découvrir Au Bonheur des Ogres de Nicolas Barry d’après Daniel Pennac, on n’est pas surpris de la voir dans un film iranien concourant pour la Palme d’Or tant il semblait évident qu’elle allait se diriger vers quelque chose de sérieux, pas forcément une comédie ou un blockbuster.

Le Passé est en salles depuis vendredi. Jean-Victor donnait une avis contraire dans son Journal de Cannes.

 

Après un succès aussi bien critique que spectateur, après un Oscar, Asghar Farhadi, réalisateur de l’acclamé Une Séparation, pose ses bagages en France avec Berenice Bejo et Tahar Rahim. Rien que ça. Le passé était très attendu, et les premiers retours étaient dithyrambiques. Le film allait-il être à la hauteur des attentes et des espérances ? D’autant plus qu’il concoure pour La Palme d’Or.

Le Passé s’ouvre sur une femme allant chercher un homme à l’aéroport. Marie (Bérénice Béjo) et Ahmad (Ali Mosaffa) sont séparés depuis quatre ans. Ce dernier, de Téhéran, revient à Paris pour signer les derniers papiers du divorce. Il va donc rester plusieurs jours chez sa future ex-femme, en compagnie de sa fille et du fils de son nouveau compagnon, avec qui elle entretient des relations très conflictuelles. Ahmad va se retrouver au milieu de ce beau merdier, en devant en plus faire face à Samir (Tahar Rahim), le compagnon de Marie dont la femme est dans le coma depuis 8 mois. Le Passé ne peut pas porter aussi bien son nom tant toute l’histoire du film est ancré dans l’antériorité, qu’on ne verra jamais. D’un côté on a cette histoire entre Marie et son ex qu’elle n’a pas revu, histoire qui ne semble pas finie. De l’autre, on a Samir et sa femme, dont l’histoire n’est également pas terminée. Le passé ressurgit donc vers les deux personnes qui vont essayer d’avancer vers l’avenir.

Avec ce thème universel, Le film de Asghar Farhadi nous emmène au plus profond de l’intimité d’un couple mais aussi de chacun des personnages. Ceux-ci ne sont pas présentés, on n’a aucun flashback, on apprend à les connaître pendant ces deux heures vingt qui passent à une vitesse incroyable, un peu comme si on était nous même un élément de l’histoire. Il en résulte un attachement très fort à ceux-ci, quand bien même certains peuvent être antipathiques. Ce sentiment est aidé par une réalisation très intime nous plongeant non seulement dans la maison mais aussi dans l’âme des protagonistes.

Le réalisateur est aidé par des acteurs phénoménaux. Si Tahar Rahim et Ali Mosaffa y sont très bons, Béjo y tient là simplement son meilleur rôle tant elle irradie l’écran de sa beauté et de sa présence. Les deux enfants y sont également pour quelque chose à la réussite du film, tellement leur jeux sonne juste. Mais la véritable force du film réside dans son scénario et dans les thèmes qu’il aborde : la famille, l’amour et la mort. Ça semblerait presque idiot dit comme ça, mais finalement ce sont des thèmes qui nous touchent tous, d’autant plus dans un cadre si réaliste et si intime.
Le film bat un peu de l’aile lors du développement de la deuxième sous-intrigue mais elle est surtout là pour renforcer le danger du passé omniprésent, pour renforcer aussi l’ambiguïté de la relation entre les personnages de Béjo et de Rahim et l’atmosphère pesante de la chose.

Touchant, fort, très vrai, on en ressort épuisé, les larmes aux yeux. Brillant.

Le Passé – Sortie le 17 mai 2013
Réalisé par Asghar Farhadi
Avec Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa
Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d’Ahmad pour tenter d’améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.

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