Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Indian Palace

Sorti en février en Angleterre et plusieurs fois repoussé dans les plannings, The Best Exotic Marigold Hotel sort en France ce mercredi sous le titre d’Indian Palace.

Ca ne doit pas choquer son réalisateur, John Madden, dont L’Affaire Rachel Singer avait connu la même expérience. Cette fois, le metteur en scène de Shakespeare in Love a choisi de diriger Judi Dench, Tom Wilkinson, Maggie Smith, Bill Nighy ou encore Dev Patel.

Critique.

 

 

Indian Palace – Sortie le 9 mai 2012
Réalisé par John Madden
Avec Judi Dench, Tom Wilkinson, Maggie Smith
L’Angleterre n’est plus faite pour les seniors, même la retraite se délocalise ! Plusieurs retraités britanniques coupent toutes leurs attaches et partent s’établir en Inde, dans ce qu’ils croient être un palace au meilleur prix. Bien moins luxueux que la publicité ne le laissait entendre, cet hôtel délabré au charme indéfinissable va bouleverser leurs vies de façon inattendue.

 

Chez CloneWeb, on a l’habitude de parler de gros blockbusters blindés de brouzoufs comme de films de genre ou petites perles qui méritent qu’on s’y attarde. Toujours est-il que la plupart des films dont il est question s’adresse à un public large, malgré certaines exceptions risquant d’ennuyer ou de perturber certaines tranches d’âge.
Autant dire avec Indian Palace, titre français et simplifié de The Best Exotic Marigold Hotel, on a à faire pour la première fois à une œuvre assez particulière puisque le nouveau film de John Madden est… Comment dire ? Un film de vieux.

L’appellation peut paraître quelque peu irrespectueuse ou barbare, et si il serait plus judicieux de parler de personnes âgées pour éviter de se mettre à dos qui que ce soit, force est de constater que cet Indian Palace sent fortement la naphtaline.
Et pour cause, puisque l’on y voit différents anglais d’un âge plutôt mûr et qui ont décrétés qu’il n’était pas encore l’heure de passer l’arme à gauche.
Pour se faire, ils vont vivre une aventure pour le moins rocambolesque en choisissant de partir en Inde dans une nouvelle maison de retraite dont la brochure promet monts et merveilles, annonçant un palace indien luxueux à souhait avec tout le confort et l’évasion nécessaire pour s’assurer une fin de vie doigts de pieds en éventails.
Plus de petits enfants véreux courant après leur héritage, au revoir le temps maussade caractéristique de cette bonne vieille Angleterre et bienvenue l’exotisme indien.
Evidemment, le palace en question ne va pas être aussi bien pourvu que sur son annonce et les nouveaux arrivants vont devoir s’adapter à un train de vie radicalement différent du leur. Quoi d’étonnant en même temps, vu que l’établissement en semi ruines est tenu par Dev Patel, l’acteur boulet de Slumdog Millionnaire qui n’a plus vraiment de compte en banque, à défaut d’avoir garder sa tête à claques.

On peut voir cet hôtel exotique de deux manières : soit on le regarde en tant que tel, se promettant 2 heures d’ennui poli avec un manque d’attaches et de liens quasi intégrale.
On peut aussi le voir pour ce qu’il est et en se mettant à la place du public auquel il s’adresse, les seniors. Evidemment, si on se permet d’avancer un tel propos, c’est avant tout parce que le film est loin d’être un chef d’œuvre et possède une écriture d’une mollesse assez édifiante. A travers le journal de bord du personnage de Judi Dench, nous allons donc voir cette bande de gaillards s’étonner de combien l’Inde est un pays fourmillant d’activité, bruyants et au train de vie bien différent de celui régnant en occident. Non pas que l’évasion soit de mise, puisque certains paysages et décors ne manquent pas d’invoquer une imagerie appelant immédiatement à l’évasion, mais aller au cinéma pour les questionnements surpris de Madame sur la nourriture indienne ou leur moyen de locomotion n’a pas un très grand intérêt.
Aussi la spectatrice assidue de soap opéra ne ratant pas un seul épisode de Plus Belle la Vie ou Amours, Gloire et Beauté en aura pour son argent puisqu’elle pourra suivre la passionnante vie du gaillard interprété par Dev Patel, devant gérer avec un hôtel sur le déclin et un budget extra light tout en essayant de passer outre les coutumes castratrices de sa famille avec la bien aimée de son cœur venant perturber les plans de sa mère.
Vous pourrez ainsi jubiler en voyant l’occident triomphant faisant la leçon aux Indiens en leur expliquant que l’Amour passe avant leurs considérations économiques et matérielles, comme si ils avaient besoin de nous pour vivre.
La morale est sauve, le public des maison de retraites diverti comme il l’aime.
Tout ça serait presque devenu morose, et on était à deux doigts de se faire désespérément suer, quand soudain…

Là où The Best Exotic Marigold Hotel est étonnant, c’est quand il décide de prendre le taureau par les cornes et de bousculer papi et mami pour parler de sujets tabous, particulièrement pour les générations passées. D’abord, et c’est une excellente chose, jamais le film tombe dans la fatalité, comme le démontre le parcours de plusieurs personnages qui vont s’accorder une deuxième chance et démarrer de nouvelles relations amoureuses malgré les quelques décennies qu’ils ont dans les pattes.
Ramener les questions de la séduction et de la sexualité à un âge où l’on considère ça d’habitude perdu, voilà une chose qu’on n’était pas forcément en droit d’attendre du film qui traite ces thématiques avec une pudeur et une franchise plutôt salutaires et avec une pointe d’humour bien venu. Appelant à l’ouverture des esprits, le long métrage explique simplement une chose que beaucoup de sexagénaires et autres ont bien du mal à se dire : tant qu’on est vivant, il est de notre devoir de profiter de la vie et de ce qu’elle nous offre. Ca peut paraître con comme ça, mais le rappel ne fera pas de mal à un public qui n’est pas seulement brossé dans le sens du poil, notamment dans une autre intrigue qui s’avère de très loin la plus touchante puisqu’elle parle d’un homosexuel refoulé par la société qui a vécu toute sa vie en cachant son orientation sous la pression sociale tout en faisant preuve d’amour pour sa femme désormais défunte. La chose ne manque pas d’interloquer les confrères du personnage et on ne doutera pas une seule seconde qu’il en sera de même pour un bon nombre de spectateurs, tout en saluant la démarche et cette strate scénaristique qui montre que parfois les idées reçues de beaucoup empêchent certains de vivre la vie comme ils l’entendent, sans pour autant gêner qui que ce soit. Un choc des cultures qui n’est donc pas forcément celui qu’on attendait le plus au tournant, mais qui s’avère être de très loin le plus pertinent.

The Best Exotic Marigold Hotel est un peu à l’image de son titre français Indian Palace : plus simple à mémoriser pour le public concerné, mais ne manquant pas de cacher quelques subtilités. Si l’histoire en elle même et les mécaniques humoristiques du film en laisseront plus d’un perplexe, on ne peut que saluer le courage avec lequel certains sujets sensibles sont traités, en espérant que le destinataire visé ait vent de la chose.
Pour les autres, cela reste un film de vieux, fait par des vieux et pour des vieux, mais pour une fois que vous pouvez emmener vos aïeuls au cinéma en étant sûrs qu’ils plus soient concernés que devant leurs téléfilms du dimanche, c’est l’occasion de se faire bien voir.

Voir les commentairesFermer

1 commentaire

Laisser un commentaire